« Le foot est ma vie, la NBA le fun »

Via le compte Twitter de Sacha Kljestan, chacun sait que le médian d’Anderlecht suit attentivement la NBA. L’Américain nous explique pourquoi il se passionne autant pour le basket US.

@Sacha Kljestan :  » Woke up to a LA Clippers win over the Lakers, great morning ! Now getting ready for our game tonight. Have a great Saturday everybody ! »

Le samedi 3 novembre, Sacha Kljestan s’est levé d’humeur guillerette. Quelques heures plus tôt, son équipe favorite en NBA avait battu sa voisine, rivale tant haïe de Los Angeles. Quelques heures plus tard, le joueur allait être titulaire pour la deuxième fois d’affilée. Le tweet du médian révèle l’importance du sport dans sa vie.

 » En plus du football et de la NBA, je suis aussi le football américain, le baseball, le golf et le tennis « , précise-t-il. Il est donc un passionné de sport, même s’il ne constitue pas une exception aux États-Unis où (regarder) le sport constitue une demi-religion.

L’Anderlechtois de 27 ans nuance nos propos.  » Au printemps, je suis toujours ébahi par l’enthousiasme suscité par le cyclisme auprès de mes coéquipiers belges et de tant de vos compatriotes. Les journaux consacrent des dizaines de pages au Tour des Flandres, à Paris-Roubaix puis au Tour. Le cyclisme est alors aussi populaire que le football. Au fond, on ne vit pas le sport moins intensément qu’aux États-Unis mais on s’intéresse à d’autres disciplines.  »

Ce qui est étrange, c’est que l’Américain soit tombé sous le charme du soccer européen et pas du football, du baseball ou du basketball. Son père Slavko est né en Serbie et a évolué en D2 yougoslave jusqu’à ce qu’il émigre pour Vancouver, après une dispute avec ses parents. Faute de permis de séjour, Slavko s’est glissé dans le coffre d’une voiture et a franchi la frontière américaine, illégalement.

 » Un supporter de football l’a abrité, il a fait la connaissance de ma mère et a acquis la nationalité américaine « , raconte Sacha.  » Il n’a pas pu poursuivre sa carrière sportive. Mon frère et moi avons été chargés de réaliser son rêve. Son entreprise de traitement de bois l’a accaparé mais sans l’empêcher de jouer avec nous au parc, pendant des heures, car nous devions devenir des joueurs de soccer.  »

Kljestan s’est également adonné au baseball jusqu’à l’âge de dix ans mais sa passion pour le football n’a fait que croître, alimentée par la Coupe du Monde 1994, aux USA.  » J’ai regardé tous les matches de l’Amérique et la finale Brésil-Italie, à Los Angeles. J’ai mesuré la popularité de ce sport dans le monde et j’ai commencé à rêver de disputer un jour ce Mondial. Je n’ai pas été repris pour l’Afrique du Sud mais j’espère ne pas rater l’édition brésilienne.  »

Showtime à Los Angeles

Même si le football a rapidement figuré en haut de sa liste des priorités, il s’est intéressé au basketball dès l’enfance. Ce n’est pas illogique puisqu’il a grandi à Huntington Beach, à une demi-heure au sud de Los Angeles, là où le légendaire Magic Johnson a assuré le spectacle à la fin des années 80 et au début des années 90, sous le maillot des Lakers.

 » Mon père le vénérait et ma grand-mère n’a pas raté beaucoup de matches des Lakers dans sa vie. Je me suis donc automatiquement passionné pour ce sport. Il me fascine parce que le passing y est aussi important qu’en football. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Steve Nash, un des meilleurs distributeurs de la NBA, affirme jouer au basket comme au football dans sa jeunesse. J’avais un anneau au-dessus du garage. Soit je m’exerçais à y tirer soit j’imaginais que la porte du garage était un but de football.  »

Petit et frêle, il lui a fallu du temps pour être remarqué dans son pays mais il n’a jamais baissé les bras, bien que sa passion pour le basket ne se soit pas éteinte.  » Je suis resté supporter des Lakers, surtout quand Shaquille O’Neal y a signé en 1996. C’est mon joueur préféré, toutes époques confondues, pour sa puissance inégalée et sa personnalité. He was always funny.  »

En 2004, quand Shaq s’est querellé avec son coéquipier Kobe Bryant et a rejoint Miami Heat, l’amour de Kljestan pour les Lakers s’est refroidi et il a jeté son dévolu sur les LA Clippers, qui ont pourtant été une des plus mauvaises formations de la NBA pendant une décennie.

 » Je jouais alors pour le CD Chivas, un club de Carson, une banlieue de Los Angeles. Le club était pensionnaire de MLS et sa direction était en contact avec les Clippers, qui nous offraient de temps en temps des billets. Les supporters, nettement plus bruyants que ceux des Lakers, m’ont impressionné, même si les fans des Lakers sont parfois très célèbres : Jack Nicholson, Robert De Niro, Denzel Washington, David Beckham… Cependant, le public est plus froid. Il s’échauffe un peu en deuxième mi-temps, pour autant que son équipe mène…  »

Le petit frère des Lakers a grandi et est devenu une des meilleures formations de la NBA, avec des stars comme Chris Paul et Blake Griffin. La rivalité des deux clubs s’est d’ailleurs accrue.  » Sans qu’ils deviennent des ennemis. Du moins cette rivalité n’a-t-elle rien à voir avec ce qu’on connaît en football, où les supporters d’équipes concurrentes ne s’adressent pas la parole au quotidien.  »

Seul supporter des Clippers de la famille, il a quand même souvent dû affronter les lazzis de ses frères, cousins, tantes et oncles.  » Surtout à la Noël, quand tout le monde se réunissait pour suivre le match traditionnel des Lakers ! Malheureusement, je ne peux plus le regarder depuis que la Belgique a inséré une journée de championnat à la Noël.

Cette fois, je vais quand même me rattraper : pendant notre courte trêve, je retourne aux States et le 4 janvier, j’emmène la famille au derby Clippers – Lakers. Mon manager travaille pour une agence de sport à LA et m’a procuré dix billets en business. Gratuitement, même si je suis prêt à payer, pour consoler ma famille de me voir si rarement.  »

Le match de la Noël

Sacha Kljestan devra regarder le match de Noël en Belgique, même si le décalage horaire complique les choses.  » Je ne me lève pas la nuit pour ça. J’aime dormir et je veux être en forme pour l’entraînement. Tous les matins, j’épluche les résultats et je lis les comptes rendus. Au club, je parle souvent avec De Sutter, Odoi et Molins de leurs joueurs de basket préférés. Le week-end, une fois le soir venu, je regarde en direct, sur l’ordinateur, les matches qui se jouent à 12 ou 13 heures, pour autant que je n’aie pas de match moi-même.  »

Heureusement pour Kljestan, les play-offs et la finale de la NBA se déroulent au terme de la saison de football. Il peut donc suivre ces événements à l’aise, des States.  » Sauf l’année denrière. Pendant mon voyage de noces, je n’ai regardé qu’une seule manche de la finale. Non pas que ma femme m’ait interdit de suivre ces matches car elle a elle-même joué au basket à l’école. Pendant l’intersaison, nous nous livrons d’ailleurs souvent à une compétition de tirs au panier, dans un parc non loin de la maison, à moins que nous ne disputions un match à quatre contre quatre, avec des amis. C’est parfait pour la condition.  »

L’été prochain, Kljestan pourra entretenir sa forme durant le Showdown in Chinatown, un match de football qui oppose chaque année des équipes mixtes de footballeurs et de joueurs NBA à New York. Les organisateurs, Steve Nash et Claudio Reyna, qui a joué notamment au Bayer Leverkusen, aux Glasgow Rangers et à Manchester City, ont déjà associé Thierry Henry, Salomon Kalou, Ryan Babel et Edgar David àdes stars de la NBA comme Jason Kidd, Tony Parker, Chris Bosh et Grant Hill.

 » J’ai reçu ma première invitation et je me réjouis déjà de jouer. Il sera amusant de montrer à ces vedettes du basket à quel point le football est difficile, surtout pour des hommes qui font plus de deux mètres « , rigole l’Américain.

Ce ne sera pas sa première rencontre avec les ténors de la NBA.  » Aux Jeux de Pékin, juste avant la cérémonie d’ouverture, j’ai pu bavarder avec Chris Paul, qui a ensuite rejoint les Clippers et est maintenant mon joueur favori, LeBron James, Dwyane Wade (Miami Heat, ndlr) et Kobe Bryant (LA Lakers, ndlr). Le courant est immédiatement passé avec Kobe car il adore le football. Je me suis immédiatement excusé : – Sorry, I’m a Clippersfan, mais il n’a pas trouvé ça dramatique.  » (Rires)

Bien qu’il soit devenu international, Kljestan doute que son nom dise grand-chose à James et Cie.  » Je suis plusieurs échelons en dessous d’eux, en matière de notoriété, même si les States s’intéressent beaucoup plus au football depuis quelques années.

Notre soccer ne suscite pas encore le même intérêt que le football américain, le basketball ou le baseball mais il a quand même atteint le quatrième ou le cinquième échelon, à égalité avec le hockey sur glace. Un match de Major Soccer League attire en moyenne 20.000 spectateurs et les Seattle Sounders en accueillent deux fois plus.

On peut suivre tous les matches en direct sur l’une ou l’autre chaîne sportive, de même que de nombreux matches de Premier League. Mais je ne crois quand même pas que le soccer devienne aussi big que la NBA.  »

Kljestan n’aurait-il pas préféré devenir basketteur ?  » Non « , répond-il fermement.  » Conquérir le titre NBA serait dingue mais mon rêve à moi, c’est de remporter la Ligue des Champions. La NBA est fun mais le football est ma vie. Il passe avant tout le reste. « 

PAR JONAS CRETEUR

 » Le courant est immédiatement passé avec Bryant car il adore le foot. « 

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