Le courage du miroir

L’attaquant franco-camerounais est Hurlu depuis deux ans, mais on n’a pas encore eu réellement l’occasion de l’apprécier.

Arrivé au Canonnier en juin 2000, en provenance de Grenoble où il avait terminé à la troisième place du classement des buteurs du championnat de National (notre D3), Claude Bakadal n’a pas encore eu l’occasion de réellement démontrer ses capacités sous le maillot de l’Excelsior. Voici deux ans, alors qu’il avait été engagé comme premier choix pour le poste d’attaquant, il avait été barré par le transfert tardif de Nenad Jestrovic. Quelques petites blessures, comme une tendinite au tendon d’Achille qui s’était déclarée après un mois, l’avaient aussi empêché de défendre ses chances à armes égales. Hugo Broos lui avait d’ailleurs reproché, à l’époque, d’avoir négligé le programme d’entre-saison et de s’être présenté à la reprise des entraînements en accusant un retard conditionnel par rapport à ses partenaires. La saison dernière les opérations ont gâché sa campagne; d’abord pour une pubalgie qui ne guérissait pas, puis pour une déchirure au ligament latéral interne du genou gauche.

Cette saison, rien de tout cela: l’attaquant franco-camerounais s’est présenté en pleine possession de ses moyens, le 19 juin, et devrait pouvoir plaider sa cause alors qu’il entame sa dernière année de contrat: « Touchons du bois, je n’ai plus de soucis. Mais je ne pensais pas en avoir non plus, la saison dernière… jusqu’à ce que ma blessure aux adducteurs se réveille. Depuis mon arrivée à Mouscron, j’ai subi blessures sur blessures. Auparavant, j’avais toujours été épargné par les tracas physiques. L’Excel m’a porté la poisse, mais je ne lui en veux pas du tout. Cela aurait pu survenir n’importe où. Je n’ai jamais regretté mon choix, et malgré tous les pépins qui me sont tombés dessus, je suis toujours persuadé d’avoir eu raison d’opter pour la Belgique.. La fuite en avant n’est pas mon style. Je préfère persévérer ».

Reprendre du plaisir

« Je ne veux pas me mettre de pression, en me fixant un nombre de buts à atteindre. J’ai surtout envie de reprendre du plaisir. Depuis deux ans, ce plaisir m’a été refusé. Alors, mon année de contrat: je n’irai pas jusqu’à prétendre que je m’en fiche, mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est de jouer. A 26 ans, je suis encore jeune, mais je ne peux plus trop musarder. Cela peut paraître curieux, mais ces deux années à Mouscron, je ne les ai pas vues passer. Je n’ai pas l’impression d’entamer déjà ma troisième saison. C’est presque comme si je prenais maintenant mon vrai départ ».

Claude Bakadal a repris avec le groupe depuis 15 jours. « En fait, je ne me suis jamais arrêté durant l’entre-saison. J’ai été opéré en mars, et j’ai dû suivre un programme de rééducation. Gil Vandenbrouck m’a ensuite soumis un programme de remise en forme que j’ai respecté. J’ai passé les vacances chez mes parents, à Paris. Je ne suis plus retourné au Cameroun, comme l’année dernière. Je voulais être à 100% pour la reprise. J’ai repris sans appréhension. Je n’hésiterai pas à aller au ballon ou à mettre le pied. Hésiter, serait le meilleur moyen de me blesser à nouveau ».

Reste à voir si un Claude Bakadal à 100% est capable de s’imposer à Mouscron.

« Jusqu’à présent, on n’a pas pu me juger. Les gens ne connaissent que la carte de visite que j’ai pu présenter à mon arrivée et ils ont sans doute entendu que j’avais trouvé régulièrement le chemin des filets en Réserve. Mais, soyons sérieux: inscrire 15 buts à ce niveau ne signifie rien. Je ne suis pas venu pour jouer en Réserve: c’est bien lorsqu’on revient de blessure ou lorsqu’on a 18 ans, pas lorsqu’on en a 26. Cela ne doit être qu’une étape transitoire vers la Première. Malheureusement, ces deux dernières saisons, j’ai eu l’impression de jouer au jeu de l’oie. A chaque coup de dés, je suis tombé sur une case qui m’indiquait: retour à la case départ. J’espère que, cette fois, on m’indiquera plutôt d’avancer de deux cases. Jusqu’à présent, les quelques fois où j’ai joué, j’étais au maximum à 70 ou 80% de mes moyens, et j’ai sans doute été victime d’un manque de réussite que l’on pourrait imputer à un manque de confiance: je sortais de deux grosses saisons en France et je me retrouvais dans une situation que je n’avais jamais connue ».

Habitué aux rumeurs sur Broos

Cette semaine, les Mouscronnois sont à nouveau en congé pour une semaine. « Personnellement, j’aurais préféré reprendre d’une traite. Mais, avec toutes les questions que l’on se posait au sujet de l’entraîneur, cette interruption tombe peut-être à point nommé. Bien sûr, qu’on en a parlé entre joueurs: on lisait la presse, comme tout le monde, et on se demandait si Hugo Broos allait rester ou pas. Mais, depuis que je suis à Mouscron, j’ai toujours vécu avec genre de rumeurs. La saison dernière, on se demandait s’il allait être maintenu à son poste après le 0 sur 15. Cette fois, on plaçait son nom en corrélation avec l’équipe nationale et Anderlecht. A la longue, on s’y fait… »

Claude Bakadal ne s’est jamais dit qu’un départ éventuel d’Hugo Broos lui faciliterait la tâche. « Je ne peux rien lui reprocher. C’est lui qui était venu me chercher. Il connaît mes qualités. L’arrivée d’un nouvel entraîneur aurait pour conséquence que tout le monde repartirait de zéro. Un entraîneur essaye toujours de sélectionner les meilleurs. J’estime qu’il y a toujours une justice. Si l’on mérite d’être sur le terrain, on y sera. Et si l’on est mauvais, ce n’est pas toujours la faute à l’entraîneur, au terrain ou au ballon. Il faut avoir le courage de se regarder dans la glace ».

Pas question, non plus, de tabler sur un éventuel départ de Marcin Zewlakow ou de Mbo Mpenza pour libérer une place aux avant-postes. « Je ne demande aucune faveur. J’espère simplement pouvoir défendre mes chances à armes égales. A partir de là, la seule vérité sera celle du terrain ».

Daniel Devos

« On joue si on le mérite »

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