Le Club Bruges entre émotion et raison

Filips Dhondt, manager général de l’équipe, tente de traduire sereinement les émotions qui agitent le Club Bruges depuis le décès de François Sterchele.

 » Le match… Le respect de chacun a été phénoménal. Je suis arrivé deux heures et demie avant le match, comme d’habitude. Quel monde… Ces témoignages de soutien spontanés accrochés à toutes les grilles… Il fallait permettre aux gens de s’exprimer « .

Les joueurs ont reçu un soutien immédiat. Dhondt :  » Ils vivaient avec François jour après jour. D’abord, le Club les a aidés mentalement, mais il était aussi possible de s’adresser à une personne extérieure et cela le reste, maintenant qu’ils sont en vacances. Tous les joueurs ont reçu un numéro de téléphone transmis par le staff médical. Il s’agit d’un psychologue de l’hôpital Sint Jan de Bruges puisque le Club n’en emploie pas « .

La famille de François a téléphoné au club le samedi matin, quelques heures avant le match. Dhondt :  » Vers neuf heures, pour signaler qu’elle était en route vers Bruges. Nous les avons tous accueillis, accompagnés au vestiaire, à son armoire, à la chapelle improvisée. Nous avons discuté de l’enterrement. Sa mère a demandé si elle pouvait emporter ses chaussures. Elles étaient prêtes pour le match. Sa veste préférée était accrochée dans l’armoire, elle l’a prise aussi. C’était vraiment très émouvant « .

Le décès de Sterchele a été un choc humain mais aussi sportif. Dhondt :  » Une perte énorme. L’équipe de la saison prochaine allait être partiellement articulée autour de François. Nous allions renforcer les flancs pour qu’il puisse jouer à l’avant-centre. Nous avions prévu de longue date une réunion stratégique mais son contenu a changé. Nous devons occuper un poste qui n’était pas à l’ordre du jour. Nous devons en discuter avec l’entraîneur, le manager, le staff technique… Se hâter n’aurait aucun sens. La période des transferts n’a pas encore commencé et elle court jusque fin août. Nous devons d’abord procéder à une évaluation des qualités du noyau actuel, analyser la situation. Ce n’est pas possible quand le chagrin est encore aussi fort « .

L’accident va-t-il modifier la position des avants ? Salou Ibrahim semblait chercher un autre club.

Dhondt :  » Nous avons toujours dit que nous analyserions chaque cas individuellement si nous recevions une offre pour un joueur. Nous restons fidèles à cette vision mais de fait, la situation a changé. Je ne puis vous en dire davantage « .

Le décès a également des conséquences financières. Un club peut-il s’assurer contre ce genre de risques ? Dhondt :  » Je ne puis vous en dire beaucoup. Nous avons envoyé une déclaration d’accident à notre courtier, nous verrons ce qu’il en ressortira « .

Le Club est donc assuré… Dhondt :  » Nous n’en dirons vraiment pas plus à ce propos « .

Le décès tragique de Sterchele a un poids sur le budget. Le Club avait versé une indemnité de transfert importante pour celui qui, à 26 ans, avait encore une marge de progression et pouvait donc procurer une plus-value…

Dhondt :  » Absolument. Un club de football espère toujours pouvoir revendre un tel joueur avec bénéfice quelques années plus tard. Nous essuyons donc une perte économique, outre les pertes humaine et sportive « .

PAR PETER T’KINT

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire