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Le Hazard fait bien les choses

Il y a quinze jours, c’était week-end de derby. Celui de Manchester nous a encore offert un beau couplet du Jean Gabin chanteur. « Je sais qu’on ne sait jamais ». Une vérité qui nous rappelle qu’il n’y en a pas.

OleGunnarSolskjaer, un nom à entraîner Arsenal, un prénom de matador dont tout le monde veut la tête (sans parler du reste). En attendant, il coache Manchester United et sa victoire chez le voisin de City fait de lui le plus fort de tous. C’est-à-dire celui qui donne la leçon à Pep. Il n’y en a qu’un sur terre. C’est lui. Des 67 entraîneurs que Guardiola a affronté plus de trois fois, Solskjaer est le seul à avoir un bilan positif face à lui. Pas mal pour celui qui sera, certainement, toujours considéré comme un intérimaire. Un entraîneur est toujours en CDI tendance C4. Le CDI d’Ole lui va très bien. Le C4 de Pep n’est pas près d’arriver. La porte de sortie, c’est toujours lui qui décidera de l’ouvrir. À propos, il paraît qu’il apprend le français…

Eden a choisi de voir le foot comme un jeu. Rien d’autre. Sincèrement, purement. Comme un enfant.

Du côté du derby madrilène, on a vu de la danse classique. Celle des grands buteurs. Un mélange de grâce et de puissance. Luis Suárez nous a offert un déhanché à la James Brown. Percutant, élégant et presque gagnant. Presque, car sur la même scène se produisait un buteur étoile. Karim « Noureev » Benzema. Qui nous a offert le « Sacre du printemps » en avance. La défense de l’Atlético de Madrid, piégée par son ADN, défend dans son rectangle. Sur les talons. Benzema, sublimé par son ADN, attaque ce même rectangle. Sur les pointes. Léger, aérien, il touche à peine terre. Pour démarrer cette action, il était sorti de sa bulle. Celle-là même où restent les buteurs quand leur équipe est menée d’un but à deux minutes de la fin. C’est-à-dire rester devant, balancer et espérer marquer. Lui est revenu chercher le ballon à hauteur de la ligne médiane. Prendre le destin en mains. Avec les pieds. Mission divine des footballeurs d’exception. Il égalise. Le Real Madrid reste dans la course au titre en prouvant une fois de plus qu’on peut gagner sans être bon. Un luxe possible quand on possède des joueurs qui savent se sublimer.

Tiens, à propos, je sais pas si vous savez, mais Eden Hazard est toujours au Real. Il se soigne. Pendant que beaucoup lui prescrive déjà une ordonnance d’incapacité de travail à vie. On se calme, les Docteurs Foldingue. Il va revenir encore plus génial qu’avant. Et puis, il ne reviendrait même pas que moi, je lui dirais quand même merci. Que je me dirais:  » kéé chance de l’avoir vu en vrai. De l’avoir connu, côtoyé, interviewé, taquiné. » Eden a choisi de voir le foot comme un jeu. Rien d’autre. Sincèrement, purement. Comme un enfant. Eden était, oh pardon, est l’éloge du foot qu’on regrette. Celui du plaisir avant tout. Plus que tout. Rien à foutre qu’il gagne des millions. On les lui donne, il les prend. Sa seule responsabilité, c’est le bien qu’il se fait et qu’il fait aux siens.

Il est en train de vivre un truc qu’il n’a jamais connu. Qui le déstabilise. Il est blessé. Beaucoup, longtemps. Dans un club où l’on ne peut pas dire que l’amour ruisselle sur les murs du vestiaire. Où il n’est pas le petit chéri de tout le monde. Où le service médical semble financé par le Ministère de la Santé belge. Il n’a pas travaillé son corps pour durer l’éternité d’une carrière à courir les trophées. Lui, son trophée, c’est chaque match. Avec le plaisir qui va avec. Pour lui, pour nous. Et puis on verra. On a déjà beaucoup vu et reçu. On va encore beaucoup voir et recevoir. Au cas où pas, pas grave. D’ores et déjà merci. Parce qu’il nous rappelle que plus fort que l’armoire à trophées, il y a la mémoire à bonheur, respect et émotion.

Ce que beaucoup d’autres ne me procureront jamais. Allez, par exemple, au (non) hasard, un de ses coéquipiers: Sergio Ramos. Des armoires pleines de trophées, certes, mais à quel prix? Celui de l’indifférence émotionnelle. Celui des insomnies. Eden, lui, m’a déjà offert des belles nuits où, les yeux fermés et le sourire aux lèvres, je m’émerveille en ne voulant pas me réveiller. Le rêve, quoi!

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