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Le match-fixing est un problème en tennis aussi

800 euros si on gagne un tournoi Future, 2.850 pour le perdre. La porte à la triche est grande ouverte en tennis.

L’année dernière, sept joueurs et quatre officiels d’Ouzbékistan et de Turquie ont été suspendus pour match-fixing. La Tennis Integrity Unit, la cellule anti-corruption avait enquêté sur 292 annonces de paris suspects.  » Nos partenaires dans l’industrie du pari nous dépêchent sans cesse des cas. Cette évolution est inquiétante « , a déclaré Philip Brook, président de la TIU.

Il n’y avait pas de grands noms : le joueur le plus coté était un Français de 24 ans, Constant Lestienne, qui a été 164e mondial et a reconnu avoir parié sur 220 matches mais sans en manipuler. La sanction a été moins lourde (une amende de 9.500 euros et une suspension de trois mois et demi) que pour Joshua Chetty (ATP 1.370), qui payait ses adversaires pour perdre et a été suspendu à vie. Ce sont des petits poissons mais pour Brook,  » ils sont une menace pour la crédibilité du sport.  »

Les grands chelems sont pour l’instant épargnés, bien qu’en début d’année la douane ait intercepté deux Estoniens à l’aéroport de Melbourne : d’après les cachets figurant sur leurs passeports, ils avaient transité par différents pays organisant des petits tournois. Interrogés, ils ont reconnu avoir transmis les résultats en direct – avec une dizaine de secondes d’avance sur la télévision – à  » quelques parieurs « , qui, à leur tour, avaient misé sur le point déjà joué.

Quelques jours avant le début du premier grand chelem de l’année, l’Australien Oliver Anderson, tenant du titre en juniors, a été accusé d’avoir délibérément perdu le premier set d’un challenger – deux doubles fautes alors que le score était de 4-4- face à son compatriote Harrison Lombe, qu’il avait éliminé 6-0, 6-2 dans les sets suivants.

Ben Rothenberg, journaliste du New York Times, a été informé sur cet univers par un ancien joueur russe de tennis, qui a lui-même influencé des matches.  » Ces quelques suspensions ne sont qu’une goutte dans l’océan « , lui a dit le Russe, lui conseillant de suivre un match en direct. Il a prédit que le joueur x allait perdre le premier set, rater son service dans le deuxième jeu du deuxième set et s’incliner 6-0. Rothenberg n’a pu que s’incliner : son informateur avait vu juste. 6-0 en 19 minutes, après une accumulation de doubles fautes…

Les petits tournois Future, qui répartissent la maigre somme de 14.200 euros entre les 32 participants, sont particulièrement exposés au match-fixing, a ajouté le Russe, chargé de recruter des clients, en sa qualité d’ancien professionnel.  » On paie entre 280 et 470 euros pour un service. Un set coûte environ 950 euros et un joueur prêt à perdre peut toucher entre 1.900 et 2.850 euros. Ce sont des montants considérables, surtout quand on sait que le vainqueur d’un tournoi de ce niveau ne perçoit que 800 euros.  »

CHRIS TETAERT

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