« LE DINAMO N’ETAIT PAS UN FOUDRE DE GUERRE »

Conformément à vos prévisions, Bruges a bel et bien franchi l’écueil du Dinamo Bucarest?

Certains avaient fait un plat de cette équipe avant la double confrontation contre le Club mais dès le match aller, chacun aura pu constater que les Roumains n’étaient pas des foudres de guerre. Ils développent un jeu complètement obsolète, un peu comparable à celui distillé par la Russie contre la Belgique à la Coupe du Monde. Mais, surtout, ils pèchent par une incroyable naïveté à ce niveau. La façon dont ils tendent le piège du hors-jeu, notamment, est tout à fait risible. Au stade Jan Breydel déjà, les Bleu et Noir avaient pu s’enfoncer à qui mieux mieux dans la défense adverse et il n’en est pas allé autrement au retour. Il va de soi que face à des éléments aussi rapides et incisifs qu’Andres Mendoza et José Duarte, cette manière de faire ne pardonne pas.

Andres Mendoza avait été le grand artisan de la victoire des Flandriens lors de la première manche. Au retour, c’est surtout Rune Lange qui a crevé l’écran. A l’image de son compère d’attaque péruvien, souvent décrié, le Norvégien est-il un joueur sous-estimé d’après vous?

On ne marque pas 20 buts en championnat de Belgique, comme ce fut le cas pour Rune Lange la saison passée, si on est dépourvu de qualités. La différence essentielle entre les deux hommes, c’est qu’Andres Mendoza est capable de gagner un match à lui seul, comme il l’a prouvé en finale de la Coupe de Belgique contre l’Excelsior Mouscron, tandis que Rune Lange est vraiment tributaire de ses coéquipiers pour forcer une décision. C’est pourquoi, sur l’échelle des valeurs individuelles, Andres Mendoza se situe, à mes yeux, plus haut que son partenaire à la pointe de l’attaque brugeoise. Le Péruvien est de ceux qui parviennent à marquer en toutes circonstances, quel que soit le club au sein duquel ils évoluent. Je peux me tromper, mais je ne crois pas que le Norvégien aurait été capable de marquer autant s’il avait joué à Beveren par exemple. Andres Mendoza, lui, y serait parvenu, c’est sûr.

D’aucuns pensaient que Trond Sollied modifierait ses batteries en fonction du déplacement à Bucarest. Mais il a aligné exactement le même 11 de départ…

Les Anglais ont coutume de dire:  » Never change a winning team« . Le coach brugeois, lui, va beaucoup plus loin encore en ne modifiant jamais son équipe tout court, quelles que soient les circonstances. Sauf s’il y est forcé, par suite de blessures ou de suspensions. L’avantage, c’est que les joueurs, toujours confrontés aux mêmes schémas, sont nettement mieux rodés que dans d’autres clubs où l’on change d’optique en fonction de l’opposition. A force de répéter les mêmes gestes tout le temps, il est évident que les joueurs brugeois en viennent progressivement à éliminer les déchets et tendent vers la perfection. Ce qui m’a sidéré à Bucarest, entre autres, c’est la qualité des balles en profondeur de tous les joueurs brugeois, sans exception. Qu’il s’agisse de Gaëtan Englebert, de Timmy Simons ou encore de Peter Van der Heyden, tous ces ballons arrivent toujours à destination. C’est d’ailleurs sur l’un de ces services, mais de Birger Maertens, que Rune Lange a inscrit le seul but du match.

Le Shaktar Donetsk se dresse à présent sur la route du Club. Un adversaire autrement plus coriace.

Pour moi, c’est la bouteille à l’encre, je l’avoue. Mais quand on peut tabler sur un budget de près de 50 millions d’euros et qu’on possède Nevio Scala comme entraîneur, il s’agit quand même de références. Le Shaktar sera, à n’en point douter, une autre paire de manches que le Dinamo Bucarest.

Que vous ont inspiré les verdicts des autres matches préliminaires ainsi que ceux de l’Intertoto?

Ils me paraissent conformes à la logique. La seule surprise de dimension, c’est peut-être la qualification de Lille à Aston Villa, après que les Nordistes eurent fait match nul sur leurs terres à l’aller. Les Français ont sans doute profité du fait qu’ils étaient déjà dans le grand bain de la compétition, dans leur pays, alors qu’en Angleterre, les clubs en étaient encore au stade de la préparation. Le même raisonnement peut d’ailleurs être étendu à Troyes, qui a évincé Villareal avant d’être éliminé sur le tapis vert pour avoir aligné un joueur non qualifié..

Bruno Govers

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