Le MONDIAL 2018 EN BELGIQUE ? Ah bon ?

C’est l’histoire d’un p’tit Suisse qui s’offre un minitrip dans un autre pays du fromage : Sepp Blatter prend l’avion pour Amsterdam. Le président de la FIFA, curieux, achète un canard au premier kiosque. Et, surprise : ce journal annonce que les Pays-Bas et la Belgique voudraient organiser le Mondial 2018 ! Il croit à une bonne blague, vu que la fédé mondiale a déjà fait savoir qu’elle n’envisageait plus d’organisation conjointe. Puis, il se ravise : -Pourquoi pas, finalement ? Ils ont quand même brillamment relevé le défi de l’EURO 2000.

Alors, Blatter décide de passer la frontière. Il prend notre calendrier de D1 et y repère, pour le week-end, quelques matches phares : Standard-La Louvière, Anderlecht-Charleroi, même un Bruges-Brussels où on est curieux de voir à quelle sauce les petits derniers vont se faire croquer par les ogres leaders. Mais… patatras ! Le jeudi, la fédé annonce qu’on ne jouera nulle part en Belgique. Ah bon ? Alors que presque tous les matches programmés aux Pays-Bas, en Allemagne et en France sont maintenus ? Y aurait-il un microclimat au-dessus de nos têtes ?

Blatter estime que ce n’est pas très sérieux, enfin soit. L’idée lui vient alors de prendre le pouls des Diables. Il empoigne le classement de notre groupe et n’en croit pas ses yeux : un point en trois matches dans une poule où l’Espagne est le seul épouvantail ? Il se dit : -Ça va aller, les Belges ont sûrement nommé un nouveau coach et l’électrochoc va suivre. Un coup de fil à un Missel D’Hooghe qu’il connaît si bien, et il apprend avec stupéfaction que, chez nous, on ne change pas un fédéral qui perd. Ah bon ?

D’Hooghe lui avoue aussi que les amateurs belges de foot en ont ras-le-bol de découvrir chaque lundi un classement de D1 tronqué. Blatter avait vaguement entendu parler d’un litige portant sur un match d’août 2004 : Gand-Beerschot. Il pensait entre-temps que tout avait été réglé, mais non : le verdict de ce match n’est pas encore 100 % définitif. Il se dit : -Au fait, et ce fameux ballon crevé dans Anderlecht-La Louvière ? Encore un peu de patience, Monsieur le Président : si tout va bien, le replay de ce match du premier tour pourra avoir lieu avant le match du deuxième tour entre ces deux clubs. Ah bon ?

Et cette affaire de corruption présumée au passif de Charleroi ? Blatter est sûr qu’on n’en parle plus, vu que les faits remontent aux premiers mois de 2004. Aïe aïe aïe, mais non Seppi,  » les enquêteurs poursuivent leur travail « . Donc, on lui avait menti. Lui qui pensait que, depuis la réforme de notre justice, l’arriéré judiciaire n’était plus qu’un leurre chez nous. Ah bon ?

Blatter se dit alors : -Tant pis, puisque le ballon ne roule pas ce week-end en Belgique, je vais aller faire un tour au centre fédéral de Tubize. On m’a autrefois juré que les bénéfices de l’EURO 2000 allaient servir à y construire un outil magnifique. Une fois sur place, il ne voit que des terrains vagues slalomant entre les cheminées de Clabecq. Il se renseigne, pour apprendre avec horreur qu’on attend toujours la pose de la première pierre. Ah bon ? Congés d’intempéries, comme dans le foot belge ?

Découragé, il décide d’aller faire un petit coucou à Marc Wilmots. Après tout, il lui doit bien ça : si l’arbitre de Belgique-Brésil s’est emmêlé les pinceaux au Mondial 2002, la FIFA peut se sentir non pas coupable, mais responsable. Blatter file sur St-Trond : on lui a dit que Willie s’était risqué à un dangereux cumul sénateur/entraîneur/manager à l’anglaise. Au Staaien, on lui explique que l’ex-capitaine des Diables a vu trop grand, s’est planté et n’est aujourd’hui plus que simple sénateur. Le Suisse part donc au parlement où il en apprend une belle : Wilmots envisage de quitter son fauteuil mais on va l’y visser car son parti n’a plus le moindre suppléant pour prendre sa place. Sénateur par obligation, c’est encore une bien bonne histoire belge.

Blatter en a marre. Il passe le Rhin mais plonge dans une réalité guère plus joyeuse : le foot allemand, truqué par la mafia, vit une des périodes les plus sombres de son histoire. Mais en 2006, c’est le Mondial là-bas ! Le Suisse se retire alors sous une tente à Munich, commande une bonne grande chope et réfléchit : -Au bout du compte, est-ce que la Belgique est si mal barrée que ça quand elle parle d’organiser une Coupe du Monde ?

Pourquoi pas ? Faut-il dépenser 25 millions pour faire acte de candidature ? Ce n’est peut-être pas fou, mais ce serait sympa de balayer les détritus qui salissent notre foot avant de voir aussi grand.

par Pierre Danvoye

On joue en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, mais pas en Belgique : MICROCLIMAT ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire