Le meilleur dribbleur suédois

Bruno Govers

Témoignages sur le nouveau flanc droit suédois du Sporting.

En matière de recrutement, le RSCA s’est essentiellement tourné, jusqu’à présent, vers le marché suédois, où il a jeté son dévolu sur deux joueurs. Le premier ne constitue, bien sûr, nullement une inconnue pour ses sympathisants, dans la mesure où il s’agit de good oldPär Zetterberg, ancienne figure emblématique des Mauve et Blanc, de retour au bercail, sous peu, après trois années lucratives en Grèce, à l’Olympiakos. Le deuxième, par contre, Christian Wilhelmsson a un patronyme qui n’offre guère de consonances familières, même si les plus perspicaces se souviendront qu’il faillit s’ériger en bourreau du Sporting, cette saison, au premier tour de la Coupe de l’UEFA, avec Stabaek, en offrant le but de la victoire à Christian Michelsen au match aller (0-1) et en paraphant le seul goal des siens au retour (1-2).

Alors, qui est Christian Wilhelmsson et que vaut-il ? C’est ce que nous avons cherché à savoir en contactant quatre personnes qui ont suivi de près son cheminement : son compatriote Ralf Edström, ancien international suédois, actif au Standard au début des années 80 et suiveur du football dans son pays pour le compte de la radio nationale ; Morten Stokstad, journaliste sportif au quotidien norvégien Verdens Gang ; Marel Baldvinsson, son coéquipier islandais à Stabaek ces deux dernières années et aujourd’hui à Lokeren ainsi que Peter Ressel, le responsable de la cellule de prospection du club du Parc Astrid, spectateur attentif de son évolution dans le même temps.

Peter Ressel :  » Le chaînon manquant  »

 » Détrompez-vous, Anderlecht n’est nullement tombé sous le charme de Christian Wilhelmsson sous prétexte qu’il avait livré contre nous deux prestations d’excellente facture, au premier tour de la Coupe de l’UEFA 2002-03 avec Stabaek. La vérité, c’est que son nom était inscrit en lettres grasses sur nos tablettes depuis plusieurs mois déjà. Et, plus précisément, à dater du printemps 2001. Engagé, pendant cette période, au deuxième tour de la Ligue des Champions, il semblait de plus en plus probable, dès ce moment, que le Sporting éprouverait moult difficultés à conserver les pièces maîtresses de son effectif, d’une saison à l’autre. Et les événements nous donnèrent raison puisqu’au cours de l’été suivant quatre éléments, et non des moindres, émigrèrent sous d’autres cieux : Jan Koller, Tomasz Radzinski, Bart Goor et Didier Dheedene. Pour ne pas être pris au dépourvu en cas de départ, la plupart des membres de la cellule scouting, dont moi-même, avions sillonné l’Europe, à la recherche de solutions de rechange valables. Personnellement, j’avais alors été amené à visionner les Norvégiens de Brann Bergen où évoluait un attaquant susceptible de nous intéresser : Thorstein Helstad. Le hasard faisant souvent bien les choses, c’est justement face à Stabaek que je le vis pour la toute première fois dans ses £uvres. S’il me laissa une impression plutôt mitigée en cette circonstance, il n’en allait pas du tout ainsi pour Christian Wilhelmsson, qui donna plus d’une fois le tournis à son opposant direct tout au long de la rencontre. A partir de là, je l’ai encore suivi à diverses reprises, tout comme Werner Deraeve et Jean Dockx. Avec lui, en ce temps-là, c’était malheureusement tout ou rien : soit il jouait un match d’anthologie, soit il passait complètement à côté de son sujet. Aussi, lors de la campagne des transferts 2001, avions-nous préféré privilégier l’option d’un autre avant, qui présentait l’avantage d’être rompu aux us et coutumes du championnat de Belgique : Ivica Mornar. Dans l’intervalle, il est clairement apparu que le Croate ne présente pas les aptitudes d’un véritable joueur de débordement, mais que ses qualités se situent dans l’axe à l’instar de tous les autres footballeurs qui se sont relayés à droite, qu’il s’agisse d’ Aruna Dindane ou de Sherjill Mc Donald. Après avoir composé avec Stabaek et Christian Wilhelmsson en tout début de saison, lors de notre entrée en matière sur la scène européenne, nous avons évidemment eu tout loisir de mesurer le profit que nous pouvions tirer d’un élément de sa trempe. Avec ses aptitudes, qui font de lui un alter ego de Martin Kolar sur l’aile droite, c’est sûr que nous allons combler une lacune. Christian Wilhelmsson, c’était sans doute le chaînon qui nous aura manqué, la saison passée, pour tendre vers un meilleur équilibre sur le terrain. Avec lui, je suis d’avis que la balance sera autrement meilleure et que le RSCA pourra à nouveau s’éveiller aux plus grandes ambitions « .

Ralf Edström :  » Un Suédois atypique  »

 » Je travestirais la vérité en prétendant que Christian Wilhelmsson a souvent défrayé la chronique sportive chez nous. Mais ce n’est peut-être pas tout à fait étonnant dans la mesure où il s’est essentiellement signalé en Norvège, et à Stabaek en particulier, qu’il a rallié alors qu’il était toujours un teenager. En Suède, il n’aura excipé d’un maigre vécu qu’au sein de Mjällby, modeste pensionnaire de D3. Ce club, d’une petite cité vivant de la pêche, n’a fait qu’une seule fois la une par le passé : à la fin des nineties quand plusieurs jeunes y ont fait fureur au même moment. Parmi eux figuraient Christian Wilhelmsson ainsi qu’un certain Tobias Linderoth, fils de l’ancien international Anders Linderoth. Comme par hasard, celui-ci vaquait à la destinée de Stabaek ces dernières années. Il faut croire qu’il n’avait pas perdu de vue celui qui s’était signalé au côté de son propre rejeton au sein de la jeune classe du club avant d’y effectuer ses premiers pas en équipe fanion. Personnellement, je ne l’ai jamais vu en action à ce niveau. Ce n’est que sous le maillot des moins de 21 ans, dont il a défendu les couleurs à 16 reprises, que la plupart des observateurs l’ont vraiment découvert au pays. A cet égard, Christian Wilhelmsson fait quelque peu figure de footballeur atypique en Suède. Avec lui, on est loin de la rigueur traditionnelle, en ce sens qu’il cultive plus le goût du risque et de l’exploit individuel. Il n’y a pas plus grand dribbleur que lui dans le contexte du football suédois actuel et, par là même, il me fait irrésistiblement penser à un joueur qui a enflammé le public par ses passements de jambes et ses déhanchements à nul autre pareils dans les années 70 : Roger Magnusson. Pour l’heure, Christian Wilhelmsson est encore loin de l’aura de l’ex-attaquant de l’Olympique de Marseille. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il est jeune û 23 ans à peine û et qu’il vient de débuter en sélection A dans le cadre de la Kings Cup en Thaïlande, l’hiver passé. Récemment encore, je me suis entretenu avec Gunder Bengtsson à son propos. Ce monument du football suédois, actif comme coach à Molde, en Norvège, ne tarit pas non plus d’éloges à son égard : à ses yeux, il n’y a pas meilleur joueur de débordement dans toute la Scandinavie que lui. Pour avoir joué au Standard, autrefois, avec un certain Simon Tahamata, je me dis que votre pays, et un club aussi friand de beaux gestes qu’Anderlecht, devraient constituer une étape de choix pour un footballeur de sa trempe « .

Morten Stokstad :  » Le plus populaire en Norvège  »

 » Il avait 19 ans à peine lorsqu’il a débarqué à Stabaek, valeur sûre du football norvégien, en provenance de Mjällby, un club de troisième zone en Suède. Beaucoup s’attendaient, logiquement, à ce que le décalage soit trop conséquent, au départ, pour un joueur de son âge mais Christian Wilhelmsson prit d’emblée tout le monde à contre-pied, au propre comme au figuré, en s’imposant immédiatement comme l’une des figures incontournables de l’équipe. Il ont aussi tôt fait de s’imposer comme la coqueluche du public au stade Nadderud d’abord, puis dans les autres enceintes du pays. L’année passée, il n’y avait pas plus populaire que lui en Norvège, en tout cas. Avec le Finlandais Peter Kopteff, de Viking Stavanger, il fait partie, sur l’aile droite, des joueurs les plus déroutants de l’élite. Certains ont vu toutes les couleurs de l’arc-en-ciel avec ces deux-là. Je songe notamment au back gauche de Rosenborg, Janne Saarinen (international finlandais), qui n’a jamais su sur quel pied danser avec eux. Si Christian Wilhelmsson, pour revenir à lui seul, jouit d’une appréciation flatteuse auprès du public, il ne faut cependant pas en déduire trop vite qu’il était le meilleur joueur actif sur nos terrains la saison passée. S’il est, selon moi, le meilleur étranger du pays devant son compatriote Magnus Powell de Lilleström, j’estime que d’autres lui sont supérieurs. Comme le capitaine actuel de Stabaek, Martin Andersen, par exemple. En réalité, Christian Wilhelmsson ne me paraît pas assez constant à un très haut niveau. Quand il est bon, il est tout simplement intenable. Mais quand il est mauvais, il n’en touche vraiment pas une. Ce déchet explique sans doute pourquoi, à près de 24 ans, il n’a toujours pas fait son trou en équipe nationale. J’espère pour lui qu’Anderlecht l’aidera à franchir ce palier mais j’ai bien peur qu’il ne continue à alterner les hauts et les bas « .

Marel Baldvinsson :  » Il devra s’adapter  »

 » J’ai joué deux ans et demi avec lui. C’est un élément offensif complet, en ce sens qu’il est à la fois capable de délivrer des assists ou de se charger lui-même de la finition. Par rapport à Stabaek, où sa contribution était offensive à 80 %, il devra apprendre à apporter sa petite pierre à l’édifice au plan purement défensif, comme j’en ai fait moi-même l’expérience depuis mon arrivée à Lokeren, l’hiver dernier. Je pense qu’il s’adaptera, même si ce processus risque d’être un peu plus long pour lui que pour moi, vu la valeur du club et la concurrence avec laquelle il aura affaire à Anderlecht. Mais pour peu que le Sporting trouve rapidement une bonne assise sur le terrain, Christian Wilhelmsson devrait lui conférer un plus. C’est un garçon qui ne laisse indifférent ni sur le terrain ni en dehors. Avec ses qualités et son look de Viking, tout porte à penser qu’il épatera la galerie « .

 » Il possède une technique supérieure et est adepte de chevauchées fantastiques le long de la ligne de touche  » (Ralf Edström)

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