Le coach et son vrai buteur : qui profite de qui ?

Petit tableau pour réfléchir. Y figurent les trois clubs qui, avant ce week-end, constituaient le trio de tête dans chacun des 5 grands championnats européens ; le meilleur buteur de chacun de ces 15 quinze clubs ; le nombre de buts de chacun de ces buteurs ; le nombre total de buts inscrits par son équipe ; et chaque fois, le pourcentage du total que représentent les buts dudit meilleur buteur.

Petit tableau pour constater qu’au sein de telles équipes ayant le vent en poupe, le buteur de service plante en moyenne un tiers des buts (32 %). Mais surtout pour épingler que le joueur détenant le pourcentage-record n’est autre que Lionel Messi avec 43 % ! Vous me direz que c’est normal, vu que le p’tit Leo est le plus grand, le meilleur, le plus fort ! D’accord qu’il est le meilleur, mais son haut pourcentage est en tout cas paradoxal : le Barça est considéré par tous comme le collectif le plus brillant et le mieux huilé… mais ce collectif unanimement vanté est celui qui dépend le plus d’un individu précis pour mettre des buts dans les filets adverses !

C’est troublant. Que serait le Barça sans sa pulga : un collectif squattant toujours autant la possession de ballon, continuant de le faire circuler tout aussi joliment… mais un collectif plus stérile devant le but adverse, parce que privé de l’individualité osant la prise de risque avec une efficacité hors du commun ? Je crois perso que oui… D’où le verso de la question : que serait Santander avec Messi ? Une lanterne un peu moins rouge, un ventre mou peinard, ou même un prétendant aux places d’honneur ?

Se poser cette double question revient à s’en poser une autre : que serait l’aura de Pep Guardiola sans son Messi ? Et pas rien que l’aura de Guardiola, réexaminez le tableau, les deux dauphins de la puce y sont Robin van Persie (41 %) et Cristiano Ronaldo (38 %) : c’est-à-dire qu’il faut ajouter Arsène Wenger et José Mourinho au Pep. En l’occurrence trois coaches contemporains parmi les plus respectés, voire les plus adulés pour leur science de l’organisation d’un collectif ! Cela fait réfléchir à l’impact réel du coach sur le résultat, non ?

Vous pourriez répondre que non. Objecter qu’il y a du génie chez un Mourinho ou un Guardiola : que ce génie est au contraire d’être parvenu à construire leur collectif pour que s’y exprime comme nulle part ailleurs le talent de leur buteur de service ! Mouais. Je ne le vois guère sous cet angle, je crois plutôt que l’entraîneur du moment est alors Antonio Conte, qui constitua voici 15 ans à la Juventus, avec Didier Deschamps, un duo de petits médians réalistes horriblement et admirablement futés ! Conte coache aujourd’hui le club de son c£ur, lequel flirte avec le Scudetto 2012, mais sans artilleur surdoué (voir les 19 petits % d’ Alessandro Matri) ! Ainsi, imaginons à l’extrême deux coaches ayant remporté leur championnat en plantant 80 buts : le premier possédait un buteur qui en a planté 50 à lui tout seul ; le second a disposé de six meilleurs buteurs ex-aequo, avec seulement 8 buts chacun. De ces deux coaches, lequel peut-il être le plus fier de son coup et de son organisation ? Moi, je dirais le second.

Conte meilleur que Pep, José et Arsène ?

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