Le COMPTEUR à zéro

Bruno Govers

Le coach bruxellois entend donner une nouvelle impulsion à sa carrière au Tivoli.

Emilio Ferrera à La Louvière, il en avait déjà été pour la première fois question à l’intersaison passée. A l’époque, toutefois, le cadet de la famille avait préféré jouer la carte du FC Brussels. Un an après, le deuxième appel du pied du président Filippo Gaone aura été le bon. Avec un contrat d’une année pour commencer…

 » J’aurais sans doute été mieux inspiré en privilégiant l’offre des Loups, l’été dernier « , dit Emilio Ferrera.  » Mais le contexte général ne me paraissait pas des plus propices au Tivoli. C’était encore le flou concernant la physionomie du noyau et on évoquait même un rapprochement possible avec une autre entité du football hennuyer. Dans ces conditions, j’avais préféré opter pour le FC Brussels, où je me retrouvais en territoire plus ou moins connu pour avoir officié au stade Edmond Machtens. Je ne pouvais malheureusement pas prévoir la suite des événements là-bas alors que, dans le même temps, sous la baguette d’Albert Cartier, les Loups allaient surfer sur la vague du succès « .

Un an après, le tableau est-il plus reluisant ? Car les Ishiaku, Klukowski, Odemwingie et tant d’autres ont émigré et les révélations Mario Espartero, Matthieu Assou-Ekotto et autre Rafik Djebbour, ont fait de même ou sont en partance.

Le mérite du club est d’avoir toujours transféré avec doigté. Tout d’abord en jetant son dévolu sur un technicien de la trempe de Cartier puis en attirant des éléments qui ont tous rendu de fieffés services. Aucun pensionnaire de l’élite n’a autant tapé dans le mille, en matière de transferts, que La Louvière la saison passée. J’espère que nous aurons encore la main heureuse cette année car il n’est pas interdit de penser que l’équipe qui débutera le championnat sera composée de joueurs dont les neuf dixièmes n’auront jamais évolué ensemble. Il s’agira de dégager une osmose le plus vite possible entre tous les nouveaux venus, les valeurs sûres restantes ainsi que les jeunes qui ont déjà eu voix au chapitre.

L’un de vos regrets concernant votre période au FC Brussels fut de vous être engagé sans connaître les composantes du noyau. Etes-vous davantage avancé à La Louvière ?

A l’analyse, j’ai probablement commis trois erreurs au FC Brussels. Un : je n’avais effectivement jamais vu cette équipe jouer. Deux : le staff technique n’y était manifestement pas complémentaire ; dans une cellule, il faut que les défauts de l’un puissent être suffisamment compensés par les qualités des autres et vice versa. Chez les Coalisés, ce n’était peut-être pas tout à fait le cas. Trois : on m’a souvent reproché d’être trop professionnel pour le FC Brussels. Je dirai plutôt que le FC Brussels n’était pas assez professionnel. La preuve : il y est question, à présent, de l’établissement d’un organigramme. Si cette structure avait déjà existé au moment où j’étais encore actif là-bas, pas mal de problèmes et de malentendus auraient sans doute été évités.

A La Louvière, il est également question d’un nouvel organigramme.

Les noms y sont peut-être nouveaux, comme ceux de Chris Benoit ou Benjamin Goeders, mais la structure a toujours existé. Chacun sait de quoi il retourne et les compétences sont bien établies. Avec, au sommet de la pyramide, un président qui ne manque pas de mérite. Car c’est quand même grâce à Filippo Gaone que La Louvière a joué l’Europe et qu’elle a terminé 7e et 8e des deux derniers championnats. Désolé de le dire mais il y a en Belgique, dans certains clubs, des hommes forts qui font beaucoup plus de bruit pour moins que ça. Je suis bien placé pour le savoir.

Progression dans la hiérarchie

La Louvière est votre cinquième club parmi l’élite du football belge après Beveren, le RWDM, le Lierse et le FC Brussels. Où le situez-vous par rapport aux autres ?

Vu sous l’angle des chiffres, je n’ai jamais été logé à pareille enseigne car j’ai toujours eu affaire à des clubs qui se situaient dans la deuxième partie du tableau ou qui étaient carrément mêlés à la lutte pour le maintien. Je progresse (il rit).

La Louvière a même occupé le haut du panier à un moment donné, en 2004-05. Mais la dernière impression n’en est pas moins celle d’un club en déliquescence : un deuxième tour bâclé, un non-match honteux au Lierse, du matériel pillé…

Il y a eu beaucoup de problèmes internes pour des raisons qui échappent à l’entendement. Pourquoi La Louvière a-t-elle joué avec une équipe B contre le Club Bruges ? D’accord, cela interpelle peut-être. Mais, d’après moi, mieux vaut faire désordre et terminer à la septième place que faire nickel et terminer sur un siège basculant.

La première moitié du classement, ce sera l’objectif la saison prochaine ?

Je ne me prononcerai pas. Tout dépendra de la solidité du collectif que nous formerons sur base de joueurs qui ont encore tout à découvrir les uns des autres. Ce qui est sûr, c’est que La Louvière entame un nouveau cycle. Il ne reste plus rien de l’héritage de Roland Louf et Ariel Jacobs. Cette reconstruction peut prendre un certain temps. Je l’ai vérifié au FC Brussels, aussi bien avec les nouveaux transfuges qu’avec le blé en herbe. Par rapport à cette période-là, il y a quand même un distinguo : je suis persuadé que ceux qui convergeront vers le Tivoli auront la pointure de l’élite. Car ici, on se trompe rarement sur la valeur d’un joueur.

Personnellement, qu’attendez-vous de cette alliance avec les Loups ?

La Louvière fait figure de club idéal pour se relancer. Et ce, tant pour un joueur que pour un entraîneur. Jacobs et Cartier ont pleinement rebondi ici après des aventures sportives qui s’étaient terminées en eau de boudin à Molenbeek, pour l’un, et à Gueugnon pour l’autre.

Cartier a pu imposer certains joueurs qu’il connaissait bien. Suivrez-vous la même démarche ?

J’ai cru comprendre que le président aimait bien que l’on respecte la voie hiérarchique et les compétences de chacun. Au Tivoli, l’entraîneur entraîne et les décideurs décident. Il n’y a pas confusion. Filippo Gaone ne m’imposera pas un joueur qu’il est allé lui-même chercher au Brésil sans me consulter. De mon côté, je ne vais pas, non plus, plaider la cause d’un joueur qui n’est pas dans les cordes du club. Ce qui est intéressant également dans ce projet, c’est que je ne suis pas le seul à devoir réussir. Chris Benoit est, lui aussi, au pied du mur. Il débute dans la corporation de directeur sportif et sait qu’il faut marquer les esprits. C’est bien. Dans ce contexte, on ne doit pas craindre une sorte de routine. Les compteurs sont remis à zéro. Et nous avons tous deux intérêt à réussir, main dans la main.

Une logistique pour les jeunes

Au même titre qu’au FC Brussels, La Louvière fonde de réels espoirs sur des jeunes. Y a-t-il des similitudes d’un club à l’autre ?

On va veiller, en tout cas, à favoriser l’épanouissement de ces jeunes par la mise sur pied d’une véritable logistique destinée au blé en herbe. Le même tarif sera d’application à tout le monde, aussi bien pour les pros que pour les étoiles montantes.

On entend toujours la même rengaine à votre propos : grand entraîneur mais piètre communicateur. Avez-vous retenu la leçon et doit-on s’attendre à du changement chez vous ?

S’il y avait tant à redire, comment expliquer que bon nombre de joueurs, que j’ai eus sous mes ordres, souhaitent retravailler avec moi ? Posez cette question à des jeunes ou à des routiniers et vous entendrez la plupart du temps le même son de cloche. Mais il est évident que personne ne fait jamais l’unanimité. Il est donc compréhensible que certains, à Beveren, Molenbeek ou ailleurs, aient éprouvé des difficultés avec mes exigences. Le football est un métier à part entière qui induit un professionnalisme de tous les instants. Au même titre que les joueurs, je suis payé pour réaliser certains objectifs et non pour épater la galerie ou amuser mes ouailles. Si certains ne le comprennent pas, tant pis, c’est leur problème. De toute façon, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Bruno Govers

 » Dans ce métier, ON NE PEUT PAS PLAIRE à tout le monde  »

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