Le football africain toujours mal loti

La passion du public pour les stars ne suffit pas.

En Europe, probablement en raison des nombreuses récriminations des clubs qui sont obligés de laisser partir leurs joueurs, on se demande pourquoi la Coupe d’Afrique des Nations a lieu tous les deux ans. En Belgique, les clubs peuvent demander le report des rencontres s’ils ont trois joueurs sélectionnés et on se souvient que, même si cela faisait désordre, certains clubs n’hésitaient pas à profiter de la situation. Ils demandaient le report du match de championnat parce que leur meilleur footballeur était blessé et non pas en raison de l’absence des Africains, qui n’avaient que quelques minutes de jeu.

Voici une dizaine d’années, lorsque la FIFA a essayé d’uniformiser le calendrier, certains pays avaient proposé que la CAN ait lieu tous les quatre ans en alternance avec le Championnat d’Europe (où jouent quasiment tous les expatriés). Mais Hammouda Ben Ammar, le représentant de la Tunisie, fit tomber cette idée en obtenant le soutien de la grande majorité des associations africaines. En outre, celles-ci râlaient que l’Asie ait reçu l’organisation d’une Coupe du Monde parce qu’elle possède de plus gros moyens financiers. En substance le discours était le suivant :  » Si on organise la CAN une fois tous les quatre ans, plusieurs pays n’accueilleront jamais cette manifestation alors qu’elle est vitale pour toutes les petites nations. Grâce aux subsides, elles peuvent construire des installations qu’elles n’auront jamais autrement. C’est déjà pas mal d’avoir un stade national où elles pourront organiser dans de meilleures conditions de sécurité les matches de l’équipe représentative.  »

Dans ses exemples, l’émissaire tunisien avait cité le Mali, qui avait organisé la CAN 2002 et ne l’aurait jamais fait sans les diverses aides. Aujourd’hui, si l’on en croit le ministre des Sports, Hamane Niang, la fédération malienne va débourser trois milliards de francs Cfa (4.570.759 euros) pour financer la préparation et la participation à la CAN. Les primes ont été dévoilées : 4.571 euros pour une victoire et 2.285 pour un partage. La qualification pour les demi-finales rapportera à chaque joueur 15.235 euros, celle pour la finale 18.283 et la troisième place 9.142. Inutile de préciser que ce n’est pas pour l’argent que les stars, comme Didier Drogba ou Samuel Eto’o, mettent le cap sur l’Angola. Et puis l’engouement populaire en Afrique est bien supérieur à celui que connaissent les Emirats Arabes Unis où vient d’être organisé le Mondial des Clubs. Si 40.000 personnes ont assisté aux rencontres de Barcelone et de l’Estudiantes La Plata, 2 à 4.000 personnes seulement y assistent aux matches de championnat. Et encore, une bonne partie de ces spectateurs sont payés : l’ultra (le supporter normal) reçoit 30 euros et le  » chef du peuple  » (responsable de groupe) 150. Sans cela, ils feraient comme la grande majorité de leurs compatriotes : regarder les matches sur les écrans plasma placés dans les centres commerciaux d’Abu Dhabi.

PAR NICOLAS RIBAUDO

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