« Le foot de laboratoire italien est dépassé »

Emilio Ferrera loue l’esprit anglais et fustige la manière italienne.

Que vous inspirent les matches-aller des quarts de finale des coupes européennes?

Emilio Ferrera: Je constate que dans le cadre de la Ligue des Champions, les matches-retour conserveront tout leur attrait, à l’exception de Manchester United-Deportivo La Corogne où la cause me paraît définitivement entendue suite au succès des Anglais au stade Riazor. Ce qui m’épate chez les joueurs d’Alex Ferguson, c’est qu’ils ne se soucient jamais du passé. Ils ont eu beau s’incliner à deux reprises contre les Espagnols, cette saison, lors des matches de poule (2-1 et 2-3), cela ne les a pas empêchés d’aborder cet opposant sans la moindre arrière-pensée, comme s’ils n’avaient jamais enduré la défaite contre lui.

On ne peut en dire autant du Real Madrid, qui a joué avec une double occupation des flancs et un seul homme en pointe, Raul, au Bayern?

Je pense que Vicente Del Bosque avait raison en optant, au départ, pour la paire Roberto Carlos-Solari à gauche et Salgado-Geremi à droite. C’était non seulement la bonne manière de contenir les assauts des latéraux adverses Bixente Lizarazu et Willy Sagnol mais également l’idéal pour porter le danger dans le camp d’en face depuis cette portion du terrain. D’ailleurs, Solari fut longtemps insaisissable et il n’est pas inutile, sans doute, de rappeler que c’est par l’entremise de Geremi que les Madrilènes avaient paraphé le but d’ouverture. Le seul péché mignon du Real, durant ce match, ce fut sa suffisance. Ses joueurs ont cru trop tôt qu’ils avaient plié le match. Or, avec les Allemands, on en a toujours plein les pieds jusqu’à la dernière minute.

Cesar Dominguez avait relayé Iker Casillas dans les buts espagnols. Son vis-à-vis, Oliver Kahn, se blousa lourdement sur le goal de Geremi. Auparavant, dans cette même compétition, Fabien Barthez s’était fourvoyé par deux fois face au Deportivo La Corogne. Y aurait-il une crise chez les keepers?

Je ne pense pas qu’on puisse parler d’une crise à ce niveau. Mais il est évident qu’à cet échelon, toute erreur se paie cash. Le plus régulier, jusqu’à présent, aura été le portier polonais de Liverpool, Jerzy Dudek. Mais il est vrai qu’il évolue derrière une défense qui lui mâche fameusement la besogne. Ce n’est pas pour rien que les Reds n’ont toujours pas été battus en déplacement cette saison en Ligue des Champions.

La tâche du Bayer Leverkusen, défait 1-0 à Anfield Road, sera-t-elle beaucoup plus dure que celle de Barcelone, battu sur le même score à Panathinaïkos?

L’arrière-garde de Liverpool, c’est un bastion inexpugnable cette saison. Et j’ai bien peur que comme tant d’autres, les joueurs allemands se casseront les dents sur elle. Par contre, le Barça est capable, devant son public, de renverser la vapeur surtout qu’il ne lui reste plus que la Ligue des Champions pour sauver sa saison.

En Coupe de l’UEFA, beaucoup prévoyaient déjà une finale 100% milanaise. On est loin du compte?

L’AC ne doit évidemment plus se faire d’illusion. Mais je reste convaincu que l’Inter peut encore espérer inverser la tendance à Feyenoord, même si l’équipe locale sera survoltée à l’idée de jouer l’apothéose de cette épreuve dans son stade.

Le football italien est absent des quarts de finale de la Ligue des Champions depuis 2000 et une finale italienne en Coupe de l’UEFA, comme en 1995 (Parme-Juventus) ou 1998 (Inter Milan-Lazio Rome) est plus éloignée que jamais.

Le football italien traverserait une mauvaise passe. C’est l’évidence même. Ces dernières années, la créativité a cédé le pas à une approche rigoureuse, pour ne pas dire scientifique. Ce football de laboratoire, où tout est analysé minutieusement, ne paie pas. Au lieu de songer à ne pas encaisser, les Italiens feraient mieux de changer leur fusil d’épaule et de privilégier une approche plus offensive. Car malgré la présence chez eux de puncheurs d’exception, comme Gabriel Batistuta, Christian Vieri ou Francesco Totti, on arrive au constat que les Italiens ne savent plus attaquer au moment opportun. C’est quand même honteux quand on possède des joueurs de cette classe. (Bruno Govers)

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