Le dernier des Molenbeekois

L’ultime rescapé du Daring pleure ses sous et son club.

Pour une première à cet échelon, l’ex-capitaine des rouge-noir-blanc dut composer avec un effectif peu rompu avec les exigences de la D1 puisque, faute de véritables moyens financiers, le RWDM ne put se permettre d’avoir les yeux plus grands que le ventre.

Après une mièvre récolte d’un point après sept journées, la direction du club se résolut à écarter son ancien joueur, en lui promettant une réinsertion dans l’organigramme de la section professionnelle au nom d’un vécu de 33 ans au Boulevard Mettewie. Six mois plus tard, l’intéressé n’a toujours rien vu venir. Et s’apprête à dire adieu.

Patrick Thairet: Si la situation est restée au point mort durant tout ce temps, c’est parce que je ne souhaitais pas franchir ce pas-là tant que les dirigeants molenbeekois n’avaient pas respecté leurs engagements à mon égard. Vous devez savoir que j’avais deux contrats au RWDM: un comme indépendant et un autre encore comme salarié, en vertu de ma double activité comme entraîneur du noyau pro et de responsable de l’école des jeunes. Si le club a toujours honoré les termes de mon accord comme entraîneur des jeunes, il n’en va pas du tout de même pour mes activités dans le cadre de l’équipe-fanion. J’ai reçu, au total, la somme de 100.000 francs pour avoir dirigé la Première l’espace de dix matches, en 2000-2001, à majorer de la participation au tour final et de l’accession parmi l’élite. C’est une aumône et, depuis lors, je n’ai plus eu droit au moindre franc. Je réclame 40.000 euros au club, donc, qui conteste à présent mes prestations en matière de scouting. C’est franchement le monde à l’envers. Je ne pensais pas que les gens pouvaient à ce point être malhonnêtes. Et je sais, aujourd’hui, que le président Erik De Prins fait partie de ceux-là. Malheureusement pour moi. J’assume ma situation cette année. Mais il est exclu que je continue mon travail au RWDM la saison prochaine. Je ne vais pas bosser plus longtemps pour quelqu’un qui ne fait pas preuve de la correction la plus élémentaire.

Malgré tout, vous avez toujours poursuivi vos fonctions, jusqu’ici, à la tête du centre de formation. N’auriez-vous pas pu mettre cette activité en veilleuse en attendant votre dû?

Si je l’avais fait, on m’aurait reproché de ne pas respecter les modalités de cet engagement. Il valait donc mieux que je persévère. Je ne voulais pas non plus laisser tomber tous ceux qui ont travaillé sous mes ordres pendant toutes ces années et qui sont dans l’expectative aussi. Depuis novembre, la plupart des entraîneurs n’ont plus perçu le moindre franc. Il en va là, mensuellement, de sommes qui oscillent entre 200 et 300 euros. Il est dommage que pour l’obtention de la licence, les clubs doivent uniquement prouver qu’ils sont en ordre de paiement pour les joueurs mais non pour les entraîneurs et le personnel du stade. Sans quoi, le RWDM serait encore plus mal loti qu’il ne l’est aujourd’hui. Si, au montant d’un million et demi d’euros il fallait ajouter tous les autres frais que le club doit rembourser, on arriverait vite à un joli pactole. C’est bien simple, il ne se passe pas un jour sans que l’on reçoive la visite de l’un ou l’autre huissier. C’est tout dire.

Comment expliquez-vous les continuels problèmes de trésorerie du club?

Tout ce que je puis dire à ce sujet, c’est que pendant des années, on a bouclé notre budget de 250.000 euros auprès de l’école des jeunes. Mais aujourd’hui, ce montant sert à renflouer les caisses de la Première. Et celle-ci est vide de plus en plus tôt. En principe, les 10.000 euros alloués par la commune servent chaque année à rétribuer les entraîneurs des jeunes. Cette somme avait déjà été utilisée en fin d’année passée, pour combler un trou. J’aimerais que l’on m’explique aussi pourquoi Patrick Van Assche, un kinésiste qui livrait du bon travail depuis des années, sans être payé rubis sur l’ongle, a été remplacé par un professionnel venu en droite ligne d’Alost. A moins que tel soit le but: faire du RWDM la succursale d’Alost puisque Patrick De Cock est d’ores et déjà là et que Manu Ferrera, Georges Arts et Damir Stojak sont annoncés. Si cet exemple est imité, je crains que Molenbeek n’aille au-devant de jours très sombres. Personnellement, j’ose espérer que le club aura les moyens de payer toutes ses dettes. De la sorte, je n’aurais pas travaillé pour rien. Mais à quel prix les compteurs seront-ils remis à zéro? Si, en vue d’y parvenir, il faut vendre des éléments comme Ibrahim Kargbo, Alexandre Kolotilko, Marius Mitu ou Laurent Fassotte, le RWDM risque d’être à nouveau un condamné en sursis. L’idéal, à mes yeux, serait de tirer une fois pour toutes un trait sur l’héritage du passé et repartir sur des bases saines en D3. On prétend que ce serait la mort du club, mais je n’en suis pas si sûr. Car je sais que parmi les anciens dirigeants, certains sont prêts à revenir dans ces conditions. Comme Johan Vermeersch, notamment.

Bruno Govers,

« L’idéal pour le RWDM serait de repartir sur des bases saines en D3 » (Patrick Thairet)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire