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Il y a quatre ans, le médian évoluait dans le calme relatif de West Ham avant de devenir un pion essentiel de l’entrejeu des Blues.

Le 30 avril 2005, Chelsea a fêté son premier titre anglais depuis 1955. En battant 2-0 les Bolton Wanderers, les Blues ont grappillé les derniers points nécessaires pour assurer leur premier sacre depuis 50 ans. Une fois encore, Frank Lampard a été le héros de la journée, en marquant les deux buts. Elu Footballeur de l’Année par la presse, il était devenu le meilleur buteur de son club avec 13 réalisations.

 » Nous avons prouvé que Chelsea avait la meilleure phalange « , commente-t-il.  » D’aucuns ont prétendu que nous ne développions pas un football vraiment attractif et qu’on retrouvait en finale de la Cup les deux meilleures équipes : Arsenal et Manchester United. Il est temps que ces gens réalisent que nous sommes les meilleurs, puisque nous avons remporté la Premiership. Les joueurs ont prouvé qu’ils étaient aptes à évoluer à un niveau constant toute une saison. Je n’oublierai jamais cette campagne. Je m’en souviendrai toujours avec délices « .

Chelsea a articulé sa saison autour de Lampard. L’international né à Romford a participé à tous les matches de championnat. Il forme un tandem infatigable avec le Français Claude Makélélé et l’entrejeu le plus fort d’Angleterre. Makélélé opère juste devant la défense et contrôle le jeu. C’est lui qui endigue chaque attaque adverse avant de relancer le ballon. Offensif, Frank Lampard dispose grâce à lui d’espaces et il rejoint le duo ou le trio d’attaque. Les ailiers (Arjen Robben, Joe Cole, Damien Duff) comme les attaquants (Didier Drogba, Eidur Gudjohnsen, Mateja Kezman) sont toujours démarqués ou aptes à jouer en profondeur. Lampard est toujours présent sur les corners et les coups francs, ce qui lui a permis de marquer autant la saison passée.

Durant l’exercice 2004-2005, José Mourinho a clarifié les contours de Chelsea. Le Portugais a parfois procédé dans un style un rien trop défensif mais en tout cas très reconnaissable. Il s’est débarrassé des étoiles d’Europe du sud qui, si elles étaient des valeurs confirmées, ne supportaient pas le climat anglais. Il leur a préféré de jeunes joueurs au palmarès pas encore très fourni et avides de l’étoffer (Petr Cech, Arjen Robben, Joe Cole), épaulés par deux routiniers (Claude Makélélé, William Gallas). Lampard émarge à une catégorie spéciale. Avec John Terry, Joe Cole et Wayne Bridge, le médian forme l’enclave anglaise qui emmène la sélection londonienne. Sur le terrain comme en dehors, il se comporte en leader, il dirige ses coéquipiers, rectifie le tir quand il le faut. Ce n’est pas un hasard si Mourinho fête une victoire avec ses Anglais d’une solide poignée de main ou d’une embrassade un rien plus appuyée qu’avec les autres joueurs.

Lampard peut encore évoluer pendant des années parmi l’élite. Ce n’est pas pour rien que Chelsea a prolongé en été 2004 le contrat du médian de cinq ans, entre-temps nommé vice capitaine.

 » Frank est une figure de proue de l’avenir de Chelsea « , l’a complimenté le directeur général Peter Kenyon, une fois le contrat paraphé par toutes les parties. Le joueur va gagner l’équivalent de 35 millions d’euros pendant ce quinquennat.

L’année 2005 est à marquer d’une pierre blanche dans la vie de Frank Lampard, qui compte déjà 146 matches de championnat de rang. Il doit parfois se rappeler ses premières années de professionnel, à West Ham. Enrôlé à 14 ans comme apprentice à Upton Park, le médian a toujours dû se battre pour émerger de l’ombre de son renommé père Frank. L’ancien défenseur était manager adjoint des Hammers, ce qui n’a pas vraiment facilité la carrière de Lampard Jr. Le médian, qui jouait entre autres avec Joe Cole, Rio Ferdinand et Michael Carrick, ne manquait pas de talent mais a tardé à l’exploiter.

En dehors du terrain, Frank faisait n’importe quoi

Sa vie privée a longtemps fait les choux gras de la presse à sensation et le club n’allait guère mieux. Les supporters de West Ham reprochaient à Lampard de devoir sa place de titulaire au népotisme et ne l’aimaient pas. Ils continuent d’ailleurs à le huer copieusement à chaque match qu’il livre là-bas.  » Au début, cela me chagrinait mais maintenant, ça me laisse de marbre. Je trouve même ça stimulant « .

A Chelsea, qui a déposé 15 millions d’euros sur la table pour lui, en 2001, Lampard a rapidement prouvé son utilité. L’international s’est joué de la concurrence de noms comme Emmanuel Petit et Graeme Le Saux. Lampard est un des rares Blues à avoir survécu à la révolution menée par Roman Abramovich, qui a repris le club en 2003. Cette saison, Lampard a d’ailleurs été un des pions majeurs de l’équipe championne.

Vous êtes bien dans votre peau. Pourquoi ?

Frank Lampard : J’éprouve beaucoup de plaisir à jouer depuis quelque temps et c’est très important. J’ai une belle maison, je joue dans un club formidable, donc tout va bien. J’ai eu de la chance dans certains domaines. Ainsi, je n’ai jamais été blessé. Footballistiquement, j’ai beaucoup progressé. A Chelsea, j’évolue avec des joueurs de l’élite qui m’apprennent toujours beaucoup. Je travaille plus dur sur le terrain, je cours plus et mes passes sont meilleures, grâce à l’assurance que m’insuffle le manager. Par exemple, je m’occupe des corners et des coups francs. Mourinho m’a confié cette responsabilité. Ainsi, j’ai le sentiment d’apporter quelque chose de plus à l’équipe.

Vous avez connu Chelsea avant l’arrivée de Roman Abramovich. Qu’est-ce qui a changé ?

Tout le monde me demande : – Comment est le manager ? Et le président ? Même en équipe nationale, des joueurs comme David Beckham et Gary Neville veulent le savoir. Tout le monde parle aussi de John Terry, Arjen Robben et Damien Duff. C’est dire à quel point Chelsea intéresse les gens. Je pense que c’est l’équipe la plus excitante du monde, pour le moment. Avant, on observait Manchester United, le Real ou l’AC Milan. Maintenant, c’est Chelsea. Pour les joueurs, c’est l’aspect mental qui constitue le principal changement : cette année, nous devons gagner chaque match, dans toutes les compétitions.

Vos premières semaines à Chelsea ne se sont pas déroulées sans heurts.

Il faut du temps pour s’intégrer. N’oubliez pas que j’étais encore très jeune quand j’ai signé à Chelsea. Il y a de quoi se sentir tout petit quand on est confronté à des Gianfranco Zola et autres Marcel Desailly, des hommes qui avaient presque tout gagné durant leur carrière. En outre, je devais améliorer plusieurs aspects de mon jeu. J’avais joué toute ma vie pour West Ham. Avec ce transfert, je découvrais un autre monde. Je suis maintenant un des rares joueurs de cette époque à toujours être au club. J’ai donc reçu davantage de responsabilités et j’essaie de m’en acquitter dans mes matches. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’âge. Il est difficile de contrôler un match quand on est jeune. On s’occupe plus de ce que les autres font que de son travail personnel. Maintenant, je suis en mesure de m’occuper des deux. Les gens ont été surpris que Chelsea dépense autant d’argent pour mes services. Mais de quoi s’agit-il, en fait ? De remporter des trophées. C’est ça, le n£ud de tout.

L’image de votre père vous poursuit depuis le début de votre carrière. Est-il difficile pour un footballeur d’être le fils d’un ancien pro connu ?

Si j’ai quitté West Ham, c’est notamment à cause de mon père. Je voulais être quitte de toutes ces comparaisons. Heureusement, nos liens de parenté n’ont désormais plus d’influence sur ma carrière. Naturellement, ils ont eu leurs avantages. Sans mon père, je n’aurais sans doute pas réussi. Il continue à assister à tous mes matches. Ce qui est formidable, c’est qu’il est objectif à l’égard de Chelsea et qu’il peut me donner son opinion. Il n’est pas impliqué dans le club et il admet lui-même que c’est beaucoup mieux maintenant.

On fête toujours les buts ensemble

Dans quelle mesure le succès actuel est-il dû à José Mourinho ?

Il a beaucoup travaillé pour insuffler à tous les joueurs une mentalité de battants, de vainqueurs. Même pendant la préparation, il exige que nous allions à fond dans chaque match amical. Le manager nous a appris à évoluer dans différents systèmes de jeu et à nous y adapter. Les gens le trouvent arrogant mais n’importe qui peut se rendre compte qu’il réalise ce qu’il dit. En plus, il le fait avec humour. Dès la première rencontre, on comprend qu’il est bourré d’assurance. Mourinho est un vrai manager : il comprend comment les joueurs se sentent, comment ils veulent s’entraîner et jouer. Même les Réserves qui entrent rarement en action vont au feu pour les autres. Le mérite en revient au manager. Tous les nez sont pointés dans la même direction, les nouveaux sont bien intégrés. On le remarque quand Chelsea marque. Les joueurs fêtent le but entre eux. Le manager est resté calme en début de saison quand on a critiqué son style de jeu. Nous avons évolué plus offensivement quand Arjen Robben a pu nous rejoindre. Arjen apporte sa vitesse sur le flanc, ainsi qu’un flair que nous n’avions pas. Mais notre vision n’a pas changé. Mourinho continue à dire : – Allez-y et gagnez le match. Peu m’importe le score. Nous le soutenons tous. Il a accompli un travail fantastique.

A quel point êtes-vous ambitieux ?

Quand on se repose, on régresse. Mon père ne cesse de me le répéter. Il a toujours dit que je devais travailler dur. J’ai appris à me motiver moi-même. Je suis mon premier critique. Une mauvaise action me poursuit plus longtemps qu’une bonne, même si j’essaie de prendre du recul. Et puis, il y a les critiques externes. Elles sont positives car elles m’incitent à progresser mais parfois, les gens vous démolissent complètement après un seul mauvais match.

La pression n’est-elle pas énorme à Chelsea ?

Le club a consenti d’énormes investissements, ce qui accroît la pression. Les gens trouvent normal que nous gagnions. Par contre, une défaite et on parle de crise. Selon moi, les joueurs ont prouvé qu’ils étaient capables de gérer cette pression, même s’il est difficile de s’imposer comme titulaire. J’avoue d’ailleurs m’être déjà tracassé à propos de ma situation personnelle, tant il y a de bons joueurs à Chelsea. Le manager a envisagé de me faire pratiquer la rotation. Heureusement, il n’est pas encore passé aux actes. Evidemment, tous nos adversaires veulent nous battre. Beaucoup de clubs estiment que Chelsea est privilégié.

Vous ne trouvez pas ?

Chelsea a la possibilité de renforcer son noyau. Quel club refuserait de tels moyens ?

Vincent Okker

 » Même DAVID BECKHAM VEUT SAVOIR comment c’est à Chelsea « 

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