Le clan des 7

Au Sporting, on ne parle jamais autant des joueurs des Balkans que lorsque les résultats laissent à désirer.

Forces en présence

Avec 14 étrangers sur un noyau de 24 joueurs (soit 58%), Anderlecht n’était devancé que par Lokeren (69%) et par Beveren (60%), en tout début de saison, concernant le pourcentage de représentants non Belges. Depuis cette date, le Sporting a conservé cette troisième place, même si des footballeurs venus d’autres horizons se sont ajoutés en cours de campagne, comme le Serbe Goran Lovre ou le Néerlandais Sherjill Mc Donald.

Au Freethiel, il n’en était d’ailleurs nullement allé autrement puisque la colonie ivoirienne passa de 11 à 15 représentants. Au stade Constant Vanden Stock, la présence de footeux de ce pays se limite au seul Aruna Dindane, flanqué d’un frère de couleur à peine (à l’exception du Belge Junior, aux racines congolaises): le Burkinabé Lamine Traoré. Au nombre des singletons figurent encore le Polonais Michal Zewlakow, le Finlandais Hannu Tihinen, le Coréen Ki-Hyeon Seol et l’Australien Clayton Zane, auxquels s’ajoutait encore, l’été passé, l’Egyptien Tarek El Saïd, parti se refaire une santé sportive et morale dans son club cairote d’origine, le Zamalek. Si Daniel Zitka et Martin Kolar constituent la composante tchèque du groupe pro, celui-ci fait la part belle à une impressionnante colonie originaire des Balkans. Elle englobe les Serbes Zvonko Milojevic, Aleksandar Ilic et Nenad Jestrovic, les Croates Ivica Mornar et Zeljko Pavlovic, ainsi que le Kosovar Besnik Hasi (qui défend toutefois les couleurs de la formation représentative d’Albanie).

L’importante coloration slave de l’effectif du RSCA est un phénomène somme toute récent. Depuis l’avènement du professionnalisme, il y a un quart de siècle, les Bruxellois avaient d’abord sacrifié à une certaine mode hollando-danoise (avec les Robby Rensenbrink, Arie Haan, Morten Olsen et Henrik Andersen entre autres) puis africaine ( Stephen Keshi, Nii Lamptey, Yaw Preko, Charly Musonda, etc…) avant de s’engager résolument sur cette voie même si, par le passé, les Mauves avaient déjà composé avec des garçons originaires de l’ex-Yougoslavie, comme le gardien Zlatko Vukasovic, le défenseur Luka Peruzovic ou encore les médians Milan Jovanic et Milan Jankovic. Hormis Luka Peruzovic, qui fut même entraîneur au Parc Astrid au début des années ’90, aucun d’entre eux ne fit cependant long feu.

Intégration

Le noyau anderlechtois se divise en six en fonction de l’origine, de la langue ou du statut. Les Belges, comme bien l’on pense, se divisent en francophones et néerlandophones, les étrangers entre slaves, anglophones et africains et une dernière composante regroupe la plupart des jeunes. Les groupes ne sont pas rigides à 100% pour autant. Certains joueurs font même office de passe-partout. C’est le cas du Bruxellois pure souche Gilles De Bilde à l’aise avec tout le monde, voire de Besnik Hasi, à l’aise lui aussi avec tout un chacun.

Seul Ki-Hyeon Seol constitue un cas particulier, dans la mesure où le Coréen, en raison de la barrière de la langue, ne parvient guère à communiquer avec son entourage. Tous les joueurs maîtrisent l’une ou l’autre des langues utilisées dans le vestiaire ou sur le terrain, qu’il s’agisse du néerlandais, du français ou de l’anglais. Quoi qu’un manque de dialogue soit parfois perceptible, malgré tout, dans le feu de l’action. L’incompréhension totale d’ Olivier Doll et de Daniel Zitka sur le premier but montois lors du récent match entre l’Albert et les Sportingmen l’atteste à suffisance.

Pour favoriser les échanges verbaux, la direction anderlechtoise a institué depuis quelques années des cours de français. « Le tournant, ce fut la grave blessure au genou de Charly Musonda voici une dizaine d’années », observe le manager du club, MichelVerschueren. « Nous aurions aimé pouvoir venir en aide au joueur en lui proposant d’intégrer le staff des entraîneurs à Neerpede. Mais malgré toutes ses années de présence chez nous, il ne possédait pas la moindre notion de nos langues nationales. Par la suite, nous nous étions fait la même réflexion en ce qui concerne Nii Lamptey. Et depuis lors, nous avons remédié à cette carence et avons privilégié l’apprentissage du français. L’anglais est déjà bien répandu. Bien sûr, il n’est pas possible de contenter tout le monde. Un Seol aurait préféré apprendre l’anglais plutôt que le français chez nous. Mais nous n’en sommes pas encore au point de pouvoir nous permettre un enseignement plus individualisé. Plus tard peut-être, qui sait, quand nous aurons développé notre école des jeunes à Neerpede et tout ce qui s’y rattache. Mais je ne serai sans doute plus là pour m’en occuper (il rit)« .

Poids sur le terrain

Avec un total de 30 buts sur 59, soit un peu plus de la moitié de la production offensive anderlechtoise, le trio Nenad Jestrovic (13 buts), Ki-Hyeon Seol (11 buts et 8 assists) et Ivica Mornar (6 buts) se taille la part du lion chez les Bruxellois. Sans compter qu’Aruna Dindane compte lui aussi 5 assists. Indépendamment du Coréen, seul Gilles De Bilde (8 buts) présente un total supérieur à celui de l’Ivoirien. Comme quoi les étrangers pèsent lourdement dans la balance du Sporting, d’autant plus que deux autres veillent encore au grain à l’arrière: Daniel Zitka au goal et Hannu Tihinen au poste de stopper.

Vestiaire

Il n’y a pas que sur le terrain que les étrangers sont forts. Dans le vestiaire aussi, il faut indéniablement composer avec eux. A tel point que certains font même état de clans. Surtout du côté des joueurs balkaniques, forts de sept unités. Eux-mêmes, cependant, s’en défendent.

« C’est toujours la même rengaine », souligne Zvonko Milojevic. « Tant que l’équipe répond à l’attente, il n’y a jamais rien à redire. Mais pour peu que les résultats laissent à désirer, certains relèvent des problèmes partout. Et notamment au niveau des relations humaines dans le groupe. Ce sont des foutaises. Autrement, les dirigeants ne m’auraient pas proposé de rempiler pour une période de trois ans. D’autre part, si un garçon comme Besnik Hasi fait partie du conseil des joueurs, au même titre que Glen De Boeck, Olivier Doll et Yves Vanderhaeghe, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison ».

Reste que tous les ex-Yougoslaves ne jouissent pas d’une cote favorable. Comme Aleksandar Ilic, bougon quand il n’est pas aligné à son poste de prédilection, ou encore Ivica Mornar, accusé de la jouer perso. Depuis que le Croate a dit qu’à la place de l’entraîneur, Hugo Broos, il opterait toujours pour un joueur comme lui, l’ex-Standardman fait partie du contingent de représentants de l’Est appelé à quitter le Sporting en fin de saison, à l’instar d’Ilic (courtisé par Roda JC Kerkrade) et de Zeljko Pavlovic qui n’a pas joué un seul match en Première depuis son arrivée chez les Mauves il y a tout juste deux ans.

Mornar, Ilic et Pavlovic sont appelés à partir

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