Le non-sens d’un changement d’entraîneur

John van den Brom n’a-t-il pas parfaitement formulé le déclin international d’Anderlecht, après la cruelle défaite 0-5 essuyée face au Paris Saint-Germain ? L’entraîneur a estimé que les Mauves n’avaient rien à faire à ce niveau. Un constat justifié. Les dirigeants se voilent souvent la face et fin août, après le tirage au sort de la Ligue des Champions à Monaco, ils évoquent déjà le tour suivant. Depuis des années, la réalité démontre que les normes ont changé. Anderlecht ne cesse de recevoir une leçon de technique et d’efficacité. Il est balayé dès que le rythme s’accélère.

Le gouffre qui sépare l’élite internationale des autres ne cesse de s’agrandir. Par exemple, la semaine dernière, le Bayern, tenant du trophée, a affronté Viktoria Plzen. Son budget est le centuple de celui du champion de Tchéquie : 400 millions d’euros contre 4 millions. La Ligue des Champions génère des sommes énormes et bétonne le budget des clubs qui cherchent à grimper les échelons. Du coup, les matches et les résultats du premier tour sont prévisibles. Des clubs comme Anderlecht servent tout au plus d’emballage et risquent de devenir les bouffons de cette compétition, pour reprendre les termes du Frankfurter Allgemeine Zeitung, un quotidien allemand de qualité. On pourrait écrire les scénarios à l’avance, ce sont toujours les mêmes qui occupent les rôles principaux. Anderlecht n’aura plus qu’un rôle de figurant dans le bal des champions, à l’avenir. Les clubs qui participent à l’Europa League, hormis le RC Genk, sombrent également dans la médiocrité.

Les succès des Diables Rouges faussent l’image du football belge. Ils doivent leur qualification pour le Mondial brésilien au seul développement des internationaux à l’étranger. Ils y profitent d’un niveau supérieur et d’une plus grande intensité d’entraînement. Une équipe nationale constituée de joueurs actifs en Belgique serait à peine plus performante que Chypre.

Anderlecht ne conserve un certain statut que dans son championnat mais les tempêtes qui ont secoué le Parc Astrid ces dernières semaines ont fait des dégâts. John van den Brom remanie régulièrement son équipe, comme on l’a encore vu dimanche à l’occasion du match contre le Standard. Le Néerlandais, qui cherche désespérément une recette, a du mal à conserver pied sous la pression qui l’écrase.

Dimanche, John van den Brom paraissait avoir sauvé sa peau mais que va-t-il se passer maintenant ? Pendant trente minutes, les Mauves n’ont pas trouvé la moindre parade contre un Standard en infériorité numérique. Quel triste aveu d’impuissance dans un match d’un niveau dramatique, y compris pour les Rouches ! On dirait que ces matches sont le prolongement des joutes européennes. Cela doit faire réfléchir. Croire qu’on peut tout résoudre en changeant d’entraîneur est un non-sens. Mons reste confronté aux mêmes maux sous la direction de Cedomir Janevski et Mircea Rednic ne parvient pas à insuffler un élan nouveau à Gand. Rien ne change non plus au Club Bruges.

Un bon mois après son recrutement, la main de Michel Preud’homme n’est toujours pas perceptible dans la Venise du Nord. Deux victoires acquises de justesse, une raclée à Courtrai et une nouvelle défaite contre le RC Genk. Dimanche, les Bleu et Noir ne se sont créé leur première réelle occasion qu’à la 78′, face au solide bloc formé par les Limbourgeois. Avant, ce n’ont été que mauvais choix. Les Brugeois ont trop porté le ballon, ils n’ont pas été menaçants, ils n’ont même pas trouvé leur rythme. Surtout, l’époque où le Club Bruges parvenait à redresser une situation grâce à son caractère semble révolue. Il n’y a plus de battants, de vainqueurs dans cette équipe. Celui qui a formé ce groupe doit se remettre en question.

Durant la campagne de transferts de janvier, il y aura certainement d’autres achats, de nouvelles tentatives de combler les brèches. Mais la question est la suivante : que veut le Club Bruges ? Quelle sorte de football veut-il développer, de quels éléments l’équipe a-t-elle besoin, quels sont ses objectifs ? Le Club peut difficilement rester dans son tsunami de changements. Un jour, quelqu’un devra se lever et montrer la voie à suivre. La bonne voie.

PAR JACQUES SYS

Anderlecht ne cesse de recevoir une leçon de technique et d’efficacité.

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