LE MEILLEUR D’ENTRE TOUS

A 35 ans bien tassés, Pau Gasol a porté la sélection ibère quasi tout seul vers le 3e titre européen en 4 éditions à l’Espagne. Un tournoi tellement dominé par son talent et sa classe qu’il est désormais perçu comme le meilleur joueur européen de l’histoire.

Champion d’Europe, meilleur joueur du tournoi, meilleur marqueur, 4e meilleur rebondeur… PauGasol a éclaboussé le dernier Eurobasket disputé principalement à Lille, en France. A la tête d’une équipe espagnole diminuée par les absences et les blessures, le Catalan a pris le jeu de son équipe à son compte et a tout détruit sur son passage, peu importe l’adversaire. Que ce soit le puissant Polonais Marcin Gortat, le vieux roublard grec Yoannis Bourousis ou le jeune Français Rudy Gobert, tous ont pris près de 30 points et 10 rebonds, la facture minimum délivrée par Paul début septembre. Une bonne habitude pour lui. A 35 ans, cela fait plusieurs années que le pivot espagnol domine l’Europe et montre également l’étendue de son talent hors des frontières, se constituant l’un des meilleurs palmarès internationaux de l’histoire (voir encadré).

SANS DISCUSSION ?

Une première statistique pour placer le bonhomme et sa place dans le basket européen : la dernière fois que l’Espagne n’était pas dans le top 4 d’un championnat d’Europe, Pau Gasol avait… 17 ans.

Dès la fin de la finale, les mots étaient sur toutes les bouches.  » Pau Gasol est le meilleur joueur du tournoi. Aucune discussion « , pointait son équipier, Rudy Fernandez. Nikola Mirotic, également partenaire aux Chicago Bulls, acquiesçait :  » C’est le meilleur. Il fait un tournoi incroyable « . Son coach Sergio Scariolo allait encore plus loin :  » J’ai coaché l’une des meilleures équipes européennes ayant joué au basket. Je ne dis pas ça parce que c’est l’un de mes joueurs, mais je pense que Pau Gasol est le meilleur joueur européen de l’histoire. Je le pense vraiment « . Le débat est lancé.

Beaucoup de joueurs, actuels comme anciens, peuvent prétendre concurrencer le pivot espagnol dans l’histoire. Dans les joueurs encore en activité, deux hommes sortent du lot dans ce débat : le Français Tony Parker et l’Allemand Dirk Nowitzki. De deux ans son aîné, l’Allemand n’a néanmoins pas participé à tous les tournois internationaux majeurs et son palmarès en sélection est assez maigre comparé à l’Espagnol (médaille de bronze à la Coupe du Monde 2002, vice-champion d’Europe en 2005). Il est vrai que le joueur des Dallas Mavericks n’a pas pu compter sur des coéquipiers aussi talentueux que Rudy Fernandez ou Felipe Reyes tout au long de sa carrière internationale. A contrario, l’Allemand sera probablement le meilleur Européen de l’histoire… à avoir joué en NBA. Champion NBA, MVP des finales, 13 fois All-Star, ce débat n’a pas lieu d’être lancé.

PARKER NE FAIT PAS LE POIDS

Outre-Quiévrain, Tony Parker est comme Pau Gasol. Dévoué à sa sélection, le natif de Bruges a participé à tous les Championnats d’Europe depuis 2001 mais pour trop d’occasions manquées. TP et ses joueurs ont souvent eu les cartes en mains mais ont souvent craqué (comme face à la Grèce en 2005) ou longtemps buté contre… les Espagnols (2009, 2011, 2012). A  » seulement  » 33 ans, Tony Parker a déjà montré des signes de faiblesse et de déclin, tant en NBA qu’à l’Eurobasket cette année. Là où le Catalan a tenu son équipe à lui tout seul du haut de ses 35 ans, Tony Parker a été incapable de le faire et les Français se sont obstinés à espérer un éclair de génie qui n’est jamais venu.

Pire, la comparaison entre les deux hommes tourne nettement en faveur du natif de Barcelone. En confrontation directe dans les compétitions FIBA, l’Espagnol s’est imposé 4 fois sur 4, marque près de 10 points et 6 rebonds de plus et tourne à 58,6 % de réussite contre… 27,7 pour le meneur de jeu français. Quand on dit que ce sont dans les grands événements qu’on reconnaît les grands joueurs…

GALIS, PETROVIC, DIVAC, KUKOC…

Et les légendes du basket européen ? Tous les regards se tournent d’abord sur Nikos Galis. Légende du scoring, le Grec a fini meilleur marqueur de toutes les compétitions européennes auxquelles il a participé avec une moyenne totale incroyable de 31,2 points ! Un record qui ne sera jamais égalé. Adoubé par ses pairs, l’ancien joueur de l’Aris a mené sa sélection au titre suprême en 1987 à une époque où l’Union Soviétique et la Yougoslavie laissaient très peu de miettes à ses concurrents.

Une Yougoslavie, qui avant d’éclater, a compté les meilleurs joueurs des Balkans sous une seule bannière : Drazen Petrovic, Vlade Divac et Toni Kukoc. Quand on compte tant de monuments dans une seule équipe, comment choisir ? D’autant que des circonstances tragiques (guerre de Yougoslavie, décès de Petrovic dans un accident de voiture) ont brisé le destin sportif de la sélection yougoslave et de ses joueurs.

Comment donc comparer l’incomparable ? Le dernier mot, c’est peut-être Sasha Djordjevic, coach de la Serbie et ancien coéquipier des trois grands noms yougoslaves qui l’aura :  » C’est un jeu différent maintenant. Au point de vue des règles, du niveau physique et athlétique. Pour ces raisons, je ne crois pas que quelqu’un comme moi pourrait jouer aujourd’hui. Le talent, le mental et l’intelligence sont toujours nécessaires mais je donne beaucoup de crédit aux athlètes actuels.  »

Comme l’explique le coach serbe, il est toujours difficile de comparer les époques, peu importe le sport. On notera surtout que cela fait 17 ans que Pau Gasol joue au basket à haut niveau et il ne compte pas s’arrêter là.  » J’aimerais être aux Jeux olympiques de 2016. Ce seraient alors mes 4e JO et j’espère encore aller chercher une médaille  » a-t-il annoncé après la finale de l’Eurobasket. Le débat sur sa place dans l’histoire n’est donc pas encore clos et il risque de placer la barre encore plus haut pour tous ses concurrents dès l’année prochaine.

PAR GEORGES XOURAS – PHOTO BELGAIMAGE

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