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LE DIABLE DU PAIRAY

Gill Swerts a eu 34 ans fin septembre. Cela faisait six mois que le Diable Rouge n’avait plus de club. Entre-temps, il a signé au RFC Seraing, en D1 amateur.  » J’aime trop le football pour arrêter maintenant « , dit-il.

C’est avec un peu de retard que Gill Swerts arrive au rendez-vous.  » En principe, comme nous nous entraînons tôt, je parviens à rentrer à Schilde (où il habite, ndlr) avant l’heure de pointe mais cette fois-ci, je n’ai pas eu de chance « , rigole le défenseur qui, en octobre, s’est engagé jusqu’en fin de saison avec le RFC Seraing, seul club professionnel de D1 amateurs avec Beerschot-Wilrijk.

Swerts était encore très jeune lorsqu’il est parti jouer aux Pays-Bas. En 2006, lorsqu’il fut appelé pour la première fois en équipe nationale, il disait qu’en Belgique, personne ne le connaissait. Mais il ne regrette rien.  » Contrairement à mes parents. Ils me l’ont dit plus tard : ça n’a pas été facile pour eux de voir leur petit dernier quitter le nid familial dès l’âge de 14 ans.

J’avais quitté Beveren pour le centre de formation de Feyenoord. Plus tard, mon père m’a dit qu’Anderlecht s’était également intéressé à moi mais ce n’était pas un club réputé pour laisser une chance aux jeunes. C’est pourquoi je suis parti à Feyenoord en même temps que Thomas Buffel, Kristof Snelders et Sam De Meester. Snelders est rentré en Belgique après un an car il ne supportait pas la mentalité hollandaise, Buffel a fait une belle carrière et De Meester n’a jamais percé. Comme quoi chacun a eu son histoire.  »

Prêté à plusieurs clubs, c’est à Vitesse Arnhem que Swerts a fini par s’imposer. Il avait 23 ans lorsque René Vandereycken l’a appelé en équipe nationale. Pendant plusieurs années, il a été titulaire chez les Diables, au poste d’arrière droit.  » A l’époque, les résultats n’étaient pas terribles mais ce furent de belles années. Beaucoup de gens l’ont peut-être oublié mais, à la même époque, Vandereycken a aussi appelé EdenHazard, Axel Witsel, Marouane Fellaini, Mousa Dembélé et JanVertonghen. C’est là qu’on a jeté les bases de l’équipe actuelle. Les résultats n’ont pas suivi tout de suite mais l’ambiance au sein du groupe était excellente.  »

RENOUVEAU AVEC ADVOCAAT

 » Beaucoup de ces joueurs arrivaient à peine au plus haut niveau. Il n’y avait pas beaucoup d’automatismes et plusieurs joueurs n’étaient pas alignés à leur meilleure place. Après la défaite à domicile face à la Bosnie (2-4, ndlr), nous avons touché le fond.  » Après l’inévitable licenciement de Vandereycken et une courte période sous la direction de Frank Vercauteren, l’arrivée de Dick Advocaat a impliqué de nombreux changements chez les Diables.

 » Avant son arrivée, nous nous entraînions sur de mauvais terrains et nous dormions dans des hôtels de piètre qualité. Advocaat a ouvert les yeux des responsables fédéraux et introduit plus de professionnalisme. On dit toujours que GeorgesLeekens et MarcWilmots sont à la base du succès actuel des Diables mais, selon moi, Advocaat a joué un rôle bien plus important qu’eux.  »

En octobre 2009, Gill Swerts disputait son dernier match international. Il avait 27 ans.  » J’ai compris qu’en football, tout pouvait aller très vite. Un an plus tôt, j’avais connu la plus belle saison de ma carrière : j’étais titulaire à AZ et nous avions été champions sous la direction de Louis van Gaal. La saison suivante, Ronald Koeman a été limogé à la mi-championnat et c’est Advocaat qui lui a succédé. De plus, fin 2009, je me suis déchiré le tendon d’Achille et je n’ai plus jamais retrouvé mon niveau.

Ni Koeman ni Advocaat n’ont réellement compté sur moi. J’aurais dû quitter les Pays-Bas en 2010. J’aurais pu aller à Saint-Etienne mais je venais d’avoir une petite fille et je voulais la voir grandir. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir et j’ai refusé. Gertjan Verbeek est arrivé et il ne croyait pas du tout en moi. Entre-temps, beaucoup de joueurs sont arrivés en équipe nationale. Je n’y avais plus ma place mais je comprenais.  »

LE PIED CHEZ LES MÉTALLOS

Swerts a livré plus de 200 matches en D1 hollandaise et il a été international à 17 reprises. L’été dernier, pourtant, on ne se bousculait pas au portillon pour le faire signer.  » En février, après la rupture du contrat qui me liait à Notts County (League Two anglaise, ndlr), je me suis entraîné individuellement et j’ai joué de petits matches avec les joueurs sans contrat. Comme je n’ai plus d’agent depuis plusieurs années, j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé des clubs moi-même mais on aurait dit qu’en Belgique, personne n’avait besoin de moi.

Les clubs anversois de 1A et de 1B ne m’autorisaient même pas à venir m’entraîner. En D1 amateur, en termes de distances, le Beerschot-Wilrijk et Geel étaient plus intéressants que Seraing mais leur noyau était déjà complet. Finalement, c’est Patrick Vervoort, que je connais depuis longtemps, qui m’a mis en contact avec Seraing en septembre. Je m’y suis entraîné pendant quelques semaines et je m’y suis plu. C’est un club professionnel qui s’entraîne en journée et possède des joueurs très talentueux. Et, ce qui ne gâte rien, je m’y amuse vraiment.  »

PAR KOEN FRANS – PHOTO BELGAIMAGE – YORICK JANSENS

 » Les clubs anversois ne voulaient pas que je m’entraîne chez eux.  » GILL SWERTS

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