Le championnat argentin sauvé par… le chef d’Etat

Stephane Vande Velde

Le Tournoi d’Ouverture a échappé à la faillite

La scène a fait le tour des télévisions mais uniquement des télévisions publiques. En retrait, le président de la fédération argentine, l’inamovible Julio Grondona jubile. Au premier plan, le chef de l’Etat, Cristina Kirchner, l’épouse de l’ancien président élue à la suite de son mari, lève les bras au ciel entourée par le sélectionneur, Diego Maradona. Ils viennent de sauver le football argentin mais, surtout, ils sont fiers d’annoncer que l’Etat allait assurer la gratuité des retransmissions des matches alors que jusque-là, ils passaient sur les chaînes câblées.  » Nous sentions le devoir de garantir le droit de voir le football pour ceux qui ne peuvent pas payer « , a expliqué la présidente.

Beau coup de pub pour le chef de l’Etat. Mais ce coup médiatique a un prix : le gouvernement argentin va payer 600 millions de pesos (120 millions d’euros) à la Fédération argentine par saison pour une durée de dix ans. Cet argent sera bien nécessaire pour renflouer un championnat au bord de la banqueroute. Cette saison, plusieurs clubs éprouvaient d’énormes difficultés à payer les joueurs et à boucler leur budget. L’intersaison avait été marquée par une paralysie des transferts. Même les clubs emblématiques comme River Plate et Boca Juniors étaient exsangues. Boca souffrait d’une dette de 2,6 millions de dollars et pour la boucher s’est séparé dans l’urgence de son attaquant vedette, Rodrigo Palacio, parti à Genoa pour 5 millions d’euros alors que son prix était encore évalué à 20 millions il y a un an.

Face à ce danger de banqueroute, Grondona avait donc gelé le début du championnat, le temps de trouver une solution. Cela aura pris quinze jours : il a décidé de résilier le contrat qui liait la Fédération aux chaînes câblées TSC et TyC (l’accord ne rapportant que 50 millions d’euros par saison) avant de se tourner vers la Casa Rosada (nom donné à la demeure du chef de l’Etat). Oui mais voilà, tout le monde n’est pas enchanté par ce sauvetage. TSC et Tyc voient leur politique de retransmission lésée et ont décidé de se pourvoir en justice devant une décision qu’ils considèrent abusive. Certains analystes fustigent également la conduite de la présidente. TSC et Tyc font partie du groupe de presse Clarin qui n’hésite pas à critiquer ouvertement la politique des Kirchner. Certains voient dans cette décision de nationalisation du championnat une vengeance de la présidente vis-à-vis de ses détracteurs.

De plus, le montant déboursé paraît indécent en pleine crise économique. Surtout pour une matière aussi négligeable que le foot…

STEPHANE VANDE VELDE

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