LE LIVREUR DEVENU PUNCHEUR

Mardi prochain, Gerd Müller aura 70 ans. Auteur de plus de 400 buts, il souffre maintenant de la maladie d’Alzheimer.

L’été 1964, les joueurs du Bayern ont été stupéfaits en voyant débarquer un homme aux touffus cheveux noirs qui s’est présenté ainsi :  » Bonjour, je suis le buteur de Nördlingen.  » Ils ont rigolé jusqu’à ce que Sepp Maier réponde :  » Et moi le gardien de Haar.  » L’entraîneur, Zlatko Cajkovksy, jaugea l’homme de 1m76, aux cuisses de 60 centimètres, et crut avoir affaire à un lanceur de poids.  » Surtout, tu ne manges plus rien, car tu n’es pas Franz Beckenbauer. Toi, tu es le petit gros Müller ! « , a-t-il déclaré.

Avant de rejoindre le Bayern, Müller gagnait 80 euros par mois comme livreur. A 17 ans, suite au décès de son père, il a dû assurer la survie d’une famille de cinq personnes. Il est arrivé au Bayern par hasard. Le FC Nuremberg, un grand de l’époque, n’en voulait pas, ayant déjà deux Müller. Il avait rendez-vous avec Munich 1860 mais à son arrivée, la délégation du Bayern venait de sortir et en fait, Müller redoutait la concurrence qui régnait à 1860.

Le Bayern lui a donné un logement, lui a versé 80 euros par mois et lui a trouvé un job de livreur de meubles qui lui a permis de gagner encore 200 euros de plus. Un jour, en visite chez le président du Bayern, celui-ci s’est fait taper sur l’épaule :  » Grüss Gott, je suis Gerd Müller, je vous apporte vos meubles. Où puis-je les déposer ?  »

Dès sa première année, il a marqué 33 buts en 26 matches et a assuré la montée du Bayern en Bundesliga. Là, il a inscrit 365 goals en 427 parties, gagnant quatre titres. Il a été meilleur buteur de Bundesliga à sept reprises et gagné quatre coupes d’Europe. Avec la Mannschaft, il a été champion du monde en 1974 et d’Europe en 1972. Il a marqué en moyenne 1,1 but par match. En 1979, il a mis le cap sur la Floride et les Fort Lauderdale Strikers pour raccrocher trois ans plus tard.

Uli Hoeness l’a sorti de la misère et de l’alcoolisme en lui offrant un poste d’entraîneur des jeunes puis des réserves. Müller est toujours resté modeste et taiseux. Il y a quelques années, interrogé sur les changements du football, il a répondu :  » Nous n’avions qu’un survêtement, même en hiver. Nous l’accrochions au-dessus du four dans l’espoir qu’il sèche pendant la nuit. Maintenant, ils ont tous au moins huit vestes.  »

Le Bayern vient d’annoncer que Gerd Müller souffre d’Alzheimer et qu’il n’organisera donc pas de fête spéciale à l’occasion de ses 70 ans.

PAR THOMAS HÜETLIN

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