Le justicier

Il met le doigt sur des dérives courantes d’agents, de joueurs et de clubs.

E ric Depireux, qui fait notamment appel à l’ex-international Pascal Renier pour l’assister, est l’agent de Luigi Pieroni depuis l’éclosion de ce joueur avec Mouscron et, entre-temps, il a toujours réussi à lui trouver des employeurs qui paient bien ! Dans le passé, Depireux a aussi collaboré à l’un ou l’autre transfert des frères Emile et Mbo Mpenza, ainsi que d’ AnthonyVanden Borre. Il gère aujourd’hui les destins d’une trentaine de joueurs, presque uniquement en D1 et D2 belges.  » J’ai quelques clients en France et aux Pays-Bas, j’ai l’ancien Trudonnaire Hervé Onana à Chypre, Jeanvion Yulu-Matondo au Levski Sofia.  » Dans son écurie, il y a quelques jolis purs-sangs, dont certains qu’il partage avec des confrères : Mbaye Leye, AloysNong, Nabil Dirar, Wilfried Dalmat, Yassine El-Ghanassy, Karel Geraerts, OlivierRenard, Dorge Kouemaha. Mais aussi Mohamed Dahmane, Chemcedine El Araichi, Karim Belhocine, Hassan El Mouataz, Christophe Grégoire, Jérémy De Vriendt. En janvier, il est allé présenter Logan Bailly (alors réserviste à Mönchengladbach) dans différents clubs. Il a aussi négocié récemment à l’étranger pour Paulo Henrique.

Pour Depireux, le manque de sérieux et de scrupules de nombreux acteurs du foot complique de plus en plus le métier d’agent.  » Un des gros problèmes, ce sont tous ces joueurs qui signent des contrats avec plusieurs managers en espérant ainsi augmenter leurs chances de trouver une bonne équipe. Ils vendent leurs charmes, comme s’ils nous prenaient pour des proxénètes. Mais ils ne se rendent pas compte à quel point ils se dévalorisent et se décrédibilisent auprès des clubs. Au moment où un joueur qui fait cela trouve un accord avec des dirigeants, plusieurs agents se pointent pour la signature. Dans ce cas-là, soit le club choisit un de ces managers et lui donne la commission, soit il en conclut que le joueur n’est pas sérieux et il ne le fait pas signer. Et si le club conclut le deal et traite donc avec un des agents concernés, comment fait-il son choix ? Parfois, c’est celui qui a la chance de se présenter au stade au meilleur moment. D’autres fois, c’est celui dont le club estime qu’il a le plus de crédibilité. Ou c’est celui qui a presque pris le joueur de force dans sa voiture pour aller négocier. C’est un jeu dangereux pour le footballeur et c’est très embêtant pour les agents, qui ne savent pas sur quel pied danser. Il y a aussi des joueurs qui ont des contrats en bonne et due forme avec un agent mais en contactent d’autres en leur promettant de passer subitement chez eux s’ils leur trouvent quelque chose d’intéressant. « 

Autre exemple de dérive, selon Depireux : les agents trop proches de certains clubs.  » Et on tend de plus en plus vers cela en Belgique. Des clubs, qui jouent un jeu regrettable, ont réussi à fidéliser quelques managers qui ne sont ainsi plus vraiment indépendants mais portent une casquette de l’une ou l’autre couleur. On en arrive pour ainsi dire à des contrats d’exclusivité et les portes se referment alors pour tous les autres, qui n’ont plus aucune chance d’y caser leurs joueurs. Ils peuvent aussi perdre certains de leurs clients qui savent que, pour avoir une chance de signer dans un club A ou B, ils ont intérêt à entrer dans l’écurie du manager X ou Y. On est en plein dans des combines malheureuses. Le bon agent n’est pas l’employé déguisé d’un club mais un vrai free-lance. « 

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Les joueurs qui signent avec plusieurs agents ne se rendent pas compte qu’ils se dévalorisent auprès des clubs. « 

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