Le championnat argentin débute sans visiteurs

La trêve hivernale a pris fin pour les footballeurs argentins. Oui, vous lisez bien : la trêve hivernale. Au sud de l’Équateur, les saisons sont inversées. Le week-end dernier, les Argentins ont donc entamé la première partie de leur saison, le torneo inicial, l’ancienne clausura. Le premier champion sera sacré en décembre, avant le début en février d’un nouveau tour, le torneo final. Celui qui a reçu un club va lui rendre visite durant le torneo final. Le vainqueur de ce tour dispute une finale avec le premier pour déterminer le meilleur. Fin juin, Newell’s de Rosario a enlevé cette finale 1-0 contre Velez. Le Supercampeon Newell’s était entraîné par Gerardo Martino, maintenant au Barça.

Les favoris du premier tour sont le Racing, River et San Lorenzo, les trois formations de Buenos Aires, déjà excellentes ces six derniers mois. Newell’s a certes perdu son entraîneur mais il bénéficie en David Trezeguet d’une star, même s’il n’est pas certain qu’il puisse encore relever un défi, à l’automne de sa carrière. Il a été renvoyé par River au terme d’une saison médiocre. Les Millionarios ont présenté un transfert de choix la semaine dernière : Teo Gutierrez, le compagnon d’attaque colombien de Carlos Bacca, qui jouait au Mexique. River avait un accord verbal avec Demichelis, qui a finalement préféré l’Atletico Madrid. Boca Juniors, qui va disputer la saison avec des maillots roses très contestés, a enrôlé Gago (Valence) et compte toujours sur son patron, Riquelme.

Le championnat a perdu un derby très chaud, suite à la rétrogradation d’Independiente, le rival du Racing dans le quartier d’Avellaneda, mais il en a aussi gagné un, celui de Rosario, suite à la montée de Rosario Central. Ces dernières semaines, d’ailleurs, c’est la violence qui a fait la une des pages sportives. Le hooliganisme est profondément ancré dans le football argentin. Il y a deux semaines, à l’occasion d’un match amical de Boca contre San Lorenzo, des coups de feu ont éclaté dans les parages du stade et deux supporters de Boca ont perdu la vie. Il s’agissait d’une lutte pour le pouvoir au sein du noyau dur de Boca, la barra brava. Être le patron de la Doce dans la Bombonera représente beaucoup d’argent. Il y a dix jours, il y a également eu des coups de feu ailleurs dans la ville, entre des supporters d’Almagro, un club de D3, et toujours pour ce fameux pouvoir. Les supporters d’Independiente luttent également pour ce pouvoir.

Les autorités ne parviennent pas à endiguer la violence. Pendant le dernier championnat, à la mi-juin, un supporter est décédé pendant le match Estudiantes-Lanus. Séparer les supporters ne résout pas grand-chose puisqu’ils se battent généralement entre eux, pour le pouvoir : le patron est maître de la vente des billets, il dirige le catering, les parkings, écoule les produits de merchandising. Cela fait beaucoup de pesos. Supporters et dirigeants, parfois même politiciens, s’entendent fréquemment.

La semaine dernière, sous la pression de la présidente, qui est en période électorale et ne veut brusquer personne directement, la Fédération de football a pris une mesure impopulaire. Cette saison, au début du moins, les supporters visiteurs ne sont plus autorisés. On ne vendra même pas de billets pour les deux premiers matches. Seuls les socios disposant d’un abonnement pourront entrer dans le stade. On veut ainsi éviter que les visiteurs se mêlent aux supporters locaux. On procédera à une évaluation de la situation au terme des deux premiers matches.

PAR PETER T’KINT

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