Le défi physique

40 matches, des playoffs, pas de trêve à Noël… Voici comment cela a influencé la manière de se préparer.

Gand : être bon durant dix mois

A Gand (première équipe à entrer officiellement en action avec le tour préliminaire de l’Europa League), on a considéré qu’il fallait donner une plus grande base d’endurance aux joueurs, afin qu’ils puissent tenir le coup toute la saison sans devoir refaire une préparation en janvier.

 » Avant, on donnait une base d’endurance jusqu’en décembre, puis on remettait une couche durant le stage hivernal « , confirme le préparateur RenaatPhilippaerts.  » Cette saison, on ne pourra plus le faire. Mais notre préparation estivale a été plus courte qu’habituellement. Elle a duré à peine un mois. Si on avait terminé 3e, on aurait pu effectuer une préparation normale de six semaines. Mais comme on a terminé 4e, on a déjà dû jouer en Europa League le 16 juillet alors que les entraînements ont repris le 16 juin. Même si cette compétition n’est pas un objectif prioritaire, on ne pouvait pas l’aborder en étant à 50 %. Pour compenser la brièveté de la préparation estivale, on a donné un programme d’entretien plus conséquent aux joueurs pour leurs vacances.  »

Malgré une préparation écourtée, Gand se devra d’être en forme durant dix mois.  » On ne peut pas se permettre de se focaliser sur un objectif précis, comme les playoffs de fin de saison. Car, pour pouvoir les disputer, il faudra d’abord se qualifier. Au total, il y aura 40 matches de championnat, sans compter les autres compétitions. Il faut calquer la préparation sur ce que font les clubs anglais ou espagnols. Eux aussi jouent énormément de rencontres. Et également sans trêve hivernale. A un moment donné, lorsque les matches se succéderont, il faudra réduire l’intensité des entraînements. Il faudra juger de l’état de forme des joueurs en cours de saison, et déterminer en fonction de ces paramètres s’ils ont besoin d’effectuer un rappel d’endurance ou de faire davantage d’intervalle-training. Il faudra peut-être travailler plus individuellement aussi. « 

Bruges : l’accent sur la souplesse

A Bruges, on tient à peu près le même langage.  » Les joueurs trouvent que la préparation a été plus éprouvante avec AdrieKoster que les saisons précédentes ? », s’étonne le préparateur JanVanWinckel.  » C’est la manière dont la presse l’a relatée. Fondamentalement, rien n’a changé. Certes, d’un entraîneur à l’autre, on peut se focaliser davantage sur tel ou tel aspect, et Koster met un peu plus l’accent sur la souplesse, mais c’est un détail. L’objectif majeur reste toujours d’être prêt pour le début de la saison, et de rester en condition tout au long de celle-ci. On ne peut pas préparer des footballeurs pour qu’ils atteignent leur pic de forme lors d’une échéance précise. En football, il faut être bon dix mois et aucune équipe n’a intérêt à louper son début de compétition. On subit toujours les conséquences d’un mauvais départ, ne serait-ce qu’au niveau de la confiance. C’est vrai que cette saison, il y a une donnée nouvelle avec les playoffs, mais on évaluera l’état de forme des joueurs en février ou en mars pour voir s’il y a lieu d’intensifier les entraînements ou de les alléger.  »

Malines : éviter les fantasmes

FrédéricRenotte, le préparateur de Malines, constate qu’avec la finale de la Coupe et la reprise précoce du championnat, ses joueurs se sont arrêtés moins longtemps durant l’été.

 » Par conséquent, ils ont moins perdu en condition. Ils récupèrent beaucoup plus vite de leurs efforts. On a commencé la préparation de façon dosée, en axant surtout sur l’aérobie, mais on a pu très rapidement hausser l’intensité des entraînements et passer au travail d’anaérobie. Pour le long terme, on avisera plus tard. Des évaluations de l’état de forme des joueurs seront faites en cours de saison et on verra en fonction des résultats s’ils ont besoin de retravailler ou s’il faut au contraire relâcher la pression. Les playoffs ? Je considère que vouloir programmer des joueurs en fonction d’un objectif précis fait partie des fantasmes de beaucoup de préparateurs physiques. D’abord, le football n’est pas l’athlétisme : on ne prépare pas les joueurs pour les Jeux Olympiques ou le Mémorial Van Damme, mais pour toute une saison. Ensuite, le football est un sport collectif : tous les organismes ne réagissent pas de la même manière. Enfin, on a affaire à des êtres humains, pas à des robots. Lorsque j’entends que certains veulent programmer des joueurs, cela me fait bondir. En ce qui concerne la mini-trêve de janvier, ce n’est pas encore décidé officiellement mais on envisage malgré tout de partir quelques jours à l’étranger, pour bénéficier d’un climat plus favorable.  »

Charleroi : soigner la récupération

 » A Charleroi, la préparation d’avant-saison n’a pas été fondamentalement modifiée « , explique DominiqueHenin, le préparateur des Zèbres.  » En septembre, il y aura une période de 15 jours sans match. On devrait pouvoir en profiter pour effectuer un rappel d’endurance, si nécessaire. Pour le reste, le rythme va s’acquérir en jouant. Il faudra être très attentif à l’état de fatigue provoqué par l’accumulation des rencontres. Le raccourcissement de la trêve hivernale ? Le repos fait aussi partie de la préparation physique. Il faudra mettre cette courte interruption à profit pour recharger les batteries, car la saison sera encore longue. Je n’étais pas partisan de cette réforme : on n’a pas, en Belgique, des noyaux de 40 joueurs de valeur quasiment équivalente que l’on peut faire tourner en fonction des échéances, comme en Angleterre ou en Espagne. Je ne parle même pas de l’état des pelouses et des terrains d’entraînement. Je crains le pire en cas d’hiver rude…  »

Mouscron : individualiser les entraînements

A Mouscron, tout le staff a changé et c’est désormais JoséMascaros qui veille à la bonne forme des Hurlus. Il a débuté sa carrière en s’occupant des jeunes de Valence et était, ces deux dernières saisons, le deuxième préparateur physique de l’équipe Première : sous RonaldKoeman d’abord, sous UnaiEmery ensuite.

 » J’ignore comment on se prépare habituellement en Belgique « , reconnaît-il.  » Ce que je sais, c’est qu’avec MiroslavDjukic, une grande partie de la préparation s’effectue avec ballon. On a un peu travaillé sans ballon lorsqu’on s’est rendu au Futurosport : on a utilisé la piste d’athlétisme pour faire de la course, des sprints, des sauts… On a commencé avec une grosse quantité de travail. La longueur et l’intensité des entraînements vont décroître au fil de la saison. Comme il n’y aura quasiment pas de trêve en hiver et que les matches vont se succéder, il fallait jeter les bases dès le mois de juillet. Après, on se contentera de rappels. Je sais ce que cela signifie de devoir gérer une longue compétition et de nombreux matches : avec Valence, on jouait tous les mercredis et tous les dimanches. Ceux qui jouent régulièrement ont alors un programme allégé. Ceux qui jouent moins continuent les entraînements normaux. Il faut donc individualiser les entraînements. Le lendemain d’un match, le groupe est souvent scindé en deux. Ceux qui ont joué la veille se contentent d’un travail de récupération en salle de fitness ou en piscine. Les autres s’exercent sur le terrain de foot et ont une séance plus longue.  »

par daniel devos

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