Le mur, mais des lamentations !

Bernard Jeunejean

Je fouille depuis une bonne heure dans ma grosse manne de coupures de presse et autres griffonnages footeux à classer : en vain et c’est ma faute, rien ne sert de garder au cas où, si c’est pour laisser ce qu’on garde s’amonceler en bordel fou ! Mais je n’arrive pas à remettre la main sur une statistique que je jurerais avoir mise un jour dans ce bazar. C’était une belle grosse stat d’il y a cinq ans ou plus, venue je crois d’un morceau de championnat de France, donnant le pourcentage de buts sur phases arrêtées, mais qui avait la particularité de disséquer à fond en sous-catégories : buts sur coup de coin, coup franc ou divers (coup de pied de but, rentrée en touche…). Et surtout, elle sous-disséquait ensuite : les buts sur corner étaient différenciés selon qu’ils rentraient dedans directement (en séparant tête ou pied) ou indirectement (en distinguant remise de la tête par un partenaire, ou mauvais renvoi adverse) ; les coups francs étaient évidemment indirects (auquel cas on retrouvait la subdivision des coups de coin) ou directs.

Je voulais retrouver les chiffres concernant ces derniers : le nombre de coups francs tentés directement était cité avec son pourcentage (somme toute limité) de réussites. Mais le plus intéressant est qu’on y séparait les coups francs convertis proprement (le ballon secoue les filets en n’ayant rien touché, sinon l’intérieur du cadre voire le gardien) et les coups francs convertis chancesement (le ballon est dévié par un quelconque morceau de corps sur la trajectoire). Et ce qui m’avait frappé, c’est que les seconds étaient plus nombreux que les premiers : il y avait davantage de coups de bol et de boums aveugles, que de jolies lucarnes suite à courbes habiles ! Depuis ce jour-là, moi qui trouvais déjà que les coups de coin étaient de très laides choses footballistiques immorales et chanceuses, je me suis mis aussi à la trouver saumâtre lors des coups francs directs…

J’ai repensé à cela en admirant la semaine dernière dans notre Sport Foot Mag la belle grande photo du mur blauw en zwart ci-dessous, prise lors du derby brugeois au moment même ou Harold Meyssen frappe son coup franc. C’est grotesque, c’est plein de trous, c’est tout sauf un mur ! C’est un mur de professionnels et c’est n’importe quoi ! Et rétrospectivement, ce qui pourrait me faire rire jusqu’à pipi/culotte, c’est repenser que 30 secondes plus tôt, comme tous les gardiens en pareil cas, Tomislav Butina a déployé l’habituel cinéma du placement de mur scientifique : hurlant sur tel défenseur inattentif à ses ordres, frétillant du bout de la main en fermant en £il pour mieux cimenter au millimètre près ! Tout ça pour ça, quel cirque en fin de compte ! Les uns sautent, d’autres pas, ouvertures en haut, ouvertures partout, ouvertures en bas ! Comme dirait mon neveu, y’a des trous dans les lacunes !

Pour un Juninho exceptionnel et confirmant la règle, que de ricochets bêtes, que de couillonnades ! Et pour une claquette sublime de gardien voltigeur, que de keepers à vue masquée restant vissés au sol, plus aveugles que des cyclopes borgnes ! Parlons franc. Si, d’une part, en bourrant six joueurs qui font n’importe quoi comme sur cette photo, tu as autant de chances d’éviter un but qu’avec un p’tit mur bien propre de trois ou quatre joueurs qui permettrait à ton gardien de garder vue sur le ballon ; et si, d’autre part, en frappant du plus fort que tu peux et en fermant les yeux, tu as autant de chances de la mettre au fond qu’en tentant quelque chose d’habile et d’intelligent,… tu te rapproches forcément d’un sport à la con. Et nous nous en rapprochons. J’arrête de geindre, sinon je vais finir par faire un autre mur. Celui de mon titre…l

bernard jeunejean

POUR UN JUNINHO EXCEPTIONNEL ET CONFIRMANT LA RÈGLE, QUE DE RICOCHETS BÊTES !

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