« Le guerrier émerge en moi »

Tu es jeune, ambitieux, et veux donner libre cours à ta passion pour le sport ? Marc Herremans et Cedric Dumont peuvent t’aider. Toutes les quinzaines, Sport/Foot Magazine présente un des jeunes talents à qui ils apportent leur précieux soutien. Cette semaine : Wietse Bosmans (23 ans), ancien champion espoir en cyclo-cross.

Wietse Bosmans :  » Le cyclo-cross n’était pas ma première grande passion. Gamin, j’ai pratiqué divers sports, à commencer par l’athlétisme, la natation et le football. Je suis passé au cyclisme quand quelqu’un est venu présenter une course néerlandaise dans notre classe, dans le cadre d’une semaine du sport. J’avais neuf ans quand Adrie van der Poel est venu nous parler de son sport. Première étape, l’affiliation. Deuxième ? L’admiration pour le vélo. J’ai immédiatement opté pour le cyclo-cross, à travers la nature de Kalmthout. J’ai roulé le plus possible à travers bois. Le BMX était l’outil idéal pour dépenser mon excédent d’énergie. Je suivais très attentivement le cyclo-cross : je connaissais tous les coureurs, je découpais leurs photos et je sautais en l’air comme un fou devant mon écran TV. J’admirais particulièrement Adrie et Sven Nys. Je rêvais de réaliser un parcours aussi impressionnant. Adrie était un coureur de grande taille, élancé, dont la tenue à vélo était parfaite. J’adorais l’intensité de sa course, sa rage de vaincre, qu’on retrouve chez son fils Mathieu. Nys, lui, s’appuie sur sa technique et sa maîtrise. Regardez comment il franchit les barrières ! Je continue à l’admirer.

Plaisirs variés

La famille Van der Poel habite à quelques kilomètres d’ici. J’ai grandi avec David et Mathieu. Nous avons joué au football ensemble à partir des préminimes à Kalmthout. J’étais médian offensif, parce que j’étais rapide. Adrie nous dispensait des leçons plus spécifiques de football. J’ai bénéficié de ce traitement de faveur jusqu’à douze ans, même si nous roulions parfois une course sur route au-delà de la frontière, pour le plaisir. Je n’étais encore affilié nulle part. J’ai signé ma première carte au WAC Hoboken, pour pouvoir participer à une course pour aspirants à Mol. J’étais alors néophyte première année. Et j’ai gagné ! J’ai commencé à me défaire de mon esprit jouette, prenant conscience de mes aptitudes, et j’ai décidé de me consacrer au cyclo-cross. J’ai continué à jouer au foot le dimanche matin jusqu’à quinze ans quand même. Si nous avions du bol et que nous jouions à domicile, je rangeais alors mon vélo dans le coffre pour aller rouler un cross. Le football a constitué une bonne base. Il m’a conféré plus de volume. Pour atteindre un bon niveau, je n’ai pas besoin de beaucoup d’entraînement. J’ai toujours été très actif. En variant les sports, je me suis taillé un corps très complet.

J’ai suivi l’exemple des Van der Poel, qui ont longtemps combiné tennis, foot et cyclisme. Ce bagage est infiniment précieux. Le courant passe remarquablement entre nous car nous avons tous chopé le virus du sport. Adrie m’a souvent joint à ses initiations. Je faisais partie de son entourage. Mathieu et moi nous copions souvent. Nous sommes comme deux coqs de village, qui veulent dépasser leurs limites et être chacun le meilleur. Nous trouvons ça génial. Notre perfectionnisme à l’entraînement et en course frustre parfois les autres. Nous sommes parfois trop motivés. Adrie fait trop bien son travail mais en fait, ça nous convient.

Le meilleur est encore à venir. Je veux retirer le maximum de ma carrière. Je suis capable de m’entraîner énormément car peu de coureurs sont disposés à m’accompagner dans mes sorties. J’adore pédaler jusqu’à la souffrance. Dans les environs, je dispose de parcours idéaux, sur route, dans les bois et dans les polders néerlandais.

Adieu l’école

Le déclic définitif s’est produit à seize ans. Je me suis fixé un objectif : devenir un jour champion du monde. Au Nouvel-An, j’ai arrêté l’école, en cinquième humanité. Ce fut une délivrance car je ne faisais qu’y user mon pantalon. Mes parents, mes premiers interlocuteurs, ont compris que la combinaison n’était plus tenable et ils ont marqué leur accord. BKCP-Powerplus m’a offert un contrat. Espoir première année, j’ai terminé troisième du championnat de Belgique et mes résultats n’ont cessé de s’améliorer. Tout est devenu plus professionnel. Guy De Schutter est devenu mon entraîneur-accompagnateur. Il est ma personne de confiance depuis cinq ans maintenant. Ma première consécration a été le titre belge à Hooglede, en 2012.

Depuis l’année dernière et mon passage des espoirs en professionnels, ma progression s’est arrêtée. Il y a eu un bête accident de moto qui m’a valu une fracture du genou, quelques chutes malheureuses et une opération au siège, puis la rupture avec mon amie et, il y a peu, la maladie de Lyme : j’étais constamment fatigué, je ne dormais pas la nuit et j’étais de mauvaise humeur. J’ai eu une légère rechute à la Noël et j’éprouve plus de mal à revenir que je ne le pensais. Je dois me battre contre moi-même. Cette impuissance est particulièrement difficile à accepter car je loupe la plus belle partie de la saison.

Je suis d’un naturel optimiste et tous ces contrecoups m’ont rendu plus fort et plus malin. Le guerrier prend le dessus en moi. Je sais maintenant ce que je dois faire pour retrouver l’élite. Les brillantes prestations de Mathieu sont une belle source de motivation. J’ai faim de vélo. En deux ans, les gens n’ont pas encore vu le véritable Wietse et ça me fait enrager. Malheureusement, cette saison, je n’aurai pas l’occasion de me distinguer souvent. Je peux m’améliorer en tout. Qui sait, peut-être serai-je champion du monde ? Après tout, en espoirs, je faisais jeu égal avec Lars van der Haar. Je dois y parvenir de nouveau dans les années à venir. « 

PAR FRÉDÉRIC VANHEULE – PHOTOS: BELGAIMAGE/ROOSENS

 » Je sais maintenant que faire pour retrouver l’élite. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire