Le cri du désespoir

L’été dernier, quand Courtrai a confié le poste d’entraîneur principal à Yves Vanderhaeghe, il a souligné qu’il maintiendrait sa confiance au successeur de Hein Vanhaezebrouck même si les résultats étaient moins bons. La déclaration était bizarre et semblait préfigurer un mauvais début. La suite a montré que la direction avait vu juste. De fait, on n’a pas entendu une critique à propos de l’entraîneur débutant, même si Courtrai semblait se préparer à vivre une saison difficile.

Après cinq victoires d’affilée, voilà Courtrai subitement deuxième. De Gand, Hein Vanhaezebrouck a souvent affirmé que Vanderhaeghe suivait le cap qu’il avait défini. Ça doit être partiellement vrai mais cela ne peut minimiser l’apport de l’ancien international. Yves Vanderhaeghe n’est pas un entraîneur de niveau mondial mais il a bel et bien placé son empreinte sur l’équipe et il obtient du rendement de footballeurs qui avaient à peine joué la saison passée.

Teddy Chevalier, qui a toujours été un électron libre, semble filer droit. Vanderhaeghe s’y prend à sa manière : il est proche des joueurs, positif, il ne se met pas en évidence dans la presse et prêche l’esprit de groupe qu’il personnifiait durant sa carrière active. Courtrai est devenu un bloc de granit qui est même capable, comme samedi contre Malines, de pallier l’absence de quatre titulaires et il a terminé le match avec sept Belges. Deux heures plus tôt, après la blessure du gardien Patrick De Vlamynck, Mouscron alignait onze Français.

L’afflux des étrangers est devenu impossible à endiguer. Ainsi, samedi, le Lierse alignait neuf étrangers à Ostende. Il est loin le temps où le Lierse était un vivier de talents. En 1998, il avait conquis le titre avec huit Belges. Lors de la prochaine période de transferts, il va encore enrôler une volée de joueurs hors de nos frontières. Le Lierse est devenu une entreprise d’import-export depuis qu’il est tombé en mains égyptiennes en 2007.

Samedi, Ostende n’a aligné que trois Belges après avoir essuyé un bon savon de Fred Vanderbiest, suite à sa prestation lamentable au Sporting Charleroi. L’entraîneur a exigé que les joueurs paient le déplacement des supporters. C’est étrange : il faut de plus en plus souvent rappeler les footballeurs à leurs devoirs. La direction du Standard a également pris des mesures draconiennes suite à la déroute en Coupe, contre Lokeren.

Elle a durci le programme d’entraînement, les joueurs doivent désormais être présents au travail de neuf à dix-sept heures, une mesure inédite dans un club qui s’appuie depuis une éternité sur son caractère et son feu mais une mesure qui souligne une mentalité déficiente, qui ne frappe pas seulement Liège.

Anderlecht entonne le même refrain : pas de caractère ni d’inspiration à Mouscron, une piètre prestation qui a conduit à un retard de 3-0 après 25 minutes de jeu. Besnik Hasi a ensuite parlé d’une première mi-temps choquante. L’entraîneur doit commencer à se demander pourquoi les joueurs ne suivent pas ses directives et pourquoi ils jouent souvent mieux en Coupe d’Europe, sous les projecteurs internationaux.

Il est possible que le jeu d’une jeune phalange connaisse des variations – à Mouscron, cinq des titulaires avaient moins de 22 ans – mais le constat n’en est pas moins frappant : les Mauves ont perdu neuf unités dans les cinq matches de championnat précédant les rencontres de Ligue des Champions. Besnik Hasi réclame maintenant des qualités et du leadership mais son appel ressemble à un cri de désespoir.

On l’entend à Malines également. Samedi, à Courtrai, les supporters se sont détournés de leur équipe et le président Johan Timmermans était en rage. En déplacement surtout, Malines présente un bulletin honteux : 4 points sur 27. Là aussi, la direction va réunir les joueurs, pour rappeler son devoir à chacun. On en est arrivé là : il faut faire la leçon et la refaire partout.

PAR JACQUES SYS

Il faut de plus en plus souvent rappeler les joueurs à leurs devoirs.

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