Le Club Bruges a retrouvé son âme

Aucun entraîneur n’est-il capable d’étouffer dans l’oeuf la nonchalance qui s’empare parfois d’Anderlecht ? Aimé Anthuenis, Hugo Broos, Frank Vercauteren, Ariel Jacobs et John van den Brom, tousse sont plaints régulièrement de l’apathie dans laquelle sombrent certains joueurs, du dédain avec lequel ils évoluent parfois, alors qu’ils sont les représentants d’un ancien bastion aristocratique. Besnik Hasi allait rectifier le tir par son vécu. Quand il a pris le flambeau de John van den Brom, il a insisté sur la nécessité d’une plus grande culture du travail et, dans nos pages, il affirme qu’elle s’est rapidement installée. Il exige de la discipline, afin que ses jeunes joueurs gardent les pieds sur terre, quand bien même ils lisent à combien de millions leur valeur s’élève.

Las, l’histoire se répète sans cesse. Comme samedi au Sporting Charleroi. Anderlecht a joué sans inspiration, sans intérêt. Il a manqué d’agressivité partout, il a concédé trop d’espaces alors qu’il avait réussi un authentique exploit à Arsenal et qu’il avait gagné un déplacement difficile à Gand. Après chaque moment de ce genre, c’est le même refrain : parfois, le Sporting se surestime et manque de motivation, sans que nul au sein de l’équipe ne puisse remettre de l’ordre. Le manque de leaders sur le terrain est un phénomène général, qu’on retrouve dans presque toutes les équipes de notre championnat et qui complique encore un peu plus la tâche des entraîneurs.

Composer une équipe est de plus en plus difficile. Les entraîneurs sont confrontés à un melting-pot de cultures, à des joueurs influencés par leur manager, des joueurs qui ont une trop haute estime d’eux-mêmes, des footballeurs entourés de gens qui les flattent. Le Club Bruges, un bloc uni et stable par excellence, n’a pas échappé à ce phénomène. Il y a trois ans à peine, après une défaite à Lokeren, certains joueurs chantaient dans le car. Il a fallu plus d’un an à Michel Preud’homme pour modeler l’équipe à sa façon. Le Liégeois, chantre du fanatisme, n’a cessé de voir ses directives bafouées. Ça en dit long sur la mentalité qui règne dans le monde footballistique.

Maintenant, Bruges est de nouveau en tête. Et, surtout, il a retrouvé son âme. Sa clef ? La stabilité. Cela ne produit pas toujours un football pétillant et contre Waasland-Beveren, il a parfois cédé à la nonchalance mais il n’empêche : les fondations sont posées. Il devra le prouver dimanche à Anderlecht. Le système de rotation tant discuté ne nuit pas au rendement de l’équipe. Le Club a opté, plus que jamais, pour la stabilité sportive. Il a déjà annoncé qu’il n’embaucherait aucun joueur en janvier, ce qui est significatif, même s’il ne faut pas trop prêter attention à ce genre de déclarations dans un monde aussi capricieux.

La continuité reste un terme méconnu du football, comme le montrent les changements d’entraîneurs. Le Lierse a entamé le championnat avec des moyens réduits mais ça ne l’a pas empêché de juger Stanley Menzo insuffisant. Son successeur, Slavisa Stojanovic, n’a pu remettre la barque à flots et samedi, après la défaite 2-1 à Mouscron, il dégageait une telle impuissance qu’on peut se demander comment il peut encore inspirer son équipe. Les responsables de la gestion sportive, coincés ou non dans leurs limites financières, restent à l’abri.

Il n’en va pas autrement au Cercle Bruges. Lorenzo Staelens ou Arnar Vidarsson, ça ne change rien. Samedi, Gand a profité de la faible résistance opposée par les Vert et Noir pour inscrire quatre buts, pour la deuxième fois de la saison. Les Buffalos ont gaspillé dix points dans leur stade, malgré tout. La situation du Standard est tout aussi étrange. Il a gagné deux fois plus de points en déplacement qu’à domicile, malgré sa défaite 3-2 à Ostende. Au littoral, Ivan Vukomanovic a tenté de procéder avec plus d’autorité, sans résultat, même si la voie choisie par l’entraîneur est la bonne : à terme, l’attentisme ne convient certainement pas au statut des Rouches.

PAR JACQUES SYS

L’histoire se répète à l’infini à Anderlecht.

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