Le feu sacré retrouvé

Le mythique club français a remporté son neuvième titre de champion de France. Retour sur un énooorme ouf de soulagement.

« Enfiiin putaiing !  » a hurlé la cité phocéenne sur le coup des 22 h 45 mercredi dernier. Après 18 années de disette, 18 longues saisons d’attente, certaines honteuses, d’autres simplement frustrantes, le titre de champion de France est finalement revenu à Marseille. L’étiquette de loser qui collait au club depuis le milieu des années 90 peut enfin être décollée. Certes, tout ne fut pas à ranger au rayon sinistrose ; l’OM est parfois passé tout près comme en 1999 où un but de PascalFeindouno dans les arrêts de jeu donna la victoire à Bordeaux face au PSG et surtout le titre aux Girondins.

Certes, il y eut deux finales de Coupe de l’UEFA en 1999 et 2004, perdues face à Parme et Valence. Mais aussi, et surtout seraient tentés de dire les plus fidèles supporters olympiens, ces championnats indignes comme en 2000 et 2001 où le club flirta avec la relégation. Même l’ennemi PSG, qui passa plusieurs fois tout près de la descente en L2, brandissait une Coupe nationale (de la Ligue ou de France) de temps à autre. Mais à Marseille, nada depuis cette fameuse victoire en finale de la Ligue des Champions à Munich en 1993, nada depuis ce coup de tête rageur de Basile Boli face au Milan (1-0) et les scènes de liesse qui en découlèrent, nada depuis le coup d’assommoir de l’affaire VA-OM (le joueur de Valenciennes, Jacques Glassmann révéla une tentative de corruption initiée par Jean-Jacques Edelyie, joueur de l’OM) qui plongea le club en L2 à la fin la campagne 1993-1994 et qui retira au palmarès du club le titre de champion remporté en 1993.

L’OM à jamais numéro un des Français

Malgré le long processus de réhabilitation, malgré plusieurs échecs vertigineux, une politique sportive régulièrement foireuse, des transferts burlesques (rappelez-vous les Stephan Vachousek, Andres Mendoza ou Christian Gimenez…), l’OM n’a jamais perdu son pouvoir de séduction. A l’image d’autres losers européens notoires comme l’Inter Milan qui dut aussi patienter 18 ans pour fêter le titre (1989-2007 ; si l’on ne prend pas en compte le titre gagné en 2006 des suites du Calciopoli) ou Benfica et ses 11 ans d’accessits entre 1994-2005, voire le Standard et son attente interminable de 25 ans, tous ont pu compter sur des masses entières d’irréductibles capables de maintenir la flamme et… de soutiens financiers flairant le potentiel commercial.

Marseille est toujours resté le club numéro un de l’Hexagone, les sept titres de rang des Lyonnais entre 2002 et 2008 n’y ont rien changé. Une récente étude réalisée par Scan Club démontre que l’OM compte 13 millions de sympathisants à travers la France et est le club le plus populaire dans 11 régions françaises – dont Paris et la région Île-de-France ! Cette année, les Azuréens pouvaient compter sur une base de 42.000 abonnés ; et la saison prochaine, ce chiffre devrait sans trop de difficultés dépasser la barre des 45.000. L’OM a notamment vendu 420.000 maillots officiels (à 72 euros pièces !) cette saison, dont 200.000 avec le nom Lucho dans le dos. Quant au chiffre d’affaires en produits dérivés, il atteint les 50 millions d’euros… Des montants qui font évidemment pâlir d’envie les différents présidents de clubs de L1 et certainement le plus ambitieux d’entre eux, Jean-Michel Aulas (président de Lyon), qui malgré des moyens financiers plus importants (145 millions d’euros de budget pour l’OL contre 125 millions pour l’OM) sait pertinemment qu’il ne remportera jamais la bataille des c£urs.

Comment l’OM est redevenu l’OM

Si le bilan final de l’Olympique de Marseille est extrêmement positif grâce à sa victoire en Coupe de la Ligue et en championnat, les observateurs ont longtemps cru à une saison à l’image des dernières. L’OM avait d’ailleurs bouclé le premier tour sous les huées du Vélodrome après une défaite (0-2) face à Auxerre. L’OM était alors 4e, loin derrière Bordeaux, champion en titre. Le début 2010 n’était pas plus heureux. Le 30 janvier, l’OM est balayé par la surprise de la saison Montpellier (2-0). L’écart avec les Girondins est alors de 12 points. Un gouffre que peu de gens voient combler.

Didier Deschamps, lui, n’est pas au tapis et inflige des changements. Stéphane Mbia est imposé au côté de Souleymane Diawara en défense centrale et GabrielHeinze est relégué à l’arrière gauche ce qui pousse TayeTaiwo, personnage central de l’OM version EricGerets sur le banc. Ce changement est décisif, l’OM se transforme en forteresse, au milieu c’est aussi la révolution puisque Benoît Cheyrou, meilleur joueur du premier tour, est contraint suite à une blessure au mollet, de voir Charles Kaboré à prendre sa place et ne plus la rendre. Le Burkinabé, indésirable en début de saison et qui est habitué à dépanner à l’arrière droit, impressionne par ses qualités physiques avec à ses côtés Edouard Cissé (dit l’Intello), qui a relayé Mbia à la récupération. Devant, MathieuValbuena mouline et déstabilise les défenses après l’essoufflement d’ Hatem Ben Arfa, auteur pourtant d’un hiver enthousiasmant.

Avant la défaite pour du beurre à Lille samedi dernier (3-2), Marseille réalisa un impressionnant 43 sur 54 et aligne sept victoires consécutives entre le 21 mars et le 25 avril. C’est également à cette époque (27 mars) que l’OM s’adjuge la Coupe de la Ligue en étrillant Bordeaux (3-1) dans une rencontre aux allures de passage de témoin.  » Bordeaux joue plus au ballon, Marseille c’est plus à l’italienne « , dira plus tard l’entraîneur de Rennes, Frédéric Antonetti.  » L’OM domine le championnat grâce à son impact athlétique et physique « , estime Christophe Dugarry, consultant pour Canal+. L’OM version 2009-2010 est très loin de la flamboyance des Abedi Pelé ou Chris Waddle période Tapie. Aujourd’hui, c’est plus besogneux, la décision s’est souvent faite en seconde mi-temps après avoir épuisé l’adversaire. Ben Arfa, le plus grand talent de l’effectif, se farcit le banc plus souvent qu’à son tour. Tout un symbole.

Cherche attaquant de classe

Reste que si l’OM veut grandir comme le souhaite Deschamps, il va falloir investir à plusieurs postes clefs. L’été dernier, les dirigeants marseillais avaient cassé leur tirelire pour rameuter Lucho (18 millions), Mbia (12 millions), Diawara (7 millions), etc. Il semble que la prolongation de la Dech’ passerait par un nouveau recrutement ambitieux. L’arrière droit, Olivier Bonnard, est l’archétype du joueur méritant mais qui affiche aussi ses limites. Le Rennais Rod Fani, appelé par Domenech cette année, est souvent évoqué pour le suppléer. Alou Diarra pourrait faire le même coup que Diawara 12 mois plus tôt en quittant la Gironde pour la Provence et muscler encore le milieu de terrain. Reste qu’où il faudra frapper fort, c’est devant.

Arrivé en janvier 2009, Brandao a une belle part de mérite dans le titre de cette année grâce surtout à une mentalité de guerrier prêt à batailler dans le rectangle pendant 90 minutes. Ses déchets techniques sont toutefois trop criants comme ses loupés devant le but. Les noms de Jimmy Briand (international français) ou d’ Ireneusz Jelen, international polonais et auteur d’une grosse saison avec Auxerre, reviennent régulièrement dans les canards. D’autres attendent un attaquant de classe internationale pour briller en Ligue des Champions. Certains rêvent même du retour de Didier Drogba, qui a pourtant autant de chance de se réaliser que celui de Gerets au Standard… Sinon, le supporter marseillais s’est mis à la numérologie et évoque la théorie des cycles. En 1989, l’Olympique de Marseille avait débuté sa série de quatre titre consécutifs (89, 90, 91, 92) sur un doublé Coupe/championnat après une disette longue de 17 ans. À Marseille, tout le monde espère que l’histoire se répète….

« L’OM domine le championnat grâce son impact athlétique et physique.

(Dugarry) »

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