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Le charisme ou le projet?

Les élections présidentielles au FC Barcelone verront s’affronter Joan Laporta et Víctor Font. Quel que soit l’élu, c’est un travail de titan qui l’attend.

Víctor Font regarde l’écran de son smartphone et sourit. Il se tourne alors vers la caméra et dit:  » Joan, dans ce domaine, tu es le maître, mais ce n’est pas avec des pancartes que nous allons remporter la Ligue des Champions, construire un nouveau stade et payer nos dettes. »

La vidéo est dispo sur Twitter et constitue une manière élégante de lancer la campagne présidentielle. Sur une énorme banderole de cinquante mètres sur vingt qu’il a fait accrocher à la façade d’un immeuble à appartements à côté du stade Bernabéu, on peut en effet voir Joan Laporta dire: Heureux de vous revoir. Sur ses réseaux sociaux, il poste la photo avec, en arrière plan, le stade du Real Madrid et un message: Hola Madrid! D’un point de vue marketing, c’est un coup de maître. Les socios du FC Barcelone, qui ont perdu trop de trophées au profit de Los Blancos ces dernières années, ne peuvent qu’apprécier.

Si Xavi ne vient pas, je payerai de ma poche les abonnements de tous les socios. » Víctor Font

Laporta et Font sont les deux principaux candidats à la présidence d’un Barça en souffrance. L’avocat Toni Freixa, qui siège à la direction du club depuis des années, est candidat également, mais n’a aucune chance. Le dimanche 7 mars, les 110.000 socios auront l’occasion de voter dans tout le pays. Font, qui a annoncé sa candidature il y a deux ans déjà, faisait figure de grand favori, mais l’ex-président Laporta (2003-2010) a décidé in extremis d’entrer dans la danse, et la balance semble désormais pencher en sa faveur.

Víctor Font
Víctor Font© BELGAIMAGE

Innover pour ressusciter

Víctor Font (48 ans), un entrepreneur catalan qui vivait encore à Dubaï voici peu, a pourtant bien réfléchi à sa candidature. Il a développé un programme très concret appelé  » Sí al futur » (« Oui à l’avenir ») qui doit, selon lui, faire entrer le Barça dans le XXIe siècle plutôt que le laisser vivoter sur ses succès passés. C’est pourquoi il dit que ces élections sont « les plus importantes de l’histoire récente du club. »

Font a réussi à rassembler quelques pointures. Dans son organigramme, on retrouve les noms de Xavi Hernández en tant que manager à l’anglaise – « Je parle plus souvent avec Xavi qu’avec ma femme » – et de Jordi Cruijff au poste de directeur sportif. Il y a deux ans, Font avait déclaré qu’il voulait faire de Xavi le T1 du Camp Nou, mais entre-temps, il a adapté son discours. Avec ce modèle britannique, il reste une place pour Ronald Koeman, si celui-ci se débrouille bien cette saison. Les détracteurs de Font observent que Xavi est encore sous contrat à Al-Sadd jusqu’en juin 2021 et que le Qatar l’a engagé comme ambassadeur de la Coupe du monde 2022, mais Font se fait fort de le ramener en Catalogne dès qu’il sera élu président: « S’il ne revient pas, je payerai de ma poche tous les abonnements des socios« , dit-il.

L’entrepreneur est également convaincu que le retour de Xavi permettrait au Barça de conserver Lionel Messi. « Messi aimerait terminer sa carrière à Barcelone. Avant l’été, il était frustré parce que le club n’avait pas de projet compétitif. Nous avons un projet crédible et, de plus, Messi s’entend bien avec Xavi. Je suis certain qu’il adorera notre projet et qu’il y a davantage de chances qu’il reste si je suis élu », dit Font dans El Mundo Deportivo.

Comme Laporta, Font est un inconditionnel de Johan Cruijff. C’est pourquoi il veut faire du centre de formation la pierre angulaire du club. Un retour aux sources, donc, mais uniquement sur ce point. Font veut en effet rompre totalement avec la façon dont le club a été géré ces dernières années. Il veut innover et trouver d’autres sources de revenus. Il songe ainsi à rapprocher le club de ses fans et veut leur offrir de nouveaux produits – au niveau du merchandising, mais aussi en matière d’audiovisuel. « Si chaque supporter nous rapporte cinq euros de plus, ça fait deux milliards d’euros », répète-t-il constamment.

Joan Laporta
Joan Laporta© BELGAIMAGE

En tant que fondateur et CEO du Delta Partners Group, une entreprise technologique internationale active dans le secteur des télécommunications, Font s’y connaît en matière de com’. Son expérience de chef d’entreprise l’aiderait certainement à diriger un des plus grands clubs de football au monde. Mais il veut avant tout innover. « Nous devons faire les choses autrement », dit-il dans El Mundo Deportivo. « Nous sommes en 2021 et le monde du football a bien changé. »

Nostalgie

Le grand défi du nouveau président du FC Barcelone sera financier. En raison de la crise sanitaire, la dette du club a atteint les 488 millions. Un montant terrible.

Seul un plan à long terme peut soulager le club et il n’est pas sûr que Laporta en ait un. Lui mise tout sur sa campagne, sur le sentiment: « Estimem al Barça » (« Nous aimons le Barça »). Son leitmotiv? « Quand on aime quelque chose, on donne le meilleur de soi-même. » Les partisans de Laporta sont surtout des nostalgiques. C’est lui qui avait lancé la carrière d’entraîneur de Pep Guardiola, et c’est sous sa présidence que le club a décroché le premier triplé de son histoire, en 2009. À l’époque, déjà, il y avait des problèmes au niveau de la direction, mais son charisme lui avait permis de les faire oublier. Ce pouvoir d’attraction est resté intact et il a un avantage: les fans du Barça le connaissent. Cela suffira-t-il? Réponse le 7 mars.

Joan Laporta

Né à Barcelone, le 29/06/1962

Avocat, politicien

Président du club de 2003 à 2010

Candidat à la présidence en 2015

Víctor Font

Né à Granollers, le 12/08/1972

Entrepreneur, chef d’entreprise

Première candidature

L’ont soutenu dans sa campagne:

Xavi (ex-joueur, actuel entraîneur d’Al-Sadd)

Jordi Cruijff (ex-joueur, actuel entraîneur de Shenzhen FC)

Toni Nadal (oncle et coach de Rafael Nadal)

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