LE LIVREUR

Le meilleur passeur du championnat le reconnaît :  » J’ai laissé une partie de mon cour à Anderlecht « 

Il a quitté Anderlecht en janvier 2000, alors qu’il n’avait que 19 ans, pour rejoindre Roda JC où un meilleur contrat l’attendait.  » Mais ce n’est pas l’attrait de l’argent qui m’a attiré dans le Limbourg néerlandais « , précise d’emblée TomSoetaers (26 ans actuellement).  » Simplement, je pouvais y espérer un temps de jeu plus important et donner l’impulsion nécessaire au démarrage de ma carrière. Je me trouvais sur une voie de garage à Anderlecht. C’était l’époque de BartGoor, TomaszRadzinski, JanKoller et consorts. Je n’étais pas encore assez mûr pour pouvoir revendiquer une place dans une équipe pareille. AiméAnthuenis m’a demandé d’attendre, mais j’avais à l’esprit suffisamment d’exemples de jeunes joueurs qui ont préféré patienter et qui se sont finalement retrouvés en D3, trois ans plus tard. J’ai eu des propositions de clubs belges, mais Roda JC m’a laissé la meilleure impression « .

Tom ne s’est pas trompé : il a pris son envol à Kerkrade. En trois saisons, il a disputé 98 matches d’ Eredivisie et inscrit 23 buts. Ce qui lui valut un beau transfert à l’Ajax Amsterdam où, là, le bilan fut plus mitigé : en une saison et demie, seulement 17 matches joués et 4 buts inscrits. Retour en Belgique en janvier 2005. A Genk, plus précisément, où il a mis du temps à trouver le bon rythme. Ses six premiers mois avec RenéVandereycken, et la première saison avec HugoBroos, lui valurent des statistiques mi-figue mi raisin : 12 buts, 3 buts. Mais, cette année, il explose. Il est l’un des joueurs en vue de cette équipe limbourgeoise qui constitue l’une des bonnes surprises du début de compétition. Il a déjà trouvé le chemin des filets à plusieurs reprises, et surtout, il est actuellement le meilleur passeur du championnat.  » J’ai une assez bonne technique de frappe, cela aide pour les corners et les coups francs. Mais, si je suis en tête du classement des assists, je le dois surtout aux attaquants qui ont su exploiter les ballons que je leur offrais « , rétorque-t-il modestement.

Que Tom Soetaers est un joueur talentueux, on le savait. Mais sa carrière, qui avait bien débuté à Roda JC, a eu un moment tendance à stagner.  » J’ai peut-être visé trop haut en partant à Ajax « , reconnaît-il.  » A Genk, j’ai trouvé chaussure à mon pied. Au niveau du professionnalisme et de l’organisation, le club fait partie du top en Belgique, mais on y trouve malgré tout cette ambiance familiale qui n’existait pas forcément à Amsterdam. Ajax, c’était un univers impitoyable. Chacun pour soi. En arrivant au stade le matin, on se saluait, mais il n’y avait quasiment aucun contact en dehors du terrain. A Genk, j’ai des collègues mais parmi ceux-ci, il y a aussi des amis. On organise parfois des soupers, à l’initiative des joueurs. On se voit en dehors des activités obligatoires imposées par le club. J’ai toujours joué au football parce que cela m’amusait. Je ne privilégierai jamais l’argent au détriment du plaisir. D’ailleurs, en optant pour Genk, j’ai consenti un important sacrifice au niveau financier. Mais, en contrepartie, j’ai trouvé une ambiance qui me convenait. J’ai besoin d’être entouré d’amis et de proches, de gens qui m’apprécient pour l’homme que je suis et pas uniquement pour mes qualités de footballeur « .

Très à l’aise dans le 4-4-2

Les débuts de Tom à Genk furent pourtant laborieux.  » Avec la présence de KoenDaerden, ce n’était pas évident pour moi. Koen était un monument indéboulonnable et je ne m’offusquais pas outre mesure de devoir patienter, car c’est un joueur que je respecte énormément. Je savais qu’un jour, mon tour viendrait. Avec Vandereycken, les rapports n’étaient pas mauvais. On ne partageait pas nécessairement la même vision du football, mais c’est le droit de chacun d’avoir d’autres idées. Ses entraînements étaient assez légers, sur le plan physique. Lorsqu’on ne joue pas, ce n’est pas l’idéal. Je transpirais à peine à l’entraînement. Or, j’aurais eu besoin de puiser davantage dans mes réserves en semaine pour garder la condition, car ce ne sont pas les matches de Réserve qui allaient arranger les choses. En outre, Vandereycken n’utilisait pas toujours les flancs comme Broos actuellement. Il changeait très fréquemment de tactique. On pouvait livrer un très bon match et se retrouver sur le banc la semaine suivante, simplement parce qu’on ne convenait pas pour la tactique choisie « .

Broos, en revanche, reste quasiment toujours fidèle à son 4-4-2 et utilise énormément les flancs.  » Ce système me convient. A priori, je suis surtout un flanc gauche bâti pour un système à trois attaquants, mais c’est dans le dispositif actuellement utilisé à Genk que j’ai livré mes meilleurs matches à Roda JC. Avec SefVergoossen, c’était aussi un 4-4-2. Si le système fonctionne bien à Genk, c’est en grande partie grâce à WimDeDecker et WouterVrancken, qui jouent en fonction des quatre attaquants. On sait qu’il y aura toujours, derrière, un bloc de six hommes. Lorsqu’on jouait avec OrlandoEngelaar dans l’entrejeu, c’était différent car il était lui-même très attiré par l’offensive. Cela dit, contrairement à certaines idées reçues, il arrive également à Broos de changer de système : à Roulers, voici dix jours, FarisHaroun avait été aligné au détriment de KevinVandenbergh car l’entraîneur estimait que, pour ce match au Schiervelde, il était indispensable de meubler l’entrejeu. Il a eu raison… pendant 89 minutes. Sans cette stupide égalisation que nous avons concédée en fin de match, nous serions revenus avec la totalité de l’enjeu « .

Il arrive parfois à Soetaers d’intervertir sa position avec celle de SébastienPocognoli, et même avec celle de ThomasChatelle, pour prendre place soit à l’arrière gauche, soit sur le flanc droit.  » L’entraîneur n’y voit pas d’inconvénient, et contre La Gantoise par exemple, je crois que mon changement de position avec Chatelle a donné l’impulsion à notre prise de pouvoir en deuxième mi-temps. Ces changements se font à l’intuition. Parfois cela fonctionne, parfois pas. Mais, si l’on ne trouve pas la solution d’une certaine manière, pourquoi ne pas essayer une autre ? »

Saint-Trond et Anderlecht

Le père de Tom a joué à Saint-Trond :  » Il a flirté avec l’équipe Première et s’est surtout assis sur le banc de la D1. Il n’avait que 18 ans et privilégiait ses études en économie. Certains prétendent qu’il aurait pu réussir dans le football, mais il s’en est bien sorti également sur le plan professionnel. Malgré tout, il m’a transmis le virus du ballon rond et des Canaris, car au fond de moi-même, je suis resté un peu supporter de Saint-Trond. Cela ne fera pas plaisir aux supporters de Genk d’entendre cela, mais je ne veux pas mentir. Mon parrain a aussi été footballeur et mon grand-père maternel a joué à Tirlemont. C’est inscrit dans les gènes de la famille : ma voie était toute tracée. Dès mon plus jeune âge, je ne pensais qu’à cette sphère. L’école ne m’intéressait pas. Lorsque je suis parti à Anderlecht, c’était pareil : après les entraînements, ou lorsqu’il y avait un après-midi libre, je ne pensais qu’à une chose : continuer à shooter  »

Anderlecht, c’est l’autre club de c£ur de Soetaers :  » J’étais arrivé très jeune et je suis resté près de dix ans au Sporting. Forcément, cela laisse des traces. Lorsque j’étais aux Pays-Bas, je m’enquerrais toujours directement du résultat réalisé par les Mauves. Cela m’a fait mal au c£ur, à l’époque, de quitter le Parc Astrid. Si j’avais dû laisser parler mes sentiments, je serais resté. Mais, pour ma carrière, j’ai pris la meilleure décision possible « .

Donc, si Genk n’est pas champion, plutôt Anderlecht ?  » Eventuellement. Mais, de préférence : Genk quand même !  »

DANIEL DEVOS

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