Le Club Bruges doit apprendre à contrôler son stress

Le fait que dimanche, au repos du match entre le Club Bruges et Mouscron-Péruwelz, Bart Verhaeghe soit entré dans le vestiaire de l’arbitre reflète la pression étouffante à laquelle le Club est soumis. Sa chasse obsessionnelle au titre empêche par moments les habitués du stade Jan Breydel de réfléchir rationnellement. Ils bouillonnent trop. Il y a quelques mois, Bart Verhaeghe avait déjà suscité l’émoi suite à un incident l’ayant opposé à un steward à Lokeren.

On avait alors requis une interdiction de stade de cinq mois. Dans ces conditions, la moindre des choses est de rester en dehors de la zone neutre. Un président doit se contrôler en toutes circonstances. Là, cela semble très difficile à Verhaeghe, qui aime pourtant donner des leçons aux autres. Il se laisse vite emporter par ses émotions. Même quand, comme dimanche, il n’en a aucune raison.

Les Blauw en Zwart ne parviennent plus à canaliser leur stress. Ils se plaignent beaucoup des matches de Coupe d’Europe, qui les nuiraient dans la lutte pour le titre et la Coupe. Ça ne s’intègre absolument pas dans la philosophie du club. Bien sûr, Bruges gagne un point quand il fait remarquer que le programme européen constitue une surcharge mais le gérer est inhérent au statut de grand club. Sinon, il ne faut pas vouloir se qualifier pour une joute européenne.

Le noyau du Club est suffisamment étoffé pour lutter sur les trois fronts. De plus, ces derniers mois, Michel Preud’homme a adopté un système de rotation qui doit permettre à ses joueurs de conserver leur fraîcheur. Il a réinsufflé d’anciennes valeurs dans une équipe qui, malgré l’absence d’un avant doté d’un réel sens du but, a inscrit 109 buts en matches officiels.

La crainte d’un échec dans la dernière ligne droite laisse des traces chez Preud’homme aussi. Exaspéré par Mouscron, qui cherchait à gagner du temps, dimanche, il a ramassé un ballon qui passait la ligne et l’a jeté à la poitrine de Pieter-Jan Monteyne. En revanche, après les matches, Preud’homme retrouve son calme. Il n’a pas émis la moindre plainte durant la conférence de presse, malgré la grave et longue blessure de son relais, Victor Vazquez.

Le Club a besoin d’un titre pour se libérer et retrouver plus de sérénité. A tous les niveaux. La rupture de style menée à bien par Bart Verhaeghe et Vincent Mannaert et les faux-pas initialement commis ont écorné l’image du Club. Il a brusquement perdu son ancrage flandrien comme la réputation d’un club géré avec un bon sens paysan. Tout le monde paraissait accepter les touches amateuristes qui l’accompagnaient, même si elles ne sont plus de notre temps.

Maintenant, la direction semble persuadée que certains ne souhaitent pas un titre à Bruges. Étrange pour un club qui s’est professionnalisé dans tant de secteurs. On a trouvé des excuses chaque fois que le Club a loupé le titre. C’était aussi lié à un manque de communication, un problème qui affecte beaucoup de clubs belges. Les dirigeants préfèrent conserver les rênes plutôt que de les confier à des spécialistes.

Le Club Bruges reste un club familial. Les applaudissements chaleureux à l’adresse d’un supporter atteint d’une maladie incurable, qui a donné le coup d’envoi dimanche, étaient émouvants. C’est ça, le Club Bruges : une association chaleureuse et populaire. Les éclats dont Bart Verhaeghe est coutumier lui conviennent mal.

Anderlecht doit sourire en observant ce qui se passe à Bruges. Le champion prépare en toute sérénité la finale du championnat. Même avec la blessure de Steven Defour. Car il sait qu’une série de joueurs, parmi lesquels son cheval de parade, Dennis Praet, va bientôt revenir, et que le défenseur portugais Rolando se révèle être un fameux renfort, malgré la carte rouge reçue contre Courtrai. Aussi parce qu’il est convaincu que pendant les play-offs, Marko Marin atteindra son meilleur régime.

Bientôt, donc, la lutte pour le titre va redevenir un duel classique. Durant lequel il s’agira de bien gérer son stress.

PAR JACQUES SYS

Le Club est une association familiale par nature.

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