Actuellement, le football français est dominé par les clubs de province. Le FC Nantes, Lille Olympic Sporting Club et l’Olympique Lyonnais disputent la Ligue des Champions, le PSG et Bordeaux sont en Coupe de l’UEFA, une scène dont ont disparu Monaco et Marseille. Le LOSC est un participant plutôt inattendu à la Ligue des Champions. Au début de l’an 2000, il militait toujours en D2 et le voilà parmi le gotha européen, grâce aux tours préliminaires et à une victoire contre Parme.

Longtemps, ce club a fait les beaux jours du Nord de la France, avec Roubaix et le Racing Lens, avant de sombrer. Une palette de jeunes hommes d’affaires l’a tiré de son marasme. Francis Graille et Luc Dayan doivent leur succès aux nouvelles technologies. Ils sont proches de Canal+ et de Visuel TV, une entreprise spécialisée dans l’assistance technique et la fourniture de services aux chaînes télévisées.

Le succès a dépassé les espérances. Le vieux stade Grimonprez-Joris, qu’ont enchanté Jean Baratte, puis Erwin Vandenbergh et Filip Desmet sous la houlette de Georges Heylens, ne répond pas aux exigences de l’UEFA. Le club a donc dû déménager au stade Félix Bollaert de Lens. Le LOSC avait d’abord envisagé la possibilité d’émigrer au Stade de France de Paris ou au stade d’athlétisme de Villeneuve d’Ascq, proche de Lille. La décision finale est toute politique. Lens a accueilli la Coupe du Monde en 1998, et l’année suivante, le Racing local y a joué la Ligue des Champions. Moderne, le stade est parfaitement équipé et peut accueillir plus de 40.000 spectateurs.

Quand on connaît les sommes exigées par la Ville de Bruxelles pour une finale de la Coupe de Belgique au Heysel ou, il y a quelques années, par Gand pour que le Lierse organise ses matches de Ligue des Champions au stade des Buffalos, on pourrait croire que le LOSC doit verser des millions pour chaque match. Et bien non. Le LOSC se produit gratuitement. Parce que la bourgmestre de Lille, Martine Aubry, et Monsieur le Maire Delcourt de Lens sont amis et appartiennent au même parti politique. Si Lionel Jospin devait bientôt être élu président de la République, Martine Aubry serait la première candidate à sa succession au poste de premier ministre. Delcourt recevrait un portefeuille ministériel aussi.

Martine Aubry, fille de Jacques Delors, l’ancien président de la Communauté européenne, assiste à tous les matches européens du club. Elle a promis que le LOSC pourrait évoluer dans une arène aussi belle que le stade Félix Bollaert fin 2003. Grimonprez-Joris va en effet être rénové.

Indépendamment du soutien énorme des hommes d’affaires et des politiciens, le succès du club est surtout celui de l’entraîneur et des joueurs. Le Bosniaque Vahid Halihodzic a été international yougoslave il y a vingt ans. Il a évolué à Velez Mostar et dans différents clubs français. Il a été champion avec Nantes et deux fois meilleur buteur du championnat. Il a formé son équipe avec des jeunes formés par le club, comme les frères Cheyrou, le stopper Pascal Cygan, une version améliorée de Jaap Stam, Boutoille, Landrin, Hammadou, Delpierre et Bakari. Il n’a pas enrôlé beaucoup de monde en prévision de la Ligue des Champions: le Marocain Bassir de La Corogne, Olufade de Lokeren et Tafforeau de Caen.

Le LOSC a donc repris une petite couleur belge. Le manager de l’équipe est un certain Stéphane Pauwels, âgé de 32 ans. Il est le beau-fils de Didier Vanden Abeele, l’ancien gardien, qui entraîne les keepers de l’Excelsior Mouscron. Il a même figuré au conseil d’administration mais n’a pas accepté la gestion monarchique (sic) du président Detremmerie. Il a rejoint le LOSC quand Gino Gylain, débarqué de Courtrai, a repris ses prérogatives à Mouscron.

Stéphane Pauwels n’a jamais regretté sa décision. Car quand on parle de football dans la région frontalière, c’est pour évoquer le LOSC et non plus l’Excelsior Mouscron.

Mick Michels

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