« Le GBA, quelle erreur ! »

Le retour du Français chez les Zèbres résumé en quatre questions.

La préparation vaut ce qu’elle vaut. Mais Charleroi, pointé comme potentielle surprise du futur championnat, n’a pas conquis de résultats probants lors de ses premières sorties. A la Coupe du Maroc, où il était invité à se produire aux côtés de pointures comme l’Atletico Bilbao, Nantes ou encore l’Udinese, le Sporting n’a pas fait le poids et s’est incliné 1-0 face au FAR Rabat et au MAS Fès. Le mini-trip en Grèce, où Charleroi était convié par le Panathinaïkos à une soirée de gala, n’a guère été plus heureux : une défaite 5-1. Les Zèbres ont encaissé trop de buts sur phases arrêtées, se sont montrés avares en occasions, maladroits devant le but et ont paru fatigués. Le départ de Joseph Akpala pour Bruges et la disparition d’ Ibrahima Diallo, qui s’est mis hors-jeu en prolongeant son séjour en Guinée sans donner de nouvelles, n’ont pas arrangé les affaires. La courte victoire contre Auxerre (0-1) a mis du baume au c£ur mais sans éteindre les doutes naissants.

Parmi les faits positifs, on notera quand même le retour de Sébastien Chabaud, déjà considéré comme le meilleur transfert du Sporting.  » C’est comme si j’étais revenu de vacances « , commente le Français.  » Frank Defays, Bertrand Laquait… les mêmes têtes sont toujours là. Nos derniers matches ont été difficiles mais nous avons joué contre des formations d’un bon niveau. Et je me focalise sur un seul rendez-vous : notre premier match de championnat contre Westerlo « .

1) Comment Thierry Siquet compte-t-il l’utiliser ?

Avec Chabaud, pas besoin de se triturer les méninges pour dessiner un dispositif tactique. Cela fait des années que le Français ramasse les ballons qui traînent devant la défense. Pourtant, lors de la préparation, Thierry Siquet a placé Chabaud comme arrière central contre Malmédy (victoire 1-10) et Fès. Le Français avait déjà effectué une pige en défense avec Tarragone lors d’une rencontre contre le Real Madrid perdue 2-0. A 31 ans, faut-il y voir le signe d’une reconversion ?  » Non, car je ne me vois pas évoluer toute une saison à ce poste « , avance Chabaud.  » J’ai juste dépanné, peut-être parce que Siquet manquait de monde derrière. Mais si on reste lucide, il faut convenir que ce n’est pas ma place. J’ai toujours joué comme milieu de terrain et je ne sais pas quelles seraient mes sensations en défense. Je pourrais éventuellement reculer au cours d’un match mais cela s’arrête là. Il sera toujours temps de reposer la question dans quelques années. J’espère quand même que cela sera le plus tard possible « .

Si Chabaud a été enrôlé, c’est pour résoudre le problème du médian défensif, lancinant depuis la crise piquée par Cristian Leiva. Suite au refus de jouer de l’Argentin, Tim Smolders ou Madjid Oulmers ont pris le relais dans l’entrejeu lors des derniers mois du dernier championnat. Mais ces deux éléments n’apportent pas les garanties suffisantes. Et décaler ces joueurs dessert d’autres postes clefs.  » Nous devions retrouver quelqu’un dans le style de Leiva, un garçon intelligent qui sache comment se placer et gagner des duels « , explique Siquet.  » Chabaud correspondait à ce profil. C’est un garçon qui aime communiquer et organiser une équipe. Pour un entraîneur, c’est très important. Je l’ai testé dans l’axe de la défense sans que cela ne soit pour moi une perspective d’avenir. Je garde juste cette idée en option, si je ressens le besoin d’effectuer un changement tactique en cours de partie « .

2) Où en est-il physiquement ?

Lors de l’exercice 2007-2008, Chabaud a disputé l’un ou l’autre match avec Tarragone au premier tour et a été utilisé cinq fois par le Germinal Beerschot en seconde partie de saison. C’est peu. Surtout pour un joueur qui occupe un poste exigeant une grosse dépense d’énergie et une concentration de tous les instants.  » Il manque encore de rythme et de repères « , confesse Siquet.  » Mais je l’ai retrouvé tel qu’il était avant : consciencieux, très professionnel dans son approche, toujours prêt à se soigner « .

Et, malgré son retard physique, son empreinte sur le groupe et les événements est déjà perceptible. Lors du stage au Maroc ses coéquipiers étaient plus concentrés quand Chabaud était dans les parages. Il a une certaine aura qui rassure et oblige les autres à s’appliquer. Laquait, BadouKéré, Chabaud, Smolders, CyrilThéréau : il y a de fortes chances pour que l’épine dorsale du Sporting prenne cette forme.

3) Pourquoi cela n’a pas fonctionné au Germinal Beerschot ?

The bad man in the bad place : Chabaud est arrivé à Anvers en terre hostile.  » J’ai été recruté à un poste où il y avait déjà Wamfor, Ederson et King. C’était la période où le Germinal Beerschot a enchaîné une série de neuf victoires d’affilée. L’entraîneur n’avait donc aucune raison de modifier son équipe. J’ai préféré continuer à travailler, sans évoquer le sujet avec Harm van Veldhoven. Mais je ne retiens rien de positif. Ce n’est pas en se tapant une heure de route pour aller disputer des matches de réserves qu’on est heureux… Si c’était à refaire, je ne signerais plus dans ce club. Je ne considère pas cette expérience comme un échec mais comme un mauvais choix « . En bon contact avec le club anversois depuis le transfert de François Sterchele, Charleroi sauta sur l’occasion.

Bertrand Laquait, grand copain de Chabaud, fit aussi le forcing pour qu’on ramène son ex-compagnon de Nancy.  » Sportivement, Sébastien n’a pas été traité correctement « , estime Didier Frenay son manager. Pour le reste, les Anversois n’ont mis aucun bâton dans les roues du joueur quand il a émis le souhait de partir. Deux ou trois clubs ambitieux de Ligue 2 étaient intéressés et quelques formations belges vinrent aux nouvelles. Certains contacts furent très concrets mais c’est le choix du c£ur qui l’emporta. Il recherchait une forme de stabilité que Charleroi était capable de lui donner « .

Chabaud fut aussi cité à Mons. Par contre, pas de nouvelles du Standard, qui tenta pourtant d’attirer le médian il y a un an.

4) Que faut-il retenir de son passage en Espagne ?

La Liga est le cimetière des milieux de terrain du championnat belge. Les médians de notre compétition à avoir trouvé leur bonheur en Espagne sont rarissimes. Le passage de Dominique Lemoine à l’Espanyol de Barcelone fut un fiasco total, celui de Frédéric Peiremans à la Real Sociedad et Geert Claessens à Oviedo un brin meilleur. Seul Yaya Touré (Beveren) fait sensation en Espagne mais l’Ivoirien a d’abord parfait ses gammes en Ukraine (Metalurh Donetsk), en Grèce (Olympiacos) et en France (Monaco) avant d’atterrir à Barcelone. L’expérience de Chabaud fut mi-figue, mi-raisin. Le premier chapitre fut rédigé en lettres d’or, le second valsa à la poubelle.

Quittant Charleroi en janvier 2007, Chabaud rejoignit Tarragone, ville portuaire de Catalogne située à une centaine de kilomètres de Barcelone. Il devint rapidement l’un des cadres de l’équipe en disputant la quasi totalité des rencontres du second tour. A la télévision ou sur place, Dante Brogno eut l’occasion de le voir en action.

 » J’étais présent à Bernabéu lors de Real Madrid-Tarragone « , raconte l’entraîneur des Espoirs carolos.  » Après le match, j’avais discuté avec Sébastien qui avait été fortement marqué par les montées madrilènes : Quand tu joues contre ce genre d’équipe, tu n’as pas le temps de réfléchir, m’avait-t-il confié. Tu te contentes de courir après le cuir et tu ne vois presque rien. Dès que tu presses un homme, le ballon a déjà circulé entre plusieurs adversaires. Son passage à Tarragone a constitué une expérience de vie. Là-bas, il a appris ce qu’étaient le haut niveau et les sacrifices à accomplir pour y rester « .

Un an avant le sacre de l’Invincible Armada à l’Euro 2008, Chabaud découvrit le toque, cette façon de jouer typiquement hispanique basée sur la conservation du ballon par une succession de passes courtes et rapides :  » En Espagne, le jeu en une touche de balle est la norme. Les équipes aiment garder le cuir et les joueurs détiennent une technique au-dessus de la moyenne. C’est le meilleur championnat du monde. Mes six premiers mois ont été exceptionnels. J’ai foulé la pelouse des plus grands stades en tant que titulaire. Je suis rentré dans un autre monde « .

Mais sans parvenir à empêcher la relégation de Tarragone, qui termina dernier, et le départ de Paco Flores, son entraîneur. L’arrivée de Javier López Castro signifia le début des problèmes.  » Le nouveau coach a débarqué avec ses joueurs et les a directement alignés « , poursuit Chabaud.  » Il avait des idées bien arrêtées et il ne voulait surtout pas perdre de temps en D2. En début de saison, je me suis retrouvé sur le carreau en compagnie d’autres étrangers. L’équipe ne tournait pas et a vite flirté avec le bas du classement. Mais l’entraîneur ne voulait pas modifier ses plans. Plusieurs observateurs se sont émus de cette situation et n’ont pas compris pourquoi nous étions écartés. J’ai juste pris part à quelques matches de Coupe et j’ai fini par opter pour le Germinal Beerschot. Deux semaines après mon départ, j’ai appris que Lopez avait été destitué et que les éléments écartés avaient reçu leur chance. Cela ne veut pas dire que j’aurais joué mais bon… Cette période de six mois reste mon seul regret. Sans ça, je serais resté en Espagne « .

par simon barzyczak – photos: belga

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