Le rallyeman belge rejoint le champion du monde chez Citroën. Et il veut le battre !

Le championnat du monde des rallyes débute en cette fin de semaine au Monte-Carlo. Seul pilote belge en lice au plus haut niveau, François Duval se lance un fameux défi en rejoignant le champion du monde Sébastien Loeb chez Citroën.

En cette période de v£ux, que peut-on te souhaiter pour 2005 ?

François Duval : Des victoires !

Combien ?

Cinq. C’est jouable. L’an dernier, je suis passé trois fois près du bonheur. Donc, je dois me montrer ambitieux en 2005.

Quelles sont les épreuves où on peut t’attendre aux premières loges ?

La Grèce, la Corse, l’Allemagne et l’Espagne. Des rallyes sur asphalte ou sur de la terre cassante.

Tu redoutes certains rounds ?

Ce sera plus difficile sur les terrains spécifiques style Suède, Nouvelle-Zélande, Finlande ou Australie. Des trucs vite où une confiance absolue en ses notes est indispensable.

Les notes, parlons-en : tu dois encore les améliorer ?

Elles ne sont jamais parfaites ! Grâce à Stéphane Prévot, mon système est nettement plus efficace que par le passé mais il reste du travail, surtout dans les portions rapides. Trop souvent, je lève le pied parce que Stéphane ponctue sa note d’un  »attention » et je perds du temps.

La saison démarre au Monte-Carlo, un rendez-vous prestigieux mais difficile…

Les étapes spéciales étant tracées fort au sud, dans l’arrière-pays niçois, les risques d’être surpris par les changements d’adhérence diminuent. Globalement, le rallye s’annonce plus facile à négocier. Je ne m’en plains pas, je préfère découvrir une nouvelle monture dans ces conditions. Il y a deux ans, j’en avais bavé lors de mes premiers pas avec la Focus.

Une boîte de vitesses changée en 18 min.

Auto, team, équipier : ta saison 2005 est celle de tous les changements. Pourquoi as-tu quitté Ford ?

Mon contrat courait jusque 2006. Mais il faut se souvenir que l’été dernier, la poursuite du programme en rallye n’était pas garantie et j’ai pris contact avec les autres usines. Ford a décidé de poursuivre son implication en WRC durant les quatre prochaines années mais j’ai relevé le défi Citroën…

On peut connaître les raisons de ce choix ?

La marque française me donne les meilleures chances de décrocher des victoires au plus haut niveau. Ses résultats sont éloquents : elle a remporté le titre des constructeurs ces deux dernières années et a permis à Sébastien Loeb de décrocher la couronne des pilotes en 2004. Rayon budget, il y a ce qu’il faut chez Citroën : en quinze jours, j’en ai passé six au volant de la Xsara ! Je n’avais jamais connu pareil rythme de tests avec mon ancien employeur. Par ailleurs, contrairement à ce qui a été dit, le paramètre financier n’a pas influencé ma décision : le salaire proposé était quasi identique dans les deux teams et les perspectives à moyen terme semblaient intéressantes, côté anglais.

Ne prends-tu pas un gros risque en t’engageant auprès d’une usine qui doit quitter l’arène mondiale fin 2005 ?

Je n’ai pas le sentiment de travailler avec des gens en panne de motivation. Les mécanos et ingénieurs français abattent un boulot de titans et ils veulent encore jouer la gagne. L’arrêt fin 2005, ils en parlent, c’est normal, mais rien dans leur boulot ne trahit la moindre baisse de régime. Quand on les voit changer une boîte de vitesses en 18 minutes, on a peine à se dire qu’ils vont changer de discipline.

Peux-tu comparer les méthodes de travail des deux formations ?

L’ambiance est plus familiale chez Citroën mais l’efficacité s’y révèle impressionnante : les gars suivent en tests la cadence qu’ils adoptent en course. Gros avantage pour moi : ils parlent français.

Comment juges-tu la Xsara par rapport à la Focus ?

Les deux sont performantes. Le moteur de la WRC française délivre sa puissance plus haut dans les tours, son freinage est bien équilibré mais la suspension de l’anglaise est plus facile à utiliser. Avec la Citroën, si je dois m’élancer dans une spéciale au volant d’une auto dont les amortisseurs ne sont pas parfaitement adaptés aux conditions de course, je dégusterai. Par contre, quand je disposerai du matériel tip-top, ça volera très bas. Cela dit, j’en suis toujours au stade de la découverte et rien ne vaut la course pour cerner les limites d’une voiture.

 » Loeb ? ça ne peut être pire qu’avec Martin  »

Comment passe le courant avec Sébastien Loeb, ton équipier mais aussi le n°1 mondial ?

Le simple fait de parler la même langue facilite les choses. On s’est toujours bien entendu avec Seb et il n’y a pas de raison que cela change, même si nous sommes aussi adversaires. De toute façon, ça ne peut pas être pire qu’avec Markko Märtin : on se disait à peine bonjour…

Après Bruno Thiry et Freddy Loix, tu te retrouves dans un contexte idéal pour offrir aux fans belges un premier succès mondial. Tu ressens une pression particulière ?

Je l’ai dit, je veux gagner. Le fait d’être le premier pilote belge à m’imposer constituera un plus, mais je mentirais en affirmant que cette idée m’empêche de dormir. Par contre, j’espère voir revenir d’autres équipages belges sur la scène mondiale.

Quand tu monteras sur la plus haute marche d’un podium, à qui songeras-tu en priorité ?

A mon père qui a tant travaillé pour me permettre d’y arriver. A Stéphane Prévot mais… il sera à côté de moi. J’aurai aussi une pensée pour l’ingénieur anglais Philip Dunabin, le premier à m’avoir donné ma chance chez Ford, bien avant Malcolm Wilson qui se plaît tant à dire qu’il m’a formé. Cela dit, cette victoire, je dois encore la décrocher…

Question facile pour terminer : quels seront tes principaux rivaux ?

Sébastien Loeb bien sûr, Petter Solberg, Marcus Grönholm et Markko Märtin. Rayon matériel, l’entrée en vigueur d’un nouveau règlement en 2006 a incité plusieurs constructeurs à prolonger la carrière des voitures de la saison passée. Tel sera a priori le cas pour Citroën, Ford, Skoda et Mitsubishi. Par contre, Subaru lancera une nouvelle Impreza tandis qu’on ne sait rien des choix de Peugeot qui veut quitter la scène en beauté et ne ménage pas ses efforts pour faire de la 307 WRC une gagnante. On y verra plus clair ce week-end à Monte-Carlo.

Eric Faure

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