LE MUR DE BERLIN EST TOUJOURS LÀ

Ça claque, ça jaillit, ça séduit, c’est excitant, voire bandant. Un vrai aphrodisiaque d’amoureux déçu par l’ode à la possession. Eux ils sont possédés. La partie angélique du diable a élu domicile à Leicester. Dans les tripes, les neurones et les gènes de cette bande de fous furieux. Sorte d’Evangélistes endiablés au service de la foi. Un seul évangile : on joue, on gagne et on s’en va. Un veni vidi vici sauce anglaise.

Tout ceci avec la bénédiction du Ressuscité St Claudio. Ranieri le miraculé. Après sa crise grecque, place aux dividendes british.

Et puis, il y a Speedy Vardy, un vrai punk. Magnifique. Ciselé comme un accord de Mick Jones, charismatique comme un cri de Joe Strummer, percutant comme un contretemps de Topper Headon. Clash garanti. La vie, la révolte. En fait, ce mec a réinventé la simplicité du N°9. Je cours, je tire, je marque. Les contres de Leicester, c’est trois accords majeurs. Pas plus. Mais avec un gros plus. La déferlante algérienne, Riyad Mahrez. Un vrai raz-de-marée. Mahrez-Vardy, chacun est impliqué dans 16 buts de leur club. Un passage obligé donc pour cette équipe dont le surnom n’est autre que The foxes. Terrain de chasse parfait pour ces deux renards de grandes surfaces.

On verra si ça va durer. En ce mois de décembre et au 2e tour, ils vont passer du vent dans le dos à celui de face. C’est maintenant qu’on va se rendre compte si cette équipe est bien plus que celle de deux extraterrestres. Vardy, Mahrez éphémère émerveillement ou pas ? On verra. L’autre surnom de Leicester c’est  » Blue Army « . Ça lui colle aussi merveilleusement à la peau. Car cette équipe est un vrai collectif. Collectif dans lequel il y a un qui fait dans le durable : Robert Huth. Un colosse allemand qui détruit tout sur les pelouses anglaises depuis 14 saisons. Un destin qui colle bien à celui qui, lors de ses années à Stoke, était surnommé le  » Mur de Berlin « . Sa ville de naissance est dans l’histoire à jamais. Lui vient d’y entrer en étant le joueur allemand à avoir disputé le plus de rencontres en Premier League. 269, dépassant Dietmar Hamman, l’un des héros de Liverpool un soir de mai 2005 du côté d’Istanbul.

269 matchs dans le championnat le plus regardé au monde et pourtant on a l’impression que l’on doit encore le présenter, Robert Huth. Discret dans l’omniprésence. Un peu à l’image des Allemands en Premier League. Ils y sont tellement rares. Huit actuellement dont seulement cinq font les unes. Huth, Özil,Mertesacker, Schweinsteiger et Can.

Pourquoi si peu alors que l’argent et le prestige coulent à flots in the UK ? Peut-être parce que les meilleurs préfèrent le Bayern. Là où coule aussi l’argent mais surtout les belles conquêtes européennes. Peut-être parce que quitte à partir, autant aller au soleil. Il y a aussi les deux mois de trêve qui permettent d’être frais au moment où la Mannschaft conquiert le monde.

Depuis sa création en 1992, ils sont seulement 42 à avoir rejoint la Premier League.

Le dernier en date ? L’icône de la formation allemande qui mène à la consécration. Et pourtant on se dit que si le classieux Schweini est à Manchester, c’est peut-être aussi parce qu’il fallait un Allemand dans l’équipe la plus populaire au monde au moment où celle-ci passait sous pavillon Adidas. Comme Ballack en 2006 à Chelsea. Billard à trois bandes. Argent, marketing et accessoirement rendement sportif.

Ce qui n’empêche que plus que jamais le foot anglais enrichit la Bundesliga. En n’y achetant pas du  » Made in Germany  » mais par exemple un Kevin De Bruyne. En fait la Premier League nourrit le foot à travers le monde. Et donc la formation de futures stars. La £ nourricière aide à faire grandir avant de, comble du comble, en remettre une liasse pour les acheter. Et le fossé de se creuser encore plus. Plus de place pour les jeunes (non formés) anglais. Plus de place pour l’équipe à la Rose dans les palmarès internationaux. L’argent, c’est les autres.

PAR FREDERIC WASEIGE

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