Le monde est un village

Quand il prononce le nom d’une cité balnéaire marocaine, Mirleft, le visage de Didier Quain, 53 ans, s’illumine comme lors des grandes soirées européennes d’autrefois à Rocourt. Mirleft, c’est le Saint-Tropez du Maroc, une merveille plantée aux portes du Sahara, à 45 minutes de route d’Agadir et deux heures d’avion de l’Europe. La vie y est agréable, bon marché, avec en prime une température moyenne de 25 degrés.  » Pour ma femme et moi, c’est une espèce de paradis sur terre « , raconte l’ancien médian défensif de l’US Tournai, Courtrai, RFC Liège et Seraing.

 » Nous avons eu le coup de foudre pour Mirleft. A force d’y séjourner, nous avons imaginé un projet qui prend forme. Il y a d’abord eu l’achat d’une demeure que nous transformerons en maison d’hôtes. Puis nous passerons probablement de plus en plus de temps là-bas, où nous montrerons les richesses et beautés de Mirleft à nos visiteurs : plages, montagnes, gastronomie, etc… La vie est courte pour ne pas en profiter.  »

C’est un grand bosseur qui dit cela : sa force de travailleur au service du collectif a sans cesse été appréciée tout au long de ses 444 matches disputés en D1, de 1980 à 1996. A l’heure de l’après-carrière sportive, il n’y a pas eu de problèmes pour lui.  » Ma femme est photographe. Elle a son magasin à Hoepertingen, un des villages de Borgloon, près de Tongres. Foto Vision est notamment connu dans les milieux du football. Nous photographions chaque année entre 2.000 et 3.000 équipes de jeunes aux quatre coins du pays.  »

Quain n’en resta pas là. Un jour, une cliente de son épouse lui signala que son mari était sur le point de prendre sa retraite.  » Le brave homme était transporteur indépendant pour une société de travaux très connue, Krinkels « , se souvient-il.  » J’avais mon permis de conduire pour les poids lourds, j’ai repris son affaire et je me suis retrouvé sur la route au volant d’un 16 tonnes. Je me lève très tôt le matin, avant cinq heures, pour que les ouvriers disposent des matériaux nécessaires dès leur arrivée sur les chantiers.

Quand c’est nécessaire, je leur donne un coup de main. Le monde ouvrier est remarquable, solidaire et, surtout, très courageux. Ces travailleurs affrontent tous les temps, bossent dur, ne sont jamais malades. Pourtant, ce sont les premières victimes de la crise et de la mondialisation. Il y a des chantiers où je n’entends plus un mot de néerlandais ou de français : c’est étrange. Le monde est vraiment devenu un village.  »

Ex-entraîneur de Visé, du RTFCL ou de Hannut, entre autres, Quain a tourné cette page. Il assuma durant des années des missions de scouting pour le compte de l’Union Belge. La Maison de Verre vient de mettre un terme à cette collaboration via un courrier sans âme, vide de toute explication. Cela a peiné Quain, trop fier pour se plaindre. On lui parle encore de football :  » Oui mais moins souvent qu’avant. Courtrai m’a repéré à Tournai au cours d’un match où Claude Carbonnelle était au centre de leurs attentions. J’ai pris le chemin de Courtrai avec Carbonnelle qui souligna mes qualités auprès des dirigeants du club flandrien. Je lui dois beaucoup.

En 1986, j’ai repoussé les offres du Club Bruges et surtout du Standard. C’était le bon choix car j’ai vécu des moments superbes à Rocourt sous la direction de Robert Waseige : des qualifications européennes, la victoire en finale de la Coupe de Belgique 90, le succès à Benfica, etc.  » Plus tard, il aura beaucoup de souvenirs liégeois à confier aux amis de passage dans sa maison d’hôtes à Mirleft.

PAR PIERRE BILIC

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