» LE DÉCLIC S’EST PRODUIT À COURTRAI « 

Timmy Simons (39 ans) revient avec nous sur la saison du Club Bruges. Son troisième tour de Belgique depuis son retour au Club n’est pas une tournée d’adieux.  » Bruges et moi voulons poursuivre notre collaboration.  »

24/07/2015 STVV-CLUB BRUGES 2-1

Une défaite d’emblée. Vous n’étiez pas prêts ?

TIMMY SIMONS : Pas prêts… Je pense que nous avions besoin d’une plus longue période de préparation. Le premier match, la pelouse artificielle, un adversaire très rapide, avec des nouveaux joueurs de talent… D’un autre côté, nous n’aurions jamais dû perdre ce match, je m’en souviens très bien. La préparation n’était pas vraiment plus tranquille que d’habitude. Là n’est donc pas le problème. En revanche, nous avons eu des vacances plus longues que d’ordinaire et il convient d’en tenir compte : il faut deux ou trois semaines avant d’être au top. Mais ce n’est pas une raison pour accepter une défaite. C’est différent.

18/08/2015 MANCHESTER UNITED-CLUB BRUGES 3-1

Te voilà forfait à cause d’une blessure musculaire ! C’est exceptionnel. Tu n’as pas craint que ce ne soit le signe avant-coureur d’une saison difficile ?

SIMONS : Je n’ai pas su qu’en penser. Ça s’est passé à la fin de la première mi-temps, dans un sprint. Pas à la fin d’un match, donc, ce qui aurait pu être un indice de fatigue. C’est compréhensible : compte tenu de mon âge, les observateurs éprouvent immédiatement cette crainte. C’est pour ça qu’en interne, je répète depuis quelques mois que nous devons réfléchir à court terme : trois mois, six mois… Si je me blesse maintenant, à 39 ans, et que je loupe la préparation, je ne reviendrai pas. C’est ainsi. Maintenant, je n’ai pas eu peur quand je me suis blessé. On m’a prédit une absence d’un certain temps mais j’ai travaillé d’arrache-pied et je suis revenu très rapidement. Je peux vous renvoyer la question : si d’autres s’occasionnent une déchirure ou une blessure quelconque, cela pose-t-il un tel problème ?

Mais chez toi, c’est exceptionnel.

SIMONS : Non. J’ai déjà eu des déchirures, aux ischiojambiers et aux muscles intercostaux. Donc, j’ai eu ma part de blessures.

De l’équipe d’Old Trafford, il ne restait que De Bock, Vormer, Diaby et toi, il y a dix jours à Gand. Bolingoli jouait en Coupe d’Europe, comme Cools, Duarte, Vazquez, Mechele, Bruzzese…

SIMONS : Obi est entré au jeu et Tom De Sutter faisait banquette. Tout peut aller très vite en football. La réalité, surtout dans les petits pays, c’est qu’on ne peut commencer à former une équipe fixe qu’au terme des transferts, en septembre. C’est à ce moment qu’on sait autour de quels 14 ou 15 joueurs l’équipe va se constituer. Les footballeurs des premiers mois ont été importants car s’ils avaient failli, nous n’occuperions pas notre position actuelle. Ce qui nous a aidés à obtenir ce classement, c’est le fait que la plupart des joueurs connaissent l’entraîneur depuis deux ans et peuvent exécuter ses idées, en principe. Troisièmement, nous connaissions les raisons de notre échec la saison passée, ce qui nous a permis de rectifier le tir. C’est pour ça que nous avons toujours dit que nous ferions tourner le noyau, afin que chacun détienne la meilleure forme possible en fin de saison. On ne peut jamais exclure complètement les blessures mais elles semblent beaucoup moins graves que l’année dernière.

30/08/2015 CLUB BRUGES-STANDARD 7-1

SIMONS : Il faut replacer les choses dans leur contexte : ce n’était pas le Standard de janvier. D’un autre côté, 7-1 contre une grande équipe, c’est un résultat dont on peut être fier. Hans Vanaken et Víctor Vázquez jouaient de concert… Dans certains matches, ils ont réussi à fonctionner, dans d’autres pas. Hans a un don : il peut jouer cent matches par an sans jamais craquer. C’est extrêmement précieux. On sait qu’il est en forme et qu’il peut jouer. Toujours. C’est important pour une équipe. Avec Víctor, nous nous demandions toujours s’il allait pouvoir jouer. C’est un footballeur fantastique mais si fragile… Il faut une certaine continuité, que Vic ne nous offrait pas. Surtout pendant les play-offs : il ne faut surtout pas que trop de titulaires soient forfait. L’absence de Bjorn Engels et de Lior Refaelov s’est fait sentir. Nous avons à nouveau tâtonné.

20/12/2015 CLUB BRUGES-ANDERLECHT 1-4

Une seule défaite à domicile sur la saison, contre Anderlecht. Pourquoi le Club semblait jouer plus facilement dans son stade, cette année ?

SIMONS : Plus facilement… Le public et notre motivation étaient les mêmes mais les saisons précédentes, nous n’avons pas aussi bien réussi alors que cette saison, nous avons été dominants comme jamais. Nos adversaires se déplacent à nouveau à Bruges en pensant que s’ils ne se méfient pas, ils vont prendre une raclée. Je le sens. Nos intentions ne changent jamais, même pas en déplacement : nous essayons de presser au bon moment. Je suis d’accord, nous n’y sommes pas toujours parvenus. Nous avons souvent perdu à l’extérieur et nous avons même pris quelques gamelles. A domicile, nous avons tenu un peu plus longtemps parce que nous avions plus d’assurance ou que les autres ont adapté leur stratégie.

Vous avez essuyé plus de revers au premier tour, quand vous pratiquiez la rotation. C’est la cause du problème ?

SIMONS : On obtient ses meilleurs résultats quand on peut jouer avec une équipe à peu près identique. On peut avoir des footballeurs fantastiques mais ils ont tous des qualités différentes et quand on modifie l’occupation, on touche à l’équilibre des qualités. Aucun footballeur n’aime la rotation mais elle est nécessaire quand la saison est longue. On n’a plus pratiqué la rotation pendant les play-offs car c’était le money time. C’était différent l’année dernière car c’était toute une saison de money time. Nous devions recharger nos batteries tous les trois jours : Coupe d’Europe, Coupe de Belgique, championnat…

Vous avez redisputé la finale de la Coupe mais l’Europe semblait moins importante cette saison.

SIMONS : S’il faut établir un top trois de ses objectifs, il est clair que nous pouvons aller très loin en Europa League mais qu’ensuite, personne ne parlera d’un quart de finale. Un titre, c’est autre chose. Parce que l’année suivante, on va jouer en Ligue des Champions. Une affaire de prestige. C’est pour ça qu’on joue. Posez la question à qui vous voulez : jouer le titre est fantastique mais si vous êtes deuxième et qualifié pour la Ligue des Champions suivante, c’est spécial aussi.

26/12/2015 KV COURTRAI-CLUB BRUGES 1-4

SIMONS : Le moment-charnière de la saison. Une victoire cruciale, après deux défaites. Nous étions obligés de prendre les trois points, de quelque manière que ce soit. Nous avons entamé la trêve hivernale en troisième position, avec un meilleur sentiment. Nous n’étions pas heureux non plus car notre mauvais automne nous trottait dans la tête. Un déclic s’est opéré. Nous ne nous sommes plus laissé marcher sur les pieds.

Le noyau actuel est-il fort mentalement ?

SIMONS : Nous nous sommes rapprochés dans les moins bons moments. Il y a parfois eu des frictions mais ce n’est pas un souci. Nous avons aussi effectué de bons transferts à cette période : Engels et Refaelov sont revenus. Ils ont été longtemps sur la touche, ce qui est regrettable, compte tenu de leurs qualités. D’un autre côté… Je savais que la décision tomberait en fin de parcours et je ne me tracassais donc pas trop. C’était une situation embêtante car on veut toujours gagner mais ce n’est pas possible non plus. En outre, le demi-point de bonus que nous avons sur Anderlecht rappelle qu’il ne faut pas perdre trop de points pendant le championnat régulier. C’est pour ça que je dis que ceux qui jouent peut-être un peu moins maintenant ont eu un rôle très important dans notre succès en début d’exercice.

Tu réagis avec plus de tranchant pendant le money time.

SIMONS : Plus qu’avant ? Je peux vous montrer des images d’il y a dix ans. J’éprouve toujours le même respect à l’égard des arbitres. Je serais plus sec ? Je ne me laisse pas marcher dessus. Je ne passe pas non plus mon temps à me plaindre et à râler auprès de l’arbitre. Non, trois fois non ! Regardez les images. Je me tourne toujours vers le joueur qui a commis la faute ou vers l’arbitre si j’estime qu’il doit prendre garde à ce que la situation ne dégénère pas. Quand des décisions nous désavantagent, je ne me tais pas. S’il est interdit de dire ce qu’on pense, mieux vaut arrêter. Je pense que nous n’avons jamais manqué de correction. L’agressivité, la grinta ne sont que des mots. Nous essayons de gagner tous nos matches. Parfois sans la manière mais peu importe : il ne s’agit pas de jouer pour le seul plaisir mais de gagner et d’être les meilleurs.

L’équipe progresse, y compris dans son football.

SIMONS :En effet. Longtemps, nous avons dû mettre le pied de la première à la dernière minute mais désormais, quand nous en avons l’occasion, nous essayons de jouer. Mais nous ne pouvons pas partir du principe que nous allons essayer de jouer. Dans ce cas, nous serons trop courts, surtout dans les play-offs. On parle maintenant de football de haut niveau. Nous nous entraînons depuis deux ou trois ans. Jouer en six ou sept passes, marquer, nous savons faire tout ça et nous avons encore une marge de progression. Ce sont des détails, comme le choix du bon moment.

Vanaken à droite le 20 avril à Genk n’était pas le même joueur que le 8 mai à Gand.

SIMONS : Hans est une éponge. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est immédiatement à 100 % mais il n’en est pas loin. Avec pareille qualité… En automne, il a tâtonné. Il était déjà bon mais maintenant, il est vraiment top. Il possède la base requise. Il se bat. Nous savons que notre football n’a pas toujours été beau à voir et nous voulions aussi que ça change mais ce n’est pas toujours facile.

Ne joues-tu pas davantage de la tête ?

SIMONS : J’ai été confronté au moins dix fois à toutes les situations. Donc, je me dis : dans 90 % des cas, voici ce qui va se passer. Je peux le prédire. Cela compense ma perte de vitesse. Consultez les données. Ce n’est pas parce que mon style de course est mauvais que… Bon, au fil du temps, on ne court plus partout. Avant, dès que je voyais un ballon… Je fonçais dessus comme un gosse. Je suis devenu plus réservé.

On t’a déjà confronté à pas mal de successeurs mais tu les a tous surpassés.

SIMONS :Je le dis toujours : engagez quelqu’un et je le conseillerai mais il doit serrer les dents. Maintenant, des joueurs sont en train d’assimiler beaucoup de choses. Claudemir était habitué à un autre football mais il assume bien son rôle. J’espère que le Club va pouvoir conserver ce joueur. Il est fantastique au sein du groupe aussi. Il est capable de jouer à plusieurs postes différents, il possède un gros abattage, il est bon ballon au pied…

07/02/2016 CLUB BRUGES-GAND 1-0

SIMONS :Une quinzaine importante sur le plan mental. La Coupe et le championnat contre Gand, qui était encore leader, avec Ostende entre les deux. Il fallait vraiment envoyer un signal : c’en était trop. Nous devions montrer que nous étions de retour. Durant cette période, nous avons allié grinta, travail et football. Nous savions que si nous réussissions, nous étions partis.

Un peu comme Gand la saison passée avec sa victoire contre le Club le 22 février. Jusque-là, le futur champion n’avait enlevé aucune affiche.

SIMONS : On peut changer de perception en l’espace de deux ou trois matches. C’est ce qui nous est arrivé. Nous n’étions pas mal barrés mais nous avons souligné notre talent dans ces matches.

Peux-tu comparer cette saison à 2005 et au dernier titre ?

SIMONS : Abattage, puissance, qualité quand c’était possible, parfois du bon football. Ensuite, l’entraîneur et une volée de joueurs sont partis. Il a fallu tout reconstruire, ce qui n’a pas été facile. Tout ceci rappelle à quel point il est important de pouvoir faire confiance à un entraîneur, à l’encadrement, au staff technique, même quand ça va moins bien. On ne peut pas ajouter sept ou huit joueurs par an à une équipe : c’est repartir de zéro. Nous avons eu l’avantage de jouer quelques années avec les mêmes sept ou huit éléments. Renouveler le noyau est différent : tout le monde ne rejoint pas l’équipe. Un entraîneur doit aussi apporter de la stabilité et du calme et avoir une vision à long terme.

Depuis 2006, tout a changé. L’encadrement, la formation…

SIMONS : Je ne pense pas qu’il soit possible d’être encore plus professionnel. Ce n’est pas une garantie de succès mais c’est une des conditions de base.

Tu vas continuer ?

SIMONS : Nous sommes en bonne voie. Il faut aussi voir ce qui suivra après. Après cette année. Là, nous ne sommes pas encore tout à fait d’accord. Le scouting, les jeunes, un job en rapport avec le nouveau complexe d’entraînement. J’ai toujours essayé d’anticiper, de voir plus loin que le présent. Ma carrière peut être finie dans deux mois et dans ce cas, je veux pouvoir me rabattre sur quelque chose de suite, sans passer huit ou neuf mois à me demander ce que je vais faire. Je me suis déjà réorienté en affaires mais si je suis lié au club avec un projet, je veux pouvoir m’y engager. Le Club aussi. Nous voulons poursuivre notre collaboration. Le cyclisme, l’immobilier, tout va bien. Nous avons délégué les bonnes personnes. Mais ce n’est pas mon core business. je m’y connais mieux qu’avant mais pas encore suffisamment.

On se revoit donc en Ligue des Champions ?

SIMONS :Nous allons tout mettre en oeuvre pour y arriver.

PAR PETER T’KINT – PHOTOS KOEN BAUTERS

 » Avec un Club engagé sur 3 fronts, la saison passée aura été placée constamment sous le signe du money-time. Cette fois, c’était uniquement les play-offs.  » – TIMMY SIMONS

 » Vanaken nous offre une continuité, contrairement à Vázquez, qui était souvent blessé.  » – TIMMY SIMONS

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