Le dernier transfert

Voici pourquoi l’ex-milieu de Liverpool est finalement le transfert le plus important du Real Madrid.

Sur les huit transferts du Real Madrid cet été, celui de XabiAlonso est celui dont la réalisation a donné le plus de mal à FlorentinoPerez. Même si le joueur avait émis de longue date le souhait de rejoindre le Real Madrid – selon RafaelBenitez, il en avait déjà fait part en mai – Liverpool s’est fermement opposé au départ de son milieu de terrain. Les Reds avaient fixé son prix à 40 millions, avant de revoir leurs prétentions à la baisse. Jusqu’à 30 millions, apparemment.

Au total, le Real aura donc dépensé 258 millions en transferts.  » Un sacrilège « , aux dires du Premier ministre italien et propriétaire de l’AC Milan, SilvioBerlusconi. Mais l’acquisition d’Alonso n’est pas un caprice de plus du président madrilène. C’était une priorité sportive absolue, depuis que Perez avait décidé de se présenter aux élections présidentielles. Il aurait même dû être le premier joueur à rejoindre le stade Santiago Bernabeu. Mais comme les Anglais ont mis des bâtons dans les roues, ManuelPellegrini a dû se résoudre à entamer la préparation à la nouvelle saison sans l’une des pièces maîtresses du nouveau projet.

La pièce manquante

Alonso était la pièce manquante du puzzle. Grâce à son arrivée, et son probable positionnement aux côtés de LassanaDiarra comme deuxième demi défensif, des joueurs comme Kaká et CristianoRonaldo pourront donner libre cours à leur créativité offensive, le rôle pour lequel ils ont été engagés. Le travail de sape de Xabi devra leur permettre d’éblouir la galerie avec leurs tours de magie. Le Real Madrid s’est enfin rendu compte que le jeu des grandes équipes se construisait à partir de l’entrejeu. Perez a promis de ne plus commettre les erreurs constatées lors de son premier mandat, lorsqu’il s’était rué sur ce qui brillait en perdant de vue les notions les plus élémentaires d’équilibre au sein de l’équipe. Cela fait près de dix ans que les Merengues cherchent en vain le successeur de FernandoRedondo, dont le départ a été dramatique, tant au niveau sportif que financier. On a dépensé beaucoup d’argent pour lui trouver un digne remplaçant, mais le rendement des recrues a rarement été à la hauteur de l’investissement consenti.

Petit récapitulatif des échecs antérieurs à un poste crucial.

2000-2001 : AlbertCelades est le premier joueur qui débarque avec l’objectif de succéder au PrinceFernando. Formé dans les équipes d’âge du… Barça, il a joué quatre saisons avec l’équipe Première des Blaugranas et débarque à Bernabeu après avoir évolué une saison au Celta Vigo. Il arrive en même temps que ClaudeMakelele et c’est le Français qui endossera le rôle d’acteur principal dans l’entrejeu, mais dans un style très différent de celui de Redondo. Celades ne s’est jamais imposé et c’est finalement IvanHelguera qui jouera aux côtés de Makelele dans la ligne médiane.

2001-2002 : VicenteDelBosque reconduit le duo central Makelele-Helguera. Celui-ci se contente d’un travail de récupération, à charge pour ZinédineZidane de tirer l’équipe vers le haut. Guti commence à obtenir une chance comme organisateur dans les derniers matches de championnat.

2002-2003 : l’arrivée d’ EstebanCambiasso ne règle pas le problème. L’Argentin supporte mal la pression de Bernabeu et ne parvient pas à conquérir une place de titulaire. Dans les moments difficiles, il est incapable de secouer ses partenaires. Del Bosque préfère confier à Guti le soin de diriger l’équipe. Helguera devient défenseur central, et pour élaborer les actions offensives, il y a toujours Zidane.

2003-2004 : les problèmes s’accentuent. Le départ de Makelele accroît encore le déséquilibre dans l’entrejeu et l’acquisition d’un médian récupérateur semble être une absolue nécessité, mais Perez préfère engager DavidBeckham. Cambiasso tente bien de compenser la perte de Makelele, mais c’est finalement Beckham lui-même qui officiera aux côtés de Guti. Celui-ci s’érige en organisateur improvisé. La saison est sauvée tant bien que mal, mais les supporters et le staff technique exigent le renforcement de cette position.

2004-2005 : Perez engage MichaelOwen mais oublie une fois encore de renforcer l’entrejeu. Beckham, Zidane et Guti survivent comme ils le peuvent à un système dont le caractère anarchique et confus est encore accentué par la valse des entraîneurs cette saison-là : JoséAntonioCamacho, GarciaRemon et WanderleyLuxemburgo se succèdent à la barre. Avec l’entraîneur brésilien débarque également, au c£ur de l’hiver, le Danois ThomasGravesen, un footballeur fruste et sans technique dont le travail de récupération libéra néanmoins les Galactiques de leur rôle défensif pour conférer un brin d’équilibre à l’équipe.

2005-2006 : l’arrivée de PabloGarcia aurait dû colmater les brèches dans l’entrejeu, mais le joueur uruguayen n’est jamais parvenu à devenir un titulaire indiscutable. Les baisses de rendement de Zidane, qui recula d’un cran dans le jeu, et de Ronaldo, en proie à des blessures à répétition, firent de ce Real Madrid un très petit cru. En outre, l’entraîneur LopezCaro n’osa pas offrir une chance à RubenDeLaRed, qui était en train d’exploser au sein de l’équipe filiale, et continua à confier à Guti le rôle d’organisateur.

Deux titres mais les mêmes carences

2006-2007 : l’ère RamonCalderon commence par une requête de FabioCapello qui réclame un rééquilibrage de l’entrejeu et obtient l’engagement de MahamadouDiarra et d’ Emerson. Mais la volonté de recruter un médian capable de donner les impulsions offensives se heurte au non de CescFabregas. Malgré le titre de champion conquis par le Real, Emerson ne parviendra jamais à mettre Bernabeu dans sa poche et le système de jeu préconisé mettra au grand jour ses carences comme organisateur. En hiver, le recrutement de FernandoGago, présenté comme le véritable successeur de Redondo, apporte un éclair dans la grisaille. L’Argentin s’impose rapidement et termine la saison sur un très haut rendement : c’est la révélation du championnat.

2007-2008 : WesleySneijder débarque pour occuper le flanc droit de l’entrejeu, où il réalisera quelques bonnes prestations. Le Néerlandais exécute à la perfection les tâches qu’on attend d’un milieu de terrain complet. Les deux demis récupérateurs demeurent Gago et Diarra. Ils réalisent un travail sobre mais utile, et le Real obtiendra un nouveau titre de champion.

2008-2009 : les renforts ne se révèlent pas à la hauteur. Le seul médian compétitif, LassanaDiarra, prendra la place de son homonyme Mahamoudou, blessé. RafaelvanderVaart commencera bien la saison mais la terminera sur le banc. Sneijder, qui avait laissé entrevoir de belles possibilités la saison antérieure, ne confirmera pas. Gago, victime du pauvre jeu pratiqué par l’équipe,  » prendra sa retraite  » le jour du 2-6 encaissé des £uvres du Barça. JaviGarcia, un produit du cru, n’apportera pas davantage les solutions au problème. On attend trop de lui et il sombrera avec l’équipe lors des moments difficiles.

Complémentaire avec Lassana Diarra

ReynaldDenoueix, l’entraîneur français sous lequel XabiAlonso s’est définitivement imposé à la Real Sociedad, témoigne :  » Comme footballeur, il possède une qualité fondamentale : il connaît le jeu à la perfection. Comme être humain, il possède une qualité encore plus fondamentale : la faculté à s’intégrer dans un groupe et à se faire respecter. A la Real Sociedad, il était encore très jeune mais il se comportait déjà en patron, par ses actes plus que par ses paroles. Il était capable de s’extirper de situations très compliquées, grâce à sa science du jeu et à ses mouvements variés. La présence, devant lui, de joueurs comme DarioKovacevic et NihatKahveci lui permettait aussi de rechercher fréquemment la profondeur. Lorsqu’il se déportait sur un flanc, il était également capable de délivrer de bons centres. A Liverpool, il a gagné en personnalité et en expérience : cela devrait lui permettre de s’imposer dans la ligne médiane du Real Madrid. Il devrait être complémentaire avec Lassana Diarra, grâce à sa mobilité et à sa faculté d’orienter le jeu. Il sent le moment où il faut jouer long ou court, ralentir ou accélérer. Il a aussi une autre grande qualité : il cherche toujours à faire bouger le ballon et non à le retenir. Si ses partenaires le sollicitent par des appels, il mettra un point d’honneur à les servir sur un plateau d’argent. Il privilégie toujours le jeu collectif aux actions individuelles.  »

« Xabi Alonso n’est pas un caprice mais une priorité sportive absolue. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire