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Pourquoi Westerlo est-il une des surprises du deuxième tour ?

Avant de s’incliner à Bruges il y a dix jours, Anderlecht avait perdu ses premiers points de la saison en déplacement à Westerlo. Pas étonnant, avant de recevoir le Club Bruges le week-end dernier, l’équipe de Jan Ceulemans n’avait perdu qu’une fois au Kuipke, face au retors Mons de Sergio Brio.

Le médian Chris Janssens, l’attaquant David Paas, le coach Jan Ceulemans et le manager Herman Wijnants expliquent pourquoi Westerlo est bien classé.

Chris Janssens : J’ai joué pour d’autres équipes mais ici, je suis toujours détendu. Je me rends à l’entraînement avec plaisir. Nous travaillons sérieusement mais nous rigolons tous les jours. Nous ne sommes jamais à l’abri d’une farce. Ainsi, vous lisez tranquillement le journal aux toilettes et ils vous jettent un seau d’eau. Toni Brogno passe son temps à la table de ping-pong mais parfois, on l’oublie et paf, on reçoit la balle sur la tête. Il faut rester vigilant car tout peut arriver. C’est toujours comique. Parfois, ils enduisent votre slip de cette pommade qui chauffe… Quand je rentre à la maison, ma femme me demande toujours ce qui s’est passé. Ça nous fait du bien : sur le terrain, nous formons un bloc.

David Paas : Pour commencer, il y a encore beaucoup de Belges ici et peu de personnalités marginales. Nous avons la même mentalité. Il y a peu de pression, ce qui est important. On sent, à tout, que l’objectif premier est de se maintenir. Quand ce but est rapidement atteint, tout le monde est détendu, du manager à ceux qui nettoient les vestiaires. Manquons-nous d’ambition ? En interne, nous nourrissons de plus hautes aspirations mais il faut être réaliste : nous travaillons à une échelle réduite, l’équipe n’a pas de tradition. Il faut progresser par étapes. Nous pensons, agissons normalement, c’est déjà bien assez. Tout le monde est conscient de ses limites. Peu d’entre nous veulent rejoindre un grand club, même si certains ont les qualités requises. Le seul inconvénient, c’est que certains ne sont guère mis en évidence, qu’on les sous-estime.

Ceulemans

Jan Ceulemans est là depuis cinq ans. Aucun autre entraîneur en D1 n’est en poste dans son club actuel depuis un tel laps de temps. Il vient de prolonger son contrat de trois ans. Pour certains, il relativise trop les choses, d’autres trouvent qu’il brille par sa simplicité et sa clairvoyance et qu’il peut travailler plus haut.

Herman Wijnants : Nous sommes sur la même longueur d’ondes à 99 %. Le reste prête le flanc à de sérieuses discussions. Parfois, il campe carrément sur son point de vue. Nous pouvions obtenir un joueur de Chelsea qui était encore en équipe fanion en janvier mais il a estimé qu’il avait déjà assez de joueurs de ce type et que ce transfert ne serait pas bon pour les éléments dont il dispose déjà. Il accorde toujours le bénéfice du doute aux footballeurs qui sont là.

Chris Janssens : Aux joueurs, il expose les choses très clairement et nous accorde beaucoup de liberté. Nous devons arriver à dix heures moins quart mais si quelqu’un est en retard, l’entraîneur n’est pas en train d’espionner. Nous nous contrôlons nous-mêmes. C’est possible; c’est à nouveau parce qu’il y a beaucoup de Belges. Attention : il est quand même sévère. Quand ça ne va pas, il intervient. A Gand, nous menions 0-1 mais au repos, il s’est fait entendre car certaines choses ne lui plaisaient pas. Il a aussi un formidable sens tactique. Après quelques minutes, je dois souvent le rejoindre pour des ajustements. Il sait toujours ce qu’il fait.

DavidPaas : Il ne parle pas une demi-heure mais ses mots font mouche. Cette simplicité fait notre force. En semaine, on ne parle pas de l’adversaire, nous nous arrangeons entre nous pour les phases arrêtées. Le groupe a appris à prendre ses responsabilités.

Svoboda

Westerlo a longtemps cherché un médian créatif. Zdenek Svoboda pourrait être cet homme mais il n’a pas achevé sa revalidation. Pourtant, vous vous passez bien de cette position. Pourquoi ?

JanCeulemans : Parce que pour le moment, l’équipe agit en équipe, elle est soudée. Chacun évolue en fonction de ses qualités et par moments, notre football est très bon. Grâce à notre classement, l’équipe est en confiance et réalise des choses qu’elle n’oserait peut-être pas faire autrement. Cependant, nos meilleurs matches ont été les quatre premiers, auxquels Svoboda a participé. Nous avons produit du bon football, même si nous avons pris trop peu de points. Une équipe a besoin d’un joueur qui soit capable de la diriger un tant soit peu. Actuellement, nos adversaires ont peur de Tosin Dosunmu. Non qu’il soit un super attaquant comme je l’entends parfois dire, mais il a des éclairs de génie et l’adversaire n’ose pas le perdre de vue, ce qui soulage notre entrejeu. Ainsi, on nous infiltre beaucoup moins.

ChrisJanssens : Tosin manque parfois de vista mais il a un excellent dribble. N’oubliez pas qu’il y a trois ans, il évoluait en D3. Je pense qu’il fonctionne bien avec Wim Mennes, plus offensif, et moi, qui suis plus défensif. Sans oublier le bon passing de Marc Wagemakers et l’abattage de Jef Delen, qui est capable de courir jusqu’à demain matin ! Par rapport au premier tour, nous tenons plus facilement le nul tout en étant capables de marquer un ou deux buts. Nous pouvons ainsi imposer notre jeu. Tout est plus facile quand on gagne, évidemment. En outre, sauf blessures ou suspensions, l’entraîneur aligne la même équipe. Nous n’avons fait appel qu’à vingt joueurs jusqu’à présent.

DavidPaas : Nous peinons parfois face à des équipes qui, comme Mons, s’enterrent. Dans ce cas, il faut avoir des joueurs capables de surprendre leur adversaire ou de créer des brèches. Les équipes qui jouent laissent automatiquement des espaces et nous n’avons pas à les forcer. Tosin est rapide, il sait réaliser des actions individuelles. Quand il aura acquis plus de vista, Westerlo aura du mal à le conserver.

Raoul De Groote

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