© BELGAIMAGE

Le décompte

Le week-end prochain, lors de la dernière journée des PO2, le Lierse se déplace au Standard pour un match sans intérêt. La semaine prochaine, il y aura vingt ans que le club du Lisp a été champion sur le terrain des Rouches. C’était le dernier sacre d’un petit club de province. Ce qui est ensuite arrivé aux Jaune et Noir a montré que pareil conte de fées n’est pas près de se répéter dans un football professionnel où tout tourne autour de l’argent.

A l’époque, la gueule de bois a rapidement succédé à la fête : le Lierse n’avait pas de stade ni d’équipe pour la Ligue des Champions. Il a dû s’endetter pour aménager ses installations, il a été à un doigt de la faillite et a été relégué à deux reprises. Zulte Waregem a été, par la suite, le seul petit club à approcher l’exploit du Lierse : en 2012-2013, il était virtuellement champion sur le terrain d’Anderlecht, lors de la dernière journée des PO1 mais le Sporting s’est finalement imposé. S’il avait été sacré, Zulte Waregem aurait vécu le même scénario que le Lierse jadis, avec le départ de son meilleur joueur, Thorgan Hazard, et un stade non conforme aux exigences de la C1.

L’été du titre lierrois, un jeune manager a entamé ce qui relevait de la mission impossible au RWDM, qu’il s’agissait de maintenir à la surface, après le départ de Johan Vermeersch. Un an plus tard, durant les négociations concernant la vente de Steve Laeremans, les dirigeants du Lierse ont remarqué Herman Van Holsbeeck et l’ont engagé en 1999. La Campine n’était pas vraiment le biotope du Bruxellois. De nos jours, Van Holsbeeck rappelle toujours qu’il a dû s’y faire. Il y a 14 ans, quand Anderlecht a engagé le fils de boulanger de Woluwé-Saint-Lambert pour succéder à Michel Verschueren, il était encore peu connu. C’est qui ça, Van Holsbeeck ? Cette semaine, l’ancien nobody peut fêter son huitième titre. Nul n’aurait osé parier un euro là-dessus fin décembre, même au sein du club.

Si Anderlecht est champion, ce sera son dixième succès en vingt ans, depuis le fameux sacre du Lierse, le 18e titre depuis l’introduction du professionnalisme en 1974 et le 34e de l’histoire du club. Au lancement des play-offs, le centre de gravité du football semblait s’être déplacé vers l’est : Liège, nouvelle capitale du Football, titrait Le Soir après le second titre de rang du Standard en 2009. Pourtant, en huit ans de PO, les Liégeois n’ont joué les premiers rôles que deux fois, avec une course-poursuite avortée par Genk en 2011 et des play-offs loupés en 2014. La nouvelle formule n’a donc pas mis à mal l’hégémonie des Mauves, lauréats à cinq reprises en huit éditions.

Au Club Bruges, où les nostalgiques faisaient remarquer, dimanche, que les supporters locaux se manifestaient plus contre les autres que pour leur équipe, les visiteurs n’ont jamais été en difficulté face à une équipe locale enthousiaste. Anderlecht s’est même permis de laisser sur le banc son transfert le plus cher, Stanciu, son meilleur buteur, Teodorczyk, et son joueur le plus expérimenté, Deschacht. Quel luxe ! Il ne restait que deux joueurs de la dernière équipe championne mauve, en 2014, à Bruges : Youri Tielemans, titulaire, et Bram Nuytinck, joker.Deschachtet Bruno étaient sur le banc, Najar était blessé.

Reste à voir qui, de l’équipe championne, sera encore sur le terrain en septembre, quand Anderlecht se produira en Ligue des Champions. Sa formation sera-t-elle représentative ou, comme on peut le craindre dans un championnat comme le nôtre, qui sert de vitrine et de tremplin aux jeune talents, sera-ce une version light ? René Weiler va bientôt devoir, comme cette saison, reformer un noyau. C’est le destin de l’entraîneur d’un grand club au sein d’une compétition de transit.

par Geert Foutré

René Weiler va bientôt devoir reformer un noyau, comme cette saison.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire