Le kid de Cincinnati

Après deux saisons au FC Dallas, Roland Lamah a rejoint le récent et très ambitieux club de Cincinnati en MLS. Dans sa ligne de mire : des buts, des play-offs et un des stades les plus remplis de tout le pays.

Diable Rouge de l’époque pré-dorée (5 sélections), Roland Lamah traîne sa bosse à l’étranger depuis qu’il a quitté le Sporting d’Anderlecht en 2007. Passé par Roda JC, Le Mans ou encore Osasuna, champion et vainqueur de la Coupe de Hongrie avec Ferencváros et surtout détenteur de la League Cup avec Swansea, l’ailier a décidé de poursuivre sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique en janvier 2017. Une septantaine de matchs et 20 buts plus tard, il a signé au FC Cincinnati, une franchise créée il y a quatre ans à peine.

Qu’est-ce qui t’a motivé à rejoindre Cincinnati après Dallas ?

Roland Lamah : Je commençais à m’habituer à la vie aux États-Unis et ma famille aussi. Dans ces conditions, ça aurait été compliqué de quitter ce continent, même si j’ai reçu des offres d’Europe. Le FC Cincinnati est un club qui vient d’arriver en MLS et qui a un beau projet. Les dirigeants ont été clairs : ils ont été séduits par mes stats et ils disent avoir besoin de mon expérience pour encadrer les jeunes. Même si je ne me trouve pas vieux.

Comment va ta vitesse, qui était une de tes forces principales ?

Lamah : Ah ça va, vous seriez étonné ! Je me sens bien physiquement, donc une fois qu’on aura trouvé les automatismes avec mes coéquipiers, j’espère que ça va mieux se passer que l’année dernière à Dallas.

Pourtant tu avais démarré la saison 2018 en boulet de canon avec 7 buts et 4 assists en 18 matchs.

Lamah : Oui, ça avait très bien commencé. Je savais que j’arrivais au bout de mes deux années de contrat et qu’il fallait que je cartonne pour que le club lève l’option pour une troisième saison. Après, j’ai eu quelques pépins physiques et il y a eu des choix de l’entraîneur que je n’ai pas compris. Il me mettait sur le banc sans raison, ou en disant qu’il fallait que je me repose alors que j’étais en forme. Malgré tout, je pense avoir fait une bonne saison.

Fin de cycle

À quel moment les dirigeants de Dallas t’ont-ils signifé que tu ne serais pas prolongé ?

Lamah : En fin de saison. On a été éliminé au premier tour des play-offs par les Portland Timbers et je pense que ça a joué un peu. Si on avait poursuivi notre parcours, j’aurais peut-être marqué des buts et ça aurait changé la donne. Mais les dirigeants ont dit que c’était de toute façon la fin d’un cycle et qu’il fallait du changement.

Tu viens tout juste de démarrer ta troisième saison en MLS. Quelles évolutions as-tu remarquées ?

Lamah : Le championnat américain attire de plus en plus de bons joueurs. Zlatan pourrait retourner en Europe mais il reste ici parce qu’il aime bien. C’est un bon jeu, assez physique même s’il y a aussi pas mal d’espaces. Si tu réfléchis bien, tu peux vite t’en sortir. Ce qui me plaît particulièrement, c’est ce qu’on retrouve aussi au basket : le show. Tout ce qui se passe autour du terrain est impressionnant. L’hymne national – américain ou canadien – est déjà hyper marquant, puis il y a les feux d’artifice, la musique… À l’américaine, quoi. Et puis vingt minutes après le match, les journalistes sont autorisés à rentrer dans les vestiaires. Faut se grouiller pour se laver ou bien tu restes sous la douche le temps qu’ils s’en aillent.

Deux semaines avant le début de championnat, le club avait déjà vendu 25.000 abonnements.  » Roland Lamah

Tu commences à bien connaître le championnat…

Lamah : Il y a un bon paquet d’équipes difficiles à jouer, on peut même dire  » casse-couilles  » : Portland, Atlanta, Kansas, les deux clubs de New-York… Et puis, contrairement à la Belgique ou tu sais qui va vraiment lutter pour le titre, il y a ici au moins six équipes qui peuvent y croire.

Quel est l’objectif de Cincinnati cette saison ?

Lamah : C’est un peu tôt pour espérer le titre. Si on atteint les play-offs, je crois qu’on aura réussi notre saison. Surtout qu’il y a plein de monde à satisfaire, c’est un public de fou ici. Deux semaines avant le début de championnat, le club avait déjà vendu 25.000 abonnements. Les matchs à domicile sont complètement dingues ! Et les projets ne s’arrêtent pas : on vient de s’installer dans un tout nouveau centre d’entraînement et le club déménagera dans son propre stade dans 2-3 ans. D’ici là, il faut que l’on soit devenu une équipe qui fait peur dans la League.

Green card

Qu’est-ce qui explique cette folle popularité du FC Cincinnati, qui attire plus de spectateurs que certains autres clubs plus renommés ?

Lamah : Je cherche moi-même la réponse. C’est bizarre, surtout après seulement quatre ans d’existence et en étant basé dans un coin pas vraiment  » foot  » comme l’Ohio. Moi je vis juste en dehors de Cincinnati, c’est fort différent de Dallas : les maisons sont petites, il n’y a pas beaucoup d’immeubles…

Tu as reçu récemment ta green card (carte de résident permanent qui permet de vivre aux USA sans visa, ndlr). C’est une bonne nouvelle…

Lamah : C’est à la fois bon pour mes enfants, pour moi qui suis considéré comme un Américain, et pour mon club qui a un joueur excédentaire en moins (rires). Mais je ne sais pas encore si je resterai installé aux États-Unis à la fin de ma carrière pour autant.

Tu n’as presque pas évolué dans le championnat belge après ton départ d’Anderlecht. Pourquoi ?

Lamah : Je n’ai pas eu d’offres (il éclate de rire). Cela m’aurait intéressé de revenir, mais je ne me plains pas de mon palmarès parce que je ne suis pas le plus talentueux de ma génération. Je pense que j’ai vécu mes meilleurs moments à Roda JC : je commençais à être autonome, j’avais envie de me faire un nom après avoir quitté Anderlecht et j’avais pas mal de clubs qui me voulaient.

Beaucoup parlaient encore de toi longtemps après ton départ d’Anderlecht…

Lamah : Je ne l’ai pas senti mais mes amis m’en parlaient. Tout ce que je peux dire, c’est que quand un club est sincère avec moi, il profite de toutes mes qualités. À Anderlecht, ça n’a pas été le cas. La direction disait vouloir faire confiance à ses jeunes, mais on ne nous donnait pas la possibilité de jouer. À force d’aller en réserve, ça nous énervait. Surtout que je voyais que j’avais ma place en équipe première. On m’a toujours dit  » ça va venir « , mais à partir d’un moment… on vieillit (sourire).

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