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Le foot, c’est la vie!

On l’attendait spécial, unique, imprévisible. Avec des sentiments éparpillés à l’image de son organisation. Très européenne, trop. Un grand tournoi, c’est dans un grand pays, voire deux petits. Et basta. À force de vouloir faire plaisir à tout le monde, les dirigeants de l’UEFA semblent continuellement en quête de voix. Pour leur futur. Le foot, c’est aussi de la politique. De plus en plus. Tiens, puisqu’on parle politique, encore merci à nos dirigeants pour le magnifique exemple à ne pas suivre. Leur obsession du moi, de se la jouer constamment individuel, bafoue l’intérêt du collectif qui les a élus. Et prive le sport collectif numéro 1 d’un stade digne de son équipe. Et dire qu’on est la capitale de l’Europe. Mais bon, finalement, ce qui compte, c’est qu’en juillet notre nom soit inscrit en capitales sur le fronton de l’Europe footballistique.

La plus belle action de cet EURO a duré six secondes. Elle est venue des… mains de Cristiano Ronaldo.

On n’y est pas encore, mais le festin a bien commencé. Avec en entrée, une petite salade russe qu’on a digérée comme une salade verte. Légers, les Russes. Sans saveur, mais généreux. Tellement qu’ils nous ont bien aidés pour faire monter la mayonnaise belge. Une entrée en matière parfaite dans les chiffres, avec des conséquences qui ouvrent l’appétit. En plat, ça s’annonçait plus costaud. Ce le fut. Mais entre ces deux matches, il s’est passé des choses. Jamais je n’aurais cru que le foot pourrait m’offrir la vision de la mort. Jamais je n’aurais cru vivre en direct sur un plateau de télé un événement qui laisse sans voix. Où la seule expression est celle de paires d’yeux qui s’humidifient. La détresse des regards est contagieuse. Humainement et dramatiquement contagieuse. Heureusement, le drame irréversible, ce sera pour une autre fois. Les yeux peuvent de nouveau s’émerveiller du jeu.

Un jeu que les Belges ont perdu le temps d’une mi-temps. Paralysie, asphyxie. Jamais un absent n’a été aussi présent dans un match de football. Et là, je vous parle d’ Eriksen, pas encore de De Bruyne. Pour les Belges, il fallait plus que jamais dissocier l’émotionnel du mental. En fait, on n’a même pas eu le temps d’y penser. Le « heavy mental » danois a joué trop fort. Assourdissant, aveuglant, paralysant. Un entraîneur qui joue contre la Belgique n’a qu’une obsession: créer un manque d’espace et de temps. L’envisager tactiquement est la théorie. Pour qu’elle devienne la pratique, il faut un supplément d’âme. Les joueurs danois lui ont offert. Superbe, épatant. Oui, mais voilà, un autre aspect du rôle de coach, c’est d’être un réducteur d’incertitudes. En faisant monter De Bruyne, Martínez à fait monter notre serrurier. Celui qui à le trousseau de clés pour ouvrir les portes qui nous ramènent à notre jeu. Superbe, épatant. Démonstration éclatante que la bonne volonté, c’est bien, le talent, c’est mieux. Notre trio d’éclopés nous a guéris en trois coups d’intelligence, d’expérience et de beauté.

Cela dit, la plus belle action de cet EURO a duré six secondes. Elle est venue des… mains de Cristiano Ronaldo. Deux adversaires sortis du jeu par la gauche, le meilleur coéquipier de la santé remis au centre du terrain médiatique. Et même du terreau de la vie. Exit les sodas qui font tant de mal à la santé de notre jeunesse. Quelles que soient ses intentions, l’essentiel se trouve dans les conséquences. Ronaldo a fait plus pour l’avenir de la planète que tous les ministres de la Santé et de l’Éducation européens réunis. Il a rappelé que beaucoup de multinationales de l’agro-alimentaire sont plus intéressées par leur santé financière que par celle de nos jeunes. Une bonne crasse, c’est bon de temps en temps, pas tout le temps. On va se quitter avec un mea culpa en forme d’avant-plat. La soupe à la grimace, c’est moi quoi l’ai faite. Aveuglé par l’amour retrouvé grâce aux images de ces tribunes pleines du côté de Budapest, puis de cette communion avec les joueurs Hongrois à la fin du match, j’ai parlé avant de réfléchir. J’avais oublié qu’on était en Hongrie, celle de ce facho d’ Orban. La propagande est belle quand elle est signée Cristiano, pas Viktor.

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