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Le mercato à rallonge de Louis Verstraete

L’hiver de l’ancien Buffalo devenu Ostendais en passant par Anvers et en faisant demi-tour à Charleroi en rêvant d’un retour à Waasland-Beveren, donne le tournis. Et résume bien les maux d’un foot belge gangrené par les jeux de pouvoirs entre agents.

Si vous ne savez pas quoi offrir à Louis Verstraete pour son futur anniversaire – il fêtera ses 21 ans le 4 mai prochain – optez peut-être pour une boussole. Cela permettra au moins au jeune Gantois de mieux comprendre le pays dans lequel il vit. Un pays de fou qui relie désormais Gand à Ostende en passant par Anvers.

Prêté à Ostende, après avoir fait détour par l’Antwerp, l’ancien Buffalo Louis Verstraete en est sa dernière victime. Début janvier, il semblait pourtant acquis pour tous que ce pur produit du centre de formation des Buffalos irait poursuivre son apprentissage du côté de Charleroi.

Mehdi Bayat en avait même fait une priorité de son mercato. Et pour cause, jeune, Belge, milieu relayeur avec de la taille et néo-international espoir, Louis Verstraete cochait toutes les cases pour être le remplaçant idéal et poste pour poste du malheureux Christophe Diandy.

Ciblé par les Carolos, Verstraete est aussi vu dans le Pays Noir comme le successeur tout désigné de Marco Ilaimaharitra, un jour ou l’autre promis à des cieux plus rémunérateurs. Une deuxième bonne raison pour Mehdi Bayat d’activer la seconde. Et de tout faire pour conclure le deal avant le départ en stage pour l’Espagne et El Saler.

Quand il ne veut pas inutilement faire traîner les tractations, l’administrateur-délégué du Sporting Charleroi a souvent la même idée. Un plan réputé infaillible qui consiste à mandater son frère, Mogi, pour ficeler les dossiers, réputés épineux, en un temps record.

Aussi proche de Michel Louwagie, l’agent le plus décrié du marché, n’est pas du genre à trahir sa réputation. En une heure dans les bureaux gantois de Louwagie et d’ Ivan De Witte, l’affaire est bouclée et la transaction estimée à 750.000 euros. Le mercato 2020 n’a toujours pas ouvert ses portes que Louis Verstraete connaît déjà le nom de son futur employeur. Mais le connaît-il vraiment ? Pas sûr.

Pour le convaincre d’aller dans le sens du vent, on fait donc appel au premier concerné qu’est Karim Belhocine. L’entraîneur carolo joue de son charme et trouve les mots justes, par téléphone, pour convaincre celui qu’il croit encore être son futur joueur.

Dans la foulée, les pourparlers contractuels s’achèvent entre Bob Claes, représentant des intérêts du joueur pour la société Let’s Play, et Mehdi Bayat et le Sporting Charleroi. La fumée blanche n’a jamais été aussi proche que ce soir de début janvier au moment où les deux hommes se saluent.

Pour la bénédiction, il faudra repasser plus tard. En stage près de Valence, les Carolos s’étonnent de ne plus avoir de nouvelles. Un coup de fil d’Ivan De Witte, le président gantois, éclaircit la situation. Le contrat négocié en amont ne tient plus, le joueur voudrait jusqu’à 30 % en plus. En interne, à Charleroi, on évoque alors la possibilité que le clan Verstraete ait été vexé d’avoir été snobé par Charleroi pour la négociation initiale du transfert.

Comme quoi, il y a encore en Belgique des agents surpris d’avoir été doublés par Mogi Bayat dans la gestion d’un deal. Ou des joueurs qui se rebiffent contre des scénarios écrit à l’avance. Des précédents existent d’ailleurs. On se souvient ici du transfert avorté de Clinton Mata vers Anderlecht à l’été 2017 dans des circonstances analogues.

Faute de mieux, et d’un transfert définitif à Waasland-Beveren, où il avait déjà été prêté de janvier 2018 à juin 2019 et si proche de signer le 31 août dernier, Louis Verstraete atterrira finalement à l’Antwerp. Tout heureux de se voir proposer dans le money time du mercato un joueur qu’il n’avait pas demandé et dont il n’avait pas besoin, le Great Old en a profité pour avancer sa cure de rajeunissement avant de prêter son nouveau renfort à Ostende, premier des sans grade à s’être positionné sur cette solde imprévue.

Le joueur, lui, serait resté de marbre. Pas encore 21 ans, mais déjà aguerri aux rites d’un milieu où le principal intéressé est aussi parfois le dindon de la farce.

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