Le décrassage positif de Cédric Roussel

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Septembre 2004, CédricRoussel déprime grave. On le retrouve dans son nouveau club, Kazan, à 800 km à l’est de Moscou. Il est le premier Belge de l’histoire du championnat russe, il a un salaire équivalent à celui du joueur le mieux payé chez nous : NenadJestrovic. Mais il n’est pas loin des larmes. Le décor le désole :  » C’est la rase campagne, comme si la civilisation s’était arrêtée à la sortie de Moscou.  » C’est dangereux :  » Deux gars viennent d’être assassinés en pleine ville, un coup de la mafia. Alors, il y a des flics partout, ils sautent des arbres.  » Point de vue foot, ce n’est pas mieux.  » Ma relation avec mes coéquipiers est catastrophique, je les surprends à faire des grimaces dans mon dos, ils sont jaloux, ils ont fait une réunion pour toucher tous le même salaire que moi.  » Encore ceci :  » Ils me reprochent d’être bien fringué. Je devrais m’habiller crados comme eux pour leur faire plaisir ? Je suis isolé. Tout le groupe a été invité au mariage du capitaine, sauf moi.  »

Avec son coach, même topo. Ce KurbanBerdyev est surnommé  » l’homme qui ne rit jamais « . Musulman à fond dedans, il oblige ses joueurs à prier avec lui.  » Je fais semblant « , nous avoue Roussel. Un jour, il a brossé la séance prière et s’est fait taper sur les doigts.  » Ici, les engueulades, c’est un art de vivre.  » Il nous explique qu’il n’a que trois copains au Tatarstan :  » Mon ordi, ma télé et mon livre de mots fléchés. Certains jours, j’en ai tellement ras-le-bol que j’ai envie d’arrêter le foot et que j’envie les gens qui partent le matin au bureau.  »

Et donc, quand il reçoit un journaliste belge, c’est un peu la fête. On a fait le voyage avec son agent, DanielStriani, qui vient pour tenter de mettre fin à son contrat dès le mois de janvier. On assiste au match contre le Dinamo Moscou : 2-2 avec un but de Cédric Roussel – le seul qu’il marquera en Russie. Le soir, on passe à autre chose. Décompression. Un resto européen. Une longue sortie en boîte. Un nouveau resto (japonais cette fois) sur le coup de 5 heures du mat. Un dernier verre. Et en début de matinée, il y a décrassage ! On y voit Cédric Roussel suer des gouttes comme des balles de ping-pong. S’il doit souffler, ça va mal se passer. En plus, il roule avec la Jeep du directeur du club qui, lui, prend maintenant le taxi.

Quand on le quitte le lendemain pour partir à l’aéroport, son spleen revient.  » Si tout se passe mal, je suis ici pour trois ans. Et il paraît qu’il fait jusqu’à moins 30 en hiver.

PIERRE DANVOYE

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