Le côté Boonen d’AK-47 et de Benoot

 » Impressionnant Alexander Kristoff. Impossible à battre aujourd’hui « , a twitté Fabian Cancellara de sa villa en Suisse, à l’issue du Tour des Flandres. Parfois, la conclusion est simple. Malgré une course fermée – on a la nostalgie de l’ancien parcours, quand tous les coureurs redoutaient la finale si dure, le Norvégien a intelligemment contré l’attaque précoce de Niki Terpstra, il ne l’a pas lâché d’un pouce dans le Kwaremont ni le Paterberg – la seule chance du Néerlandais – avant de le battre au sprint, froidement.

Le scénario rappelle l’édition 2006, quand Tom Boonen s’était élancé avec Leif Hoste, lâchant celui-ci à Meerbeke. Intelligence, puissance, vitesse et instinct de tueur : AK-47 – le surnom de Kristoff, âgé de 27 ans – présente beaucoup de points communs avec le jeune Boonen d’alors, si on fait abstraction de l’allure de vedette et du look. Avec John Degenkolb (26 ans), il est le leader des jeunes déjà mûrs qui sont en train de prendre le pouvoir. Ce n’est pas un hasard si le Norvégien est le premier non-trentenaire à enlever le Ronde depuis Stijn Devolder en 2009.

Le nouveau visage d’une levée belge encore plus jeune est surprenant : Tiesj Benoot, 21 ans à peine. Cinquième, il est le plus jeune coureur depuis seize ans et le premier néo pro depuis 1974 à figurer dans le top dix. Il aura certes tiré profit de son anonymat pour s’échapper dans les derniers kilomètres mais il avait déjà accompli un énorme travail en faveur de son leader, Jürgen Roelandts. Pour battre Lars Boom au sprint après 265 kilomètres, il faut avoir un sacré coffre.

On peut aussi le comparer à Boonen -très jeune, qui avait terminé troisième de Paris-Roubaix à 21 ans, derrière Johan Museeuw et Steffen Wesemann. L’exploit était certes plus beau et il est bien trop tôt pour dire si Benoot est un nouveau Boonen ou Museeuw, comme ses coéquipiers le surnomment.

Sa cinquième place ne constitue pas une vraie surprise. Le plus jeune professionnel belge, le sixième plus jeune du WorldTour, a déjà dévoilé sa classe dans A Travers la Flandre et à l’E3 d’Harelbeke. En catégories d’âge, il s’est forgé un joli palmarès aussi : sixième et quatrième de l’EURO et du Mondial pour espoirs, collectionneur d’accessits dans les classiques pavées comme dans les ardennaises. En plus, il est donc polyvalent. Il n’aligne pas les victoires mais il est toujours dans le peloton de tête. En plus, il a éclos sur le tard et possède une large marge de progression : il a d’abord rêvé de faire carrière comme gardien de but et a même passé un test à La Gantoise puis, devenu espoir, il a poursuivi des études à l’université de Gand.

Ce n’est donc pas un hasard si le produit de Lotto, comme Tim Wellens, a débuté très tôt en professionnels. Les tests physiques lui prédisaient un niveau international élevé, à terme. Toutefois, le Flandrien, modèle de modestie, n’aurait sans doute jamais imaginé atteindre pareil niveau dès maintenant.

PAR JONAS CRÉTEUR

La 5e place de Benoot est tout, sauf une surprise.

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