Le derby bruxellois

Le RWDM accueillait le White Star dans une ambiance pré-match électrique.

Diantre, la madeleine de Proust ! Le RWDM, ça rappelle la tendre enfance, la piscine de Molenbeek, la rue Charles Malis et son odeur de tabac, le  » Madison  » sur le coin, le Bon Coin, sur le coin aussi, forcément, la zwanze, le  » Waaile zaain van Meulebeik  » et puis LambicWawa. Ah, ce qu’on a pu chanter pour encourager LambicWawa, un nom que plus aucun joueur au monde n’est susceptible de porter au XXIe siècle. Légende. Parions qu’ils s’en souviennent, de Lambic, les quelques milliers de supporters du RWDM, puisqu’ils ont à nouveau le droit d’appeler leur club comme avant, et de porter fièrement leur vieil écusson.

Parlant d’avant, le RWDM contre le White Star, c’est plus qu’un derby, c’est un match de famille : le W de RWDM, ça veut dire White et quelque part, le visiteur du jour coule encore dans les veines du visité. Même si le sang bouillonne en ce moment entre les deux clubs de la capitale. Entre Johan Vermeersch, le fantasque président molenbeekois, et John Bico, ex-manager de la fratrie Hazard et nouvel homme fort du White Star, le torchon brûle. Bico s’est même fendu de quelques déclarations de vilain garçon durant la semaine précédant le match, histoire de bien rôtir la polémique.

On rappellera, en quelques mots, que l’an dernier, le groupe dubaïote GDC et John Bico avaient failli reprendre le Brussels (redevenu par la suite RWDM) avant que l’opération ne capote et que GDC ne finisse par mettre la main sur… un White Star alors dans le gouffre. Pour ne rien gâcher, le tout nouvel entraîneur du RWDM n’est autre que le Français Jean-Guy Wallemme, qui a démarré la saison au White Star avant d’être remercié par Bico à l’aube du… début du championnat !

La rancoeur est tenace. Ce dimanche, point de réception prévue par la direction molenbeekoise pour son homologue woluwéenne.  » Je lui (Johan Vermeersch, NDLR) tendrai la main parce que je suis bien élevé, mais à choisir, je préférerais qu’il ne me la tende pas « , déclarait John Bico. Cotillons, ambiance.

En revanche, les vrais supporters ont répondu présent. Et le font savoir, aux cris de  » Bico enc…  » que les plus chastes oreilles devront endurer tout au long du match. Cela dit, puisque sur le terrain, les joueurs ont décidé que le foot pouvait aussi être le sport le plus ennuyeux du monde.  » C’est vraiment du pousse-ballon, ça shoote n’importe où « , comme le résume proprement un supporter, on n’a pas vraiment d’autre spectacle à se mettre sous la dent.

Vérification faite, même si la légendaire fanfare n’est plus représentée que par un petit tambour, on est bien à Molenbeek : les  » lourik « ,  » scheile « ,  » cadavers « ,  » janette  » et autres  » MuppetShow, MuppetShow  » fusent avec bien plus de rapidité et de précision que le ballon. 0-0 au marquoir, comme à l’aller… Triste match.

 » Et un, et un, et un zéro ! », a beau entonner un socio, rien n’y fait. On repart de la rue Malis avec un sentiment de trop peu.

Et une vieille rengaine chantée d’une voix aigrelette :  » Le RWD de Molenbeek, voilà notre équipe, le RWD de Molenbeek, la plus dynamique, le RWD de Molenbeek, connaît la musique, pratique le plus beau football, et nous marque des goals.  » Souvenirs, souvenirs…

PAR GUY VERSTRAETEN – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » C’est vraiment du pousse-ballon, ça shoote n’importe où.  »

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