Le Mondial des clubs a-t-il un sens ?

Question : quel est l’enjeu, en ce 10 décembre, du match Moghreb Athletic de Tétouan – Auckland City FC ? Réponse : ces équipes du Maroc et de Nouvelle- Zélande se disputent une place en quarts de finale du Mondial des clubs, une compétition à laquelle vont ensuite se joindre le Real Madrid, Cruz Azul (MEX), San Lorenzo (ARG), l’ES Sétif (ALG) et les Western Sidney Wanderers (AUS). Faut-il préciser que le Real est favori à la succession du Bayern ? Et ne vous moquez pas trop du champion du Maroc : l’année dernière, le Raja Casablanca a disputé la finale contre les Bavarois.

C’est la seconde fois que le Maroc accueille le successeur de la Coupe intercontinentale. Jadis, c’était une épreuve prestigieuse, opposant le vainqueur de la Ligue des Champions à celui de la Copa Libertadores. L’équipe victorieuse était sacrée championne du monde, alors que les formations d’Amérique centrale, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie étaient exclues de la compétition. En 2000, la FIFA a donc mis sur pied un tournoi à huit pays, organisé par le Brésil et remporté par les Corinthians.

L’édition suivante devait être organisée en Espagne mais a été annulée suite à la faillite d’ISL, la machine à marketing. A partir de 2005, le tournoi a ressuscité, au Japon, sponsorisé par Toyota. Depuis 2009, l’organisation change tous les deux ans : après les Emirats arabes unis, l’épreuve est retournée au Japon puis a été attribuée au Maroc. Les deux prochaines années, le Japon et l’Inde sont candidats tandis que le Brésil, le Japon et les Emirats se disputent les éditions 2017 et 2018.

Vous le remarquez : l’Europe ne s’intéresse guère à ce tournoi d’exhibition dont la finale a toujours opposé l’Europe à l’Amérique latine, à deux exceptions : l’année dernière avec les Marocains et en 2010, avec le TP Mazembé, vainqueur de la Ligue des Champions africaine. Ce Mondial rapporte 4 millions d’euros et une certaine renommée à son vainqueur mais quand les clubs anglais figuraient encore parmi les meilleurs de notre continent, ils se plaignaient du long déplacement imposé en décembre, un mois chargé. Les clubs espagnols le considèrent comme une opération de marketing, les Sud-Américains apprécient son prestige. Les autres apprécient tout simplement de pouvoir jouer contre Ronaldo et Cie.

Cette année, le Maroc apporte un piment supplémentaire à l’épreuve : il a refusé d’organiser la Coupe d’Afrique des Nations en janvier, par peur du virus Ebola, mais accepte la tenue de ce tournoi. Le Maroc a déjà tenté à quatre reprises, en vain, d’organiser la vraie Coupe du Monde. Il a déposé sa candidature pour 2026 mais il l’a compromise en refusant in extremis d’organiser la CAN. Les dirigeants de la CAF, pendant africain de l’UEFA, dont le siège est situé au Caire, en Egypte, sont furieux d’avoir dû se rabattre sur la Guinée équatoriale, un petit poucet du continent. L’Afrique subsaharienne voit dans cette attitude une agression de l’Afrique du Nord. Quant à l’assemblée des pays d’Afrique du Sud, elle a d’ores et déjà annoncé qu’elle boycotterait le Mondial des clubs. Ambiance !

PAR PETER T’KINT

Le Maroc a refusé la CAN par peur du virus Ebola mais accepte la tenue de ce tournoi.

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