LE DERNIER DINOSAURE

L’Antwerp a perdu de son éclat d’antan. De finaliste de la Coupe d’Europe, il est devenu un club très moyen de D1, capable d’un exploit de temps à autre. Son président, Eddy Wauters, se fait vieux. Mais lui n’a rien perdu de son aura. La preuve encore lorsque Het Nieuwsblad évoque avec lui le projet de ramener la D1 à 14 clubs.

« Tout ce qui se passe actuellement dans le football me dégoûte », dit-il. « J’ai peut-être trop tendance à comparer avec le passé. Lorsque nous avons fondé la ligue professionnelle, c’était dans le but de faire progresser le football, de coopérer. Aujourd’hui, chacun ne songe qu’à détruire son voisin et tout se décide en coulisses. On a d’abord exclu les cinq clubs de D2. Maintenant, on veut réduire la D1 à 14. Immédiatement, sans période de transition. Et bientôt, ils ne seront plus que huit. J’ai demandé quelles étaient les conditions d’accès au G5. Anderlecht et Bruges, d’accord. Mais Genk jouait toujours en D2 lorsque nous avons disputé la finale de Coupe des Coupes à Wembley. Le Standard est un club artificiel qui dépend d’un seul homme et a fait moins bien que nous au cours des 20 dernières saisons. Pareil pour La Gantoise, qui n’a jamais été champion et a plus de dettes que nous ».

Pour lui, l’Antwerp est menacé. « Je ne sais pas si c’est le club ou moi qu’on vise. On dit que je suis un adversaire difficile mais c’est parce que je connais mes dossiers: je plaide pour une D1 à 18 clubs, une juste répartition des droits de TV et une politique commerciale commune. Les grands clubs m’énervent lorsqu’ils prétendent qu’ils veulent faire avancer le football belge avec leurs idées. Leurs arguments ne tiennent pas la route. Ils disent par exemple que le calendrier est surchargé mais, au décompte final, on va jouer plus de matches. Une diminution du nombre de clubs leur rapporterait 2 à 2,5 millions d’euros dans un budget de 15 millions d’euros. Cela va-t-il leur permettre de chatouiller Manchester United, dont le budget est de 250 millions d’euros? »

En principe, les grands clubs ne peuvent pas obtenir la majorité des deux tiers permettant de changer le nombre de clubs. « Mais je crains le lobbying, les combines. Si je m’aperçois qu’on tente de former un cartel, j’irai au tribunal ».

Wauters sait bien sûr que tout est plus compliqué aujourd’hui mais il insiste pour que le football ne perde pas son côté émotionnel. « La police a tout à dire. Mais ce n’est pas une raison pour se tirer dans les pattes. Certains dirigeants manquent de professionnalisme, voire d’intérêt pour le football. Je n’aime pas parler de cela car on va encore dire que je suis négatif. Et de toute façon, on n’écoute pas: les chiens aboient, la caravane passe ». (P. Sintzen)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire