Le fils de Diego

On est déjà en train de réaliser le film de sa vie alors que l’avant argentin commence seulement à profiter de son entente avec Wayne Rooney.

Carlos Tevez a trouvé ses marques à Manchester. Il aura toutefois dû patienter jusqu’à la fin septembre pour marquer son premier but. Et il tomba lors d’un des plus gros matches de la saison : contre Chelsea.  » C’était géant. J’aime me faire remarquer lors des grands matches. Je suis toujours resté calme mais d’autres personnes étaient sous pression à cause de mes performances « .

Le départ de Jose Mourinho à Chelsea signifie-t-il que la rivalité du club londonien sera moins forte ?

Carlos Tevez : Je ne pense pas que quoi que ce soit va changer parce que leur entraîneur n’est plus là. Les clubs de cette stature ne font pas reposer leur succès sur une personne, mais ont toute une structure en place.

United peut-il conserver le titre ?

Manchester United est comme Boca Juniors ou River Plate en Argentine. Ces clubs sont obligés de se battre pour le titre et s’ils ne finissent pas champions on estime que leur saison est ratée. Je pense qu’United est le principal candidat au titre, avec Arsenal en deuxième et Chelsea, en trois.

Comment appréhendez-vous le jeu physique aux Iles ? Vos adversaires essaient-ils de vous intimider physiquement ?

Je commence à bien connaître ce type de jeu puisque j’évoluais l’an dernier à West Ham. J’ai également bénéficié, cette année, d’une préparation complète d’avant-saison : je suis donc paré à tout. Personne ne m’intimidera. Si je n’ai pas eu peur lorsque je jouais à Fort Apache dans ma jeunesse, avec du verre cassé jonchant le sol et contre des gars qui me dépassaient tous d’une tête, ce n’est pas ici que je vais trembler !

Avez-vous dû modifier votre manière naturelle de jouer ?

Je n’ai pas vraiment dû modifier quelque chose. Tout ce que j’avais à apprendre, c’était d’utiliser davantage ma puissance physique contre mon opposant direct.

Alex Ferguson améliore-t-il votre rendement de joueur ?

Lui, plus que tout autre, est la personne qui a déterminé mon choix de venir à Manchester United. J’ai le sentiment qu’il me défendra toujours face à la critique négative. Je constate qu’il travaille de la sorte avec tous les joueurs du groupe. Il me fournit des conseils tactiques et des multiples données.

 » Ici je ne suis pas le meneur de jeu « 

Vous demande-t-on de jouer un rôle différent de celui qui était le vôtre à West Ham ?

Il y a quand même une différence. Alex Ferguson me donne plus de liberté en front de bandière, bien que mon jeu diffère parfois en fonction de l’adversaire. Je suis habitué à reculer de quelques mètres pour venir en aide aux médians, ce que j’ai fait à Boca, aux Corinthians et en équipe d’Argentine. A West Ham, c’était différent car on me demandait le plus souvent d’opérer en tant que meneur de jeu.

Certains ont suggéré que votre style de jeu était trop proche de celui de Rooney pour que vous évoluiez de concert ?

Je ne suis pas du tout d’accord avec cette affirmation. Tout le monde a pu constater récemment comment nous évoluons ensemble et sans problème. Je peux affirmer qu’au plus nous jouerons ensemble, plus nous apprendrons à nous connaître et plus nous ferons très mal aux défenseurs adverses.

A quel type de joueur créatif Cristiano Ronaldo vous fait-il penser ?

Il est très doué et intelligent et en plus, sa vitesse d’exécution est phénoménale. Je dirais qu’il partage certaines qualités avec Zidane et Riquelme. Balle au pied, il est évidemment aussi très fort. C’est toujours un plaisir d’être sur le terrain avec lui, parce que vous savez que vous allez recevoir le ballon exactement là où vous l’attendez.

Vous n’avez jamais caché que votre c£ur se trouvait aux Boca Juniors. Pouvez-vous suivre leurs matches ?

Je suis heureux de pouvoir regarder tous leurs matches le dimanche. L’équipe traverse des moments difficiles pour le moment, ce qui est difficile à supporter.

Un retour à Boca fait-il partie des possibilités ?

Pas pour le moment mais c’est quelque chose qui pourra s’envisager dans les quatre à cinq ans. Je veux être certain que si j’y retourne, c’est en pleine forme. Je ne veux pas quitter le football tant que je ne serai pas gros et incapable de bouger.

Entretenez-vous des liens avec les autres joueurs de Manchester ?

Pas beaucoup, parce que j’essaie de passer le plus de temps possible avec ma famille. Les choses sont différentes en Amérique du Sud. Ici, tout le monde fait son job puis rentre à la maison. Disons que je passe beaucoup de temps aussi avec Javier Mascherano, mon compatriote qui évolue à Liverpool, un autre club du nord-ouest.

L’amitié de Maradona et les chaussures de Riquelme

Diego Maradona a dit qu’il planifiait une visite en Angleterre pour venir vous voir jouer.

J’espère qu’il le fera. S’il vient nous voir ce sera une véritable révolution à Old Trafford.

Il a récemment dit qu’il vous considérait comme un fils et que vous lui rappeliez le joueur qu’il était à votre âge. La comparaison est-elle justifiée ?

Je sais qu’il m’apprécie beaucoup. Et bien sûr, je suis fier à chaque fois qu’il a des mots gentils à mon égard. C’est la même chose lorsque Riquelme parle de moi. Nous trois sommes des supporters de Boca Juniors et nous adorons le football. Pendant longtemps j’ai joué avec les chaussures que Riquelme m’avait offertes juste avant mes débuts à Boca. Il allait alors être transféré à Barcelone.

Etes-vous en contact régulier avec Maradona ? Vous donne-t-il des conseils ?

J’ai beaucoup parlé avec lui avant mon passage de Boca Juniors aux Corinthians et il m’a alors donné de précieux conseils. J’ai également passé quelques moments désagréables à cause de paparazzi, lorsque j’ai commencé à avoir une relation avec un top model argentin. Diego m’appelait souvent pour me dire comment je devais gérer cette situation.

Vous êtes à présent impliqué dans un film retraçant votre vie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le film est réalisé par le célèbre réalisateur argentin Gaston Pauls. Pour l’instant je ne fais pas encore grand-chose parce que les scènes tournées actuellement ont trait à ma jeunesse. J’aimerais qu’on puisse voir le film à travers le monde si c’est possible. J’aimerais montrer au monde entier comment c’est dans le monde de Tevez.

par dan brennan, esm -photo: reuters