Le ciel est la limite

Public Club et supporters ont grandi ensemble

Dominique D’Onofrio ne manque pas d’éloges à propos des supporters :  » C’est un plaisir de venir au Standard et quand je vois des familles entières dans le stade, cela me réchauffe le c£ur. Il y a quelques années, le ton était différent, parfois violent, mais grâce entre autres à l’action de la Famille des Rouches de Louis Smal, les supporters ont grandi avec nous. Ils nous ont offert ce soutien positif dont on avait besoin. Je connais des supporters d’autres clubs, qui viennent d’abord pour les tifos. J’ai reçu des visiteurs étrangers qui étaient emballés par le rôle assumé en toute sportivité par le meilleur public de Belgique. Le douzième homme du Standard est unique. A Liverpool et à Everton, leurs chants furent plus puissants que ceux des kops anglais.  »

Finances Un flirt européen de plus en plus poussé

En un an, le Standard a porté son budget de 16 à 20 millions d’euros. C’est le quatrième budget de D1. L’année passée, il avait été question d’un léger déficit d’exploitation dû aux efforts consentis pour transférer ou garder des joueurs. Mais on n’oubliera pas que le Standard a été sacré champion avec une équipe jeune (moyenne d’âge : 22,5 ans) qui n’a coûté que 6,5 millions d’euros. N’ayant pas le même hinterland économique qu’Anderlecht (moins de contacts avec les sponsors), le Standard ne pouvait résister à une offre de 20 millions d’euros pour MarouaneFellaini. La direction sait qu’elle ne peut vendre tous ses joueurs en même temps. Même si les recettes (public, sponsors, etc.) seront plus importantes dans un stade de 40.000 places, une vente intelligente de ses vedettes constituera un apport financier régulier et vital.

Mais des qualifications européennes s’imposent car en plus des droits de télé, cela permet aux joueurs de se montrer. Si le Standard ne s’était pas mesuré à Liverpool, Everton n’aurait peut-être pas acheté Fellaini.

Enfin, et c’est le plus important : en 1998, le Standard était au bord de la faillite avec une ardoise de 20 millions d’euros. Les nouveaux actionnaires en ont injecté plus de 30 pour boucher le trou et entamer le redressement.

Gestion Dix ans de progrès incessants

Il y a 10 ans maintenant que l’équipe est en place. Cette stabilité est importante. Dominique D’Onofrio :  » Au début, le Standard n’existait quasiment plus. On ne nous voyait quasiment plus à Bruxelles. Le Standard ne comptait pas dans les sphères dirigeantes. Petit à petit, cela a changé. En 1998, le club aurait pu se retrouver dans la situation du FC Liège qui, je l’espère, se sauvera.

Dix ans, c’est peu finalement quand on s’intéresse au chemin parcouru dans tous les domaines. Il y a un dicton que j’aime beaucoup : -Celui qui renonce à être meilleur cesse d’être bon. Je ne sais pas où le Standard sera dans cinq ans mais, c’est plus que certain, il aura avancé, progressé, évolué. C’est notre destin. Je suis fier du fait que nous soyons un exemple. D’autres peuvent arriver au même résultat. Le secret, c’est le travail. Le titre avec les jeunes et le football produit contre Liverpool et Everton a déclenché quelque chose en Belgique, jusqu’en équipe nationale. Le Standard reçoit désormais du courrier du monde entier. En Chine, des supporters suivent nos matches via satellite et internet. Cet intérêt prouve que le football belge est solide. La scission dont on parle tant en Belgique constituerait un affaiblissement alors que le monde entier s’intéresse au football.  »

Politique L’amitié de Daerden a des limites

C’est un secret de Polichinelle, Michel Daerden est proche des D’Onofrio avec qui il jouait au kicker à Ans du temps de leur jeunesse. Le monde politique a toujours soutenu le Standard, porte-drapeau de la Wallonie qui n’a pas d’autre club à vocation internationale. Sclessin a été modernisé avec de l’argent public en vue de l’Euro 2000 et. Daerden mettra la main au portefeuille quand le nouveau stade sera terminé. Il faudra bien financer la voirie, etc.  » Et si le public devait nous aider comme en France, le Standard aurait des entraîneurs de jeunes professionnels « , lance D’Onofrio.  » A Lens c’est le cas. C’est impossible ici car on ne peut pas se le permettre : on n’a pas de subsides du public.  »

Infrastructures Pour l’instant, le joyau est l’académie RLD

Dominique D’Onofrio, directeur technique du Standard, a assumé des responsabilités diverses depuis 1998. Cette année-là, Lucien D’Onofrio bouleverse l’actionnariat liégeois avec l’aide de Robert Louis-Dreyfus. Membre du staff technique, puis T1 avant de devenir DT, DD est fier de l’Académie Robert Louis-Dreyfus. Les observateurs estiment que les Liégeois ont acquis 10 ans d’avance sur la concurrence grâce à ce bel outil.

 » Je reçois beaucoup de visiteurs et tous sont sous le charme « , confie D’Onofrio.  » C’est comparable à ce qui se fait de mieux à l’étranger. Il y a longtemps que mon frère en rêvait. Et ce n’est pas fini. Lucien voyage beaucoup, retient entre autres ce qui est bien fait à l’étranger. C’est un esthète qui désire que tout soit efficace, mais aussi agréable à voir. L’Aca, c’est aussi un parc… Il fut un temps où le Standard devait aller chercher ses jeunes. On le fait encore via nos scouts mais on constate désormais que le jeune talent se présente spontanément chez nous. Il sait que la formation figure au centre de nos préoccupations. Mais il est tout aussi essentiel que les jeunes terminent au moins leurs humanités. Nous avons des accords avec 6 établissements scolaires et 3 internats. Des bus se relayent sans cesse entre ces écoles et l’Académie. Ils sont suivis par des pédagogues et, si c’est nécessaire, ils font l’impasse sur des entraînements pour résorber un retard scolaire. La maman d’un élève a beaucoup apprécié cette approche qui a permis à son fils de réussir son année scolaire via des examens de passage.

Nous gérons 20 équipes de jeunes qui retiennent l’attention de 25 entraîneurs. A côté du bloc des jeunes, il y a évidemment le secteur hyper moderne des professionnels. L’ensemble a coûté 18.000.000 d’euros, dont 13 à charge du Standard. Tous les trimestres durant 29 ans, le club débourse 175.000 euros afin de rembourse le prêt : c’est considérable. Le Standard doit beaucoup à Tomislav Ivic. Il y a 10 ans, c’est lui qui a réinstauré le vrai professionnalisme et le goût du travail dans un groupe embourgeoisé. Ah, cela n’a pas plu à tout le monde mais 10 ans plus tard, un club en voie d’extinction a gagné un titre et s’est refait un nom sur la scène européenne.  »

On sait que le Standard est de plus en plus à l’étroit à Sclessin. Le club compte désormais 22.000 abonnés et les listes d’attente sont longues. La direction devrait annoncer prochainement l’endroit où devrait être construit le nouveau stade de 40.000 places. Il est beaucoup question de Wandre. La conception sera ultramoderne avec business seats, loges, commerces, etc. Financé par le privé, le stade sera multifonctionnel et grouillera d’activités tous les jours. Les premiers travaux pourraient commencer en début 2009 et s’achever en 2013.

par pierre bilic

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire